Publié par Dreuz Info le 9 novembre 2008

Par Khaled Asmar, www.mediarabe.info

Que se passe-t-il en Syrie ? Depuis le raid américain à Bou Kamal, à la frontière irakienne, dimanche 26 octobre, le régime syrien vit une véritable nervosité. Selon nos sources à Damas, les autorités syriennes viennent de prendre des décisions inquiétantes qui nous permettent d’émettre plusieurs hypothèses.

Selon nos sources syriennes, dont des membres du parti Baas, le pouvoir vient de prendre trois décisions, coup sur coup, qui inquiètent la population :

1- Damas a décidé, mercredi 29 octobre, d’équiper tous les établissements scolaires et toutes les administrations de postes de télévision, fixés et réglés pour recevoir exclusivement la télévision officielle. Un directeur d’école nous a révélé avoir été informé de cette mesure qui, officiellement, permettra aux autorités de diffuser des messages à l’attention des élèves, des enseignants et des fonctionnaires, et de leur donner des ordres d’évacuation en cas de frappes aériennes ou balistiques.

2- Les autorités, qui avaient désarmé tous les agents civils des services de renseignement (Jihaz Al-Moukhabarat Al-Madaniya), au lendemain de la guerre d’Irak, pour mieux contrôler les flux d’armes en direction de ce pays, viennent de changer de politique. Depuis trois jours, Damas distribue des armes légères à ces agents civils.

3- Le 30 octobre, le régime a annoncé le retrait de ses troupes qui étaient stationnées sur la frontière irakienne. Des colonnes de véhicules militaires ont été observées jeudi (cliquez ici pour voir la vidéo).

Nos sources à Damas font plusieurs lectures de cette évolution :

La première hypothèse fait état d’une réelle crainte qui s’est emparée du régime, à la veille des élections américaines. Les dirigeants syriens redoutent des opérations américaines et/ou israéliennes d’envergure contre leur pays, destinées à influencer les électeurs américaines.

La deuxième hypothèse découle d’une victoire – souhaitée par le régime – de Barack Obama. Son élection, estime-t-on à Damas, pourrait pousser l’administration sortante à lancer des opérations en Syrie pendant les derniers mois du règne de George Bush (entre novembre et janvier), afin de laisser à Obama un héritage compliqué et tendu. Dans les deux précédentes hypothèses, le régime tente de renforcer son dispositif militaire et sécuritaire à l’intérieur, au détriment de la frontière irakienne.

Quant à la troisième lecture de ces développements, nos interlocuteurs syriens la résument ainsi : le régime amplifie la menace extérieure afin de renforcer son contrôle de la société et de réprimer ses opposants. Nos sources en veulent pour preuve les manifestations organisées le 30 octobre à Damas, où plusieurs dizaines de milliers de citoyens – dont les élèves, les ouvriers et les fonctionnaires – ont scandé des slogans hostiles aux Etats-Unis et à Bush, et glorifiant le régime syrien et le président Bachar Al-Assad. Ces manifestations, dites spontanées (cliquez ici pour les visionner), rappellent celles qui avaient été organisées dans les rues de Bagdad à la veille de la chute du régime de Saddam Hussein, et ressemblent à toutes les manifestations des masses dans les pays dirigés par des dictateurs.

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