Publié par Dreuz Info le 13 novembre 2007
  
Miguel Garroté, journaliste
http://monde-info.blogspot.com
  
063.jpgFace à des régimes politiques certes imparfaits, les démocraties occidentales, favorisent, parfois, l’hypocrisie, au détriment du bon sens. Ci-après, un nouvel exemple. Depuis la semaine dernière, tout le monde ou presque, sort les trompettes, afin de claironner, l’indignation générale. A quel propos ? A propos de l’état d’urgence, instauré, le 3 novembre, par le président pakistanais Moucharraf. Depuis la semaine dernière, on nous dit, dans la presse, à la radio et sur le petit écran, que l’état d’urgence, instauré par le président Moucharraf, « peut plonger le pays dans la guerre civile » (Ah !). Et que la décision de Moucharraf « embarrasse Washington » (Oh !). C’est ce qu’on nous dit. Fort bien. Mais encore ?
  
Le président Moucharraf a instauré l’état d’urgence à cause d’une baisse notoire de la sécurité, baisse liée, d’une part, à la violence islamiste ; et d’autre part, à l’ingérence du pouvoir judiciaire dans les affaires du pouvoir exécutif, ingérence qui paralyse le gouvernement. L’argument vaut ce qu’il vaut. Il reflète néanmoins une certaine réalité (à noter que la situation des droits de l’homme, est infiniment plus grave, à Cuba avec les frères Castro, au Vénézuéla avec le Caudillo Chavez, en Corée du Nord avec le taré stalinien, en Iran avec le nabot génocidaire, en Syrie avec le moustachu alaouite ; en Russie avec l’ex colonel du KGB, en Chine avec les octogénaires communistes ; et que presque personne n’y trouve à redire…).
  
En outre, la crise de la Mosquée rouge d’Islamabad, mosquée transformée en forteresse armée par les terroristes islamistes pro-talibans, en juillet ; et le retour au Pakistan, de Benazir Bhutto, en octobre, ont, c’est un fait, eux aussi, considérablement déstabilisé le pays. Cela ne date donc pas d’hier ou de la semaine passée uniquement.
  
Les médias informent, aussi, que Benazir Bhutto est revenue au Pakistan, suite à un accord avec Moucharraf, accord conclu sous les auspices des USA. Accord selon lequel Benazir Bhutto doit partager le pouvoir avec Moucharraf. Ce n’est pas là seulement une information véhiculée par les médias. C’est aussi et surtout une réalité. Or, Naheed Khan, bras droit de Benazir Bhutto, prétend maintenant, que cet accord, n’a jamais été considéré, comme un contrat, entre Moucharraf et Benazir Bhutto. Ah bon ?
  
Pourtant, cet accord stipule que Moucharraf reste président et que Benazir Bhutto devient (selon le résultat des urnes) premier ministre suite aux législatives, initialement notée, sur l’agenda, pour janvier 2008. L’accord renié par Naheed Khan prévoit que Benazir Bhutto, Moucharraf et l’armée, font face, ensemble, contre la terreur islamique, afin de stabiliser le Pakistan ; et afin de diriger la résistance contre les terroristes talibans afghans et al-quaïdiques planqués dans les montagnes du Waziristan, dans le Nord du Pakistan.
  
Le fait est que le Pakistan, avec ses 180 millions de musulmans, détient l’arme nucléaire ; et que ce même Pakistan risque de basculer dans l’islam extrémiste, style taliban ou Al-Qaïda. Le président Moucharraf a demandé, la semaine dernière, aux pays occidentaux, de lui laisser du temps, pour ramener la démocratie. Etant donnés les revirements de Benazir Bhutto et son équipe versatile, cela peut se comprendre.
  
Le président Musharraf a annoncé, le 11 novembre, que les élections législatives se tiendraient, comme prévu, avant la date butoir du 9 janvier 2008. Néanmoins, Benazir Bhutto a informé, comme ça, sans rire, le lendemain 12 novembre : « Il n’y aura plus de pourparlers (ndlr. avec Musharraf), j’ai changé de politique ». Benazir Bhutto a appelé à une longue marche (en fait un défilé automobile) qui devait partir aujourd’hui 13 novembre de Lahore pour gagner Islamabad, la capitale. Benazir Bhutto prend donc brusquement la direction de l’opposition après avoir joué la négociatrice d’une réconciliation, avec le pouvoir, face au grave danger de l’islam radical. Concrètement, c’est cela, qu’elle entend, par « j’ai changé de politique ». Ce n’est pas un changement de politique. C’est un virage à 180° en direction des taliban et d’Al-Qaïda.
  
C’est pourtant la voie de la réconciliation qui a permis le retour de Benazir Bhutto au Pakistan, le 18 octobre, après huit ans d’exil. La voie de la réconciliation prévoyait, aussi, d’accorder, à Benazir Bhutto, l’amnistie, pour les délits de corruption, qui demeurent à sa charge. Or, que fait Benazir Bhutto ? Elle va maintenant jusqu’à menacer publiquement de prendre la tête de la « guerre » contre la pouvoir. La guerre, a-t-elle dit. Génial !
  
Avec son revirement précipité, Benazir Bhutto ne constitue pas une solution politique sérieuse. Au contraire, son revirement risque d’aboutir, à l’arrivée au pouvoir, des islamistes, dans un pays qui possède un bel arsenal nucléaire. Encore génial !
  
Benazir Bhutto en a rajouté une couche, aujourd’hui 13 novembre, d’une part, en demandant, en toute modestie, à Musharraf de quitter le pouvoir ; et d’autre part, en répétant qu’elle ne sera jamais son Premier ministre. Benazir Bhutto se trouve à Lahore où elle est assignée à résidence (information confirmée par l’agence Bloomberg à 12h58 GMT), alors qu’elle avait prévu de prendre la tête de sa longue marche (défilé automobile) en direction d’Islamabad. Dans ce climat, Benazir Bhutto, a incité, les Pakistanais « de tous bords », à participer, à sa longue marche de trois à quatre jours (en voitures).
  
En agissant de la sorte, notamment en parlant de Pakistanais « de tous bords », Benazir_ne.jpg Bhutto, se déclare prête, à composer, avec des gens qui, par conviction, ne composent jamais : les islamistes. Et encore une fois : génial ! Une proche collaboratrice de Benazir Bhutto, vient en outre de menacer, que toute la région pakistanaise du Pendjab, risque de devenir « un champ de bataille ». Un champ de bataille, a-t-elle dit. Encore et toujours : génial ! Et face à un régime certes imparfait, les médias occidentaux, favorisent, l’hypocrisie (soutenir la douteuse Benazir Bhutto), au détriment du bon sens (éviter à tout prix que des terroristes islamiques, talibanesques et al-quaïdiques prennent le contrôle du nucléaire pakistanais). De plus en plus génial ! Je dirais même plus : génial de plus en plus ! A se flinguer vous dis-je.
   

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