Publié par Dreuz Info le 17 mars 2007

 J-2: les photos et le récit du voyage en Terre Sainte : en Israël -Tel Aviv, Jérusalem, Haïfa, Nazareth, Qumran ; en territoires palestiniens – Jéricho, Bethléem, Ramallah 

par Helios, 25 février 2007

Le monde a franchi une étape importante, elle est principalement d’ordre psychologique et affecte différemment les grandes puissances. C’est à mon avis l’Europe que cette étape concerne le plus et pour cause, l’Europe détient à son corps défendant les clés de la paix et de la stabilité dans le golfe persique, elle est aussi celle qui aura à souffrir le plus de l’éclatement d’un conflit dans cette région. 

Le refus de l’Iran de se plier aux résolutions de l’ONU était prévisible pour ne pas dire assuré, la carte nucléaire est la seule que le régime des mollahs détient pour imposer son hégémonie sur la région et ainsi se tirer de la crise sociale et économique dans laquelle il a plongé l’Iran. Sans la bombe les mollahs s’en vont à leur perte. 

La partie qui se joue au Conseil de Sécurité de L’ONU reflète les intérêts stratégiques des pays membres permanents du Conseil. Les États-Unis d’Amérique, ayant accepté le jeu diplomatique sont bien placés pour exiger des autres qu’ils prennent leur responsabilité en imposant de lourdes sanctions économiques à l’Iran. L’Angleterre donnera vraisemblablement son appui et tentera de rallier les autres membres. Le ralliement de la France sera grandement aidé par les pressions que les pays arabes particulièrement l’Arabie Saoudite exerceront sur elle, cependant il n’est pas exclu qu’elle fasse traîner les choses et qu’elle se range du côté des russes et des chinois. Ces derniers ont intérêt à vouloir préserver le régime tyrannique des mollahs, n’ayant rien à gagner de sa chute et de son remplacement par un régime démocratique naturellement attiré par l’occident. D’autre part russes et chinois n’ont aucun intérêt à voir les mollahs user du chantage nucléaire pour imposer leur suzeraineté sur les monarchies du golfe persique. 

Il y aura donc unanimité sur un point : l’Iran ne sera pas nucléarisé, le désaccord se manifestera sur le chapitre des sanctions, trop légères elles n’atteindront pas leur but, trop lourdes elles provoqueront la chute du régime des mollahs. La partie se jouera forcément à trois contre deux, d’un côté les américains et les anglais, de l’autre les français les russes et les chinois, on tentera de trouver un compromis tout en préservant ses options. 

Les américains détiennent une carte maîtresse qu’ils abattront au moment opportun, ils ont la capacité d’imposer un blocus naval sélectif dans le but de s’assurer du respect des sanctions.  C’est l’une des raisons pour lesquelles ils ont dépêché un porte-avions supplémentaire dans la région, cependant l’issue de la crise dépend autant de l’Europe. 

En effet les mollahs comptent principalement sur le vieux continent qu’ils considèrent comme le ventre mou de l’occident. L’Europe est irrésolue et se montre incapable de défendre ses intérêts stratégiques, elle est réticente à sacrifier ses intérêts commerciaux à court terme, comme à l’accoutumée elle préfèrera que les américains se chargent de tout le travail tout en leur mettant, au gré des circonstances, les bâtons dans les roues. Les mollahs ne se priveront pas de semer la division dans le camp occidental en proposant un arrêt temporaire des activités d’enrichissement de l’uranium contre la levée définitive des sanctions, ou bien ils proposeront des pourparlers sans conditions tout en provoquant un maximum de troubles en Irak et au Liban. 

Une attitude ferme et responsable de la part des européens consiste à suspendre toute ligne de crédit aux mollahs, tout investissement dans l’infrastructure pétrolière et l’exportation en Iran de denrées et de matériels stratégiques. Les sanctions actuelles, à la charge quasi exclusive des américains, font déjà mal, on assiste à une fuite des capitaux hors de l’Iran et parallèlement une réduction marquée de la ligne de crédit, le régime manque d’argent pour assurer les obligations du gouvernement et financer les activités subversives à l’étranger. Cependant  sa marge de manœuvre quoique réduite ne menace pas à court terme sa survie. Le poids de l’Europe ajouté à celui de l’Amérique fera pencher la balance et ni la Russie ni la Chine ne seront en mesure de rétablir l’équilibre. 

Quel sera le degré de nuisance que le gouvernement français choisira d’exercer? Que l’on ne s’y trompe point, la France n’a pas ménagé ses efforts pour sauver l’Allemagne de l’Est, retarder le démembrement de l’URSS et protéger le régime de Saddam Hussein, son objectif de trouver un contrepoids aux Etats-Unis la pousse à œuvrer à la préservation  des tyrannies. L’Iran ne fera pas exception, il y a toutefois un facteur important qui pèsera dans la balance : le Liban dont l’existence est menacée par les mollahs et dont Chirac tiendra compte. 

Les États-Unis ont eu raison d’emprunter la voie onusienne, ils ont réussi à isoler l’Iran tout en lui ôtant le prétexte de crier à la provocation. Ils ont forcé les européens à prendre position ce que ces derniers ont fait avec lenteur et mollesse. Ce résultat en soi est digne de mention sachant à quel point les européens se complaisent dans l’impuissance. Les américains n’espèrent rien de la part des russes ni des chinois, leur capacité de nuisance est bien réelle mais elle se limite à la fourniture d’armements, elle est faible en ce qui concerne l’arme économique. 

Les iraniens sont en colère et le font savoir régulièrement mais ils sont brutalement réprimés, en cela ils ressemblent aux irakiens du temps de Saddam. On ne peut fonder d’espoir raisonnable sur un soulèvement populaire qui bouterait les tyrans hors du pouvoir tant que ces tyrans posséderont les ressources matérielles nécessaires pour imposer leur chape de plomb. C’est pourquoi l’arme la plus efficace est économique. Privés d’argent les mollahs auront beaucoup de difficultés à maintenir leur appareil répressif et poursuivre leurs mises en scène à l’adresse des médias; il faut beaucoup d’argent pour payer les sbires, les délateurs, les tortionnaires et tous les figurants qui hurlent:" Mort au grand Satan! Mort à Israël!"
 
Les ambitions hégémoniques des ayatollahs sur tout le moyen-orient ne sont pas seulement de nature politique et idéologique, elles sont surtout motivées par le marasme économique dont ils sont responsables et qui leur impose une course contre la montre; incapables de redresser l’économie du pays ils n’ont d’autres choix que se lancer dans une aventure expansionniste qui, espèrent-ils, leur permettra de vampiriser les richesses de leurs voisins moins nombreux, plus faibles mais combien plus riches. 

Des sanctions économiques efficaces ébranleront sérieusement le pouvoir des mollahs, pour limiter les dégâts et jeter la poudre aux yeux ils sacrifieront Ahmadinedjad et ressortiront Khatami dont le fanatisme est mieux dissimulé afin de tromper l’occident. Cette manœuvre ultime aura pour but de diviser le camp occidental mais il sera probablement un peu tard, les sanctions ne pourront être suspendues sans que l’Iran ne renonce définitivement à l’arme nucléaire. 

Plus longtemps les mollahs se débattront sous le régime des sanctions plus assurée sera leur chute, c’est pourquoi les sanctions devront prendre la forme d’un étranglement économique graduel, grâce à leur flotte les États-Unis auront le contrôle de la corde. 

Les mollahs pourraient chercher à envenimer la crise afin de desserrer l’étau que les  forces navales américaines exerceront sur l’Iran, des accrochages risquent ainsi de se produire, mais dans la mesure où les bâtiments américains croiseront dans les eaux internationales les provocations iraniennes n’obtiendront pas le résultat escompté. Fait à noter, par sa présence la flotte américaine saura monopoliser l’attention des forces armées iraniennes dont l’état d’alerte et la mobilisation exigeront une part importante des maigres ressources économiques du pays. 

Une partie de bras de fer est en voie de s’engager dans laquelle les États-Unis joueront le rôle principal mais cette fois ils n’auront pas à subir les attaques haineuses de leurs alliés. L’objectif officiel sanctionné par l’ONU est la suspension du programme nucléaire iranien, mais l’objectif réel celui que les iraniens appellent de leurs vœux est la fin de la tyrannie des mollahs.

 

D’autres articles sur le même sujet : les chroniques d’Helios

 

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading