Publié par Dreuz Info le 15 décembre 2008

  
  

  

Miguel Garroté     Le quotidien du (grand) soir ‘Le Monde’,  l’immonde pour ceux qui ne l’aiment pas,  est dans le rouge.  Oui,  je sais,  le quotidien ‘Le Monde’,  politiquement,  est plutôt dans le rouge.  Ce n’est pas un scoop.  Mais là,  je fais allusion aux finances du ‘Monde’ :  4,7 millions d’euros de pertes rien que pour 2008,  et hop !  Pour ceux qui peinent avec l’euro,  4,7 millions d’euros,  ça nous fait tout de même plus de 30 millions de francs,  eh oui,  ma petite dame,  eh oui,  mon bon monsieur,  c’est une somme.

C’est – étonnement – dans ‘Le Figaro’ (1) de ce lundi 15 décembre 2008,  que d’une part,  Eric Fottorino,  Président du Directoire et Directeur de Publication du quotidien ‘Le Monde’,  et d’autre part,  David Giraud,  Vice-président et Directeur général du ‘Monde’,  annoncent la mauvaise santé de leur quotidien (extraits) :  « La perte d’exploitation du groupe atteindra -4,7 millions  (…)  Cette perte est conforme à notre budget en raison des 80 départs volontaires enregistrés au 31 décembre 2008 et de différents efforts sur la structure de nos coûts.  L’année 2009 s’annonce plus difficile avec l’accélération du recul (note de Miguel Garroté :  l’accélération du recul,  quel style !) du marché publicitaire et les hausses du prix du papier (note de Miguel Garroté :  faut changer le papier Monsieur…) et des tarifs postaux.  Nous mettons tout en œuvre en agissant sur un certain nombre de leviers pour passer sans problème le cap de 2009 ».

Le ‘Monde’ n’est pas seulement un quotidien.  Le ‘Monde’ est aussi une société tenue à la rentabilité.  Cela va de soi,  mais cela va d’autant plus de soi,  quand on le rappelle.  Le ‘Monde’ est une société dont les deux actionnaires principaux sont Lagardère et Prisa.  Le ‘Monde’,  comme toute société,  peut faire l’objet d’une offre publique d’achat (OPA).  Amicale ou inamicale.  A noter,  juste comme ça,  en passant,  que Vincent Bolloré,  je cite Marie-Laetitia Bonavita du ‘Figaro’,  « a souligné son intérêt pour un journal payant de marque ».  Certes,  Bolloré n’a pas précisé s’il songe à un quotidien rentable ;  ou s’il songe à une feuille de choux déficitaire.

Or donc,  le ‘Monde’ est un quotidien et aussi une société.  Dans l’univers d’aujourd’hui,  il est naturel,  pour une société,  de présenter  son rapport annuel,  son bilan,  d’une part à la presse ;  et d’autre part aux analystes financiers.  Si cet usage vaut pour L’Oréal et Danone,  il n’y a pas de raison qu’il ne vaille pas,  même sur une base volontaire – également – pour ces Messieurs,  et pour ces Dames,  du ‘Monde’.  A cet égard,  les déclarations au ‘Figaro’ (1) de Messieurs Fottorino et Giraud,  déclarations que j’ai lue avec attention et avec intérêt,  me laissent sur ma faim.  Vous me direz,  c’est un monde !  Oui,  en effet.  Et parlant de faim,  on n’est pas sorti de l’auberge.  Car le ‘Monde’,  à l’accoutumée si volubile,  est soudain bien avare en paroles.

J’aurais aimé savoir,  question de pouvoir à mon tour informer correctement,  j’aurais aimé savoir,  écrivais-je,  par exemple,  en quoi consiste la formule,  se sont les termes de Monsieur Giraud,  Vice-président et Directeur général au ‘Monde’,  je cite :  « Nous mettons tout en œuvre en agissant sur un certain nombre de leviers pour passer sans problème le cap de 2009 ».  En 28 ans de métier,  je n’ai jamais lu quelque chose d’aussi énigmatique :  « en agissant sur un certain nombre de leviers ».  Le ‘Monde’ a notamment 75 millions de dettes (500 millions de francs,  ma petite dame,  mon bon monsieur).  Et il n’est pas question,  apprend-on,  de recapitalisation ou de vente à Bolloré.  Mais alors,  sur quels leviers Monsieur Giraud veut-il agir pour passer sans problème le cap de 2009 avec 75 millions de dettes ?

Encore plus clairement,  qu’entend Monsieur Giraud par agir sur des leviers ?  Agir comment ?  Sur quels leviers ?  Vous imaginez la réaction des journalistes du ‘Monde’,  si L’Oréal (Sir Lindsay) ou Danone (Little Franck)   qui du reste se portent très bien   se contentaient de déclarer :  « Nous mettons tout en œuvre en agissant sur un certain nombre de leviers pour passer sans problème le cap de 2009 » ?

Questions subsidiaires :  comment fonctionnent la Société des Rédacteurs du Monde (SRM) qualifiée « d’actionnaire de référence »,  la holding Le Monde Partenaires et Associés (LMPA),  la Société des lecteurs du Monde,  Le Monde Entreprises  et  Le Monde Investisseurs ?  Pourquoi Le Monde,  journal alter-chrétien et antisioniste,  donneur de leçons de morale en matière de finances,  n’a-t-il toujours pas simplifié,  à l’heure de la crise financière précisément,  l’organigramme de ses divers actionnariats et de ses complexes participations croisées ?

Copyright 2008 Miguel Garroté http://monde-info.blogspot.com

(1) http://www.lefigaro.fr/medias/2008/12/15/04002-20081215ARTFIG00272-le-monde-pas-question-de-recapitaliser-en-.php



  
  
  

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