Publié par Dreuz Info le 11 mars 2009

 

Pourim, la difficulté d´être juif et l´occultation du Nom de Dieu

 

La lecture de la fête de Pourim que je vous offre n´est pas une lecture politique où il convient de repérer cette  volonté toujours réaffirmée de détruire le peuple juif, de pointer la haine partagée par tous les Hamann de la terre dont le dernier en date n´est autre que le Président de l´Iran , pourtant reçu avec grand honneur par l´O.N.U.

 

Non, ce n´est pas ce spectacle guère surprenant que je souhaite pointer ; Ce n´est pas cette mascarade carnavalesque que je souhaite lire à la lueur de l´enseignement de Pourim.

 

Il est clair pour tout un chacun que Pourim est une fête qui appelle chacun au devoir de résistance à tous les totalitarismes quels que soient leurs déguisements politiques, religieux ou autres, quels que soient les artifices mensongers d´un langage à double face, auquel Israël lui-même parfois se laisse aussi prendre. .

 

Ce n´est pas davantage à une lecture psychologique des différentes forces qui traversent les personnages de cette histoire, à laquelle je souhaite vous convier, le Bien avec Esther et Mardochée, le Mal avec Hamann et la Neutralité du roi de Perse, Assuérus.

 

Ces 3 forces sont à l´œuvre devant nos yeux avec la diabolisation d´Israël, présenté comme le cancer du monde par ceux là-mêmes qui incarnent le Mal absolu et qui en grands manipulateurs jouent avec les sentiments si vertueux du monde ” libre “.

 

Non, ce que je souhaite avec Adinsaltz et Josy Eisenberg, c´est vous offrir une lecture cosmique et métaphysique des évènements de l´histoire et des personnages qui semblent l´écrire.

 

Le propos ne s´attachera pas aux seules valeurs morales mais plus profondément aux valeurs transcendantes qui traversent chacun de nous.

 

Qui sont donc ces personnages qui posent aujourd´hui comme hier les enjeux de l´identité juive dans un monde hostile ?

 

Hamann et Mardochée symbolisent deux entités radicalement opposées que sont le Mal et le Bien.

 

Hamann représente le Mal qui étend son empire sans limites, le totalitarisme ; Il comprend parfaitement que celui qui lui résiste en s´affirmant comme un être de liberté, sape les bases de son pouvoir politique.

 

Mardochée, incarnation et archétype du Juif de l´exil, refuse de ” plier le genou ” devant le favori du roi parce que le prix à payer serait la renonciation à son être profond.

 

La question est posée ” Comment rester soi-même et ne pas accepter de se soumettre à une volonté extérieure qui prétend nous changer ?”

 

Mardochée n a pas le choix parce que le Bien ne peut être qu´absolu et qu´en revanche s´incliner devant le Mal serait composer avec lui.

 

Assuérus représente le pouvoir amorphe “la Neutralité” disposée à   entériner n´importe quelle solution. Il peut aussi symboliser Dieu lui-même qui laisse aux hommes leur libre-arbitre.

 

Esther est une femme qui incarne le peuple juif que les mystiques appelleront plus tard ” la communauté d´Israël ” soit l´ensemble des âmes juives qui constituent l´épouse de la Divinité.

 

Une femme juive, parce qu´entre autres, la femme est le pilier du foyer, qui veille sur la maison, sur le Temple ou le Monde, et “veiller” cela signifie agir sur la “neutralité” et faire pencher la balance vers le Bien.

 

Comme la tentation de la neutralité est forte ! Qu´il serait doux d´oublier qui on est et se fondre dans un anonymat protecteur de toutes haines viscérales et effrayantes.

 

Comme la tentation est forte de renoncer au combat et de vivre une vie toute simple faite des plaisirs de tout un chacun !

 

Esther a connu cette faiblesse, celle de la neutralité et de la passivité.

 

En quelque sorte, à la question posée par Dieu à Adam ” Ou es-tu ? ” elle aussi, est tentée par le désir de se cacher pour ne pas endosser la responsabilité qui consiste à s´affirmer comme un être de conscience.

 

Mais y a t-il un seul lieu au monde où nous pouvons nous cacher de nous -mêmes ? Et Mardochée de lui dire qu´elle s´illusionne sur sa sécurité si elle croit échapper à la mort en cachant ses origines, juste parce qu´elle est arrivée dans les sphères du pouvoir.

 

Combien parmi notre peuple sont aussi tentés par une vie de normalité qui étouffe en eux l´étincelle juive ?

 

Plus fort que la volonté de la reine Esther, Mardochée lui dit ” qui sait si ce n´est pas pour sauver ton peuple que tu es arrivé si près du roi !”

 

Mais alors Israël ne sera-t-il jamais un peuple comme un autre ? Et Israël comme Etat doit-il normaliser son destin ? Qu’est-ce à dire ?

 

Selon la Tradition juive, chaque peuple de toutes les nations est traversé par une couleur qui lui est propre, et la fin des temps verra l´ensemble des nations affirmer avec Israël l´Unicité de Dieu.

 

La particularité juive à laquelle Israël ne peut échapper, c´est porter témoignage de cette transcendance divine que le miracle d´un Israël qui a traverse les tempêtes de l´histoire, vient étayer.

 

Répondre qu´il faut prendre des risques pour assumer sa différence n´est pas une réponse simple, ni pour les hommes ni pour l´Etat d´Israël.

 

Reconnaître une spécificité juive et accepter la mission particulière qui nous est dévolue, tout en réaffirmant avec force que l´Amour et la Fraternité sont des valeurs universelles qui nous attachent à tous les peuples n´est pas facile à vivre pour certains d´entre nous, ni à entendre pour d´autres peuples, ravis de trouver là l´argument antisémite d´une “élection” qui selon eux, consiste en une supériorité raciale au dessus des autres peuples.

 

Non, cette spécificité n´a jamais été une supériorité, mais une responsabilité de rester nous-mêmes quoi qu´ils nous en coûtent.

 

Esther qui hésite et se cache n´est-elle pas la figure du peuple juif en

exil ?

 

Esther qui assume les risques, n est – ce pas Israël qui peut décider de son destin ?

 

Curieux, parce que dans le Temple, pour lire l´histoire d´Esther, l´Officiant commence par dérouler sur l´estrade tout le parchemin ou se “dévoile” la trame de l´histoire et la victoire du Bien sur le Mal.

 

Ce rite particulier n´est pas anodin, car le verbe “dérouler” en hébreu est proche du verbe “dévoiler” et le déroulement de l´histoire est en fait, un dévoilement du Nom qui cache sa face pour que nous nous mettions en marche vers Lui.

 

Se pencher sur les mots et les noms en hébreu est un peu comme éclairer nos pas sur un chemin difficile mais c´est un chemin de sagesse et il est le mien.

 

Esther s´appelait Hadassah et c´est en arrivant au palais qu´elle a changé de nom…. comme on change d´identité.

 

Elle est devenue Esther qui signifie ” Etoile” en persan (Asteros en grec) ce qui correspond aussi à Stella.

 

Or Esther en hébreu veut dire “Caché “. Le livre d´Esther qui relate l´exil est celui de l´occultation du Nom de Dieu qui n´apparaît pas une seule fois dans le texte, mais il n´est pas le livre de Son absence au seul fait que Son intervention ne s´habille pas dans des miracles visibles au dessus des lois de la nature.

 

Dans l´exil, la présence divine est moins évidente à percevoir mais elle est là dans les signes de la vie et aussi dans les détails de cette histoire qui nous promet la victoire des forces du Bien sur les forces du Mal.

 

Lorsque Moise dit “Je cacherais ma face ” (Haster Hastir), il écrit l´histoire de l´exil de tous les temps et il écrit le nom d´Esther. Il écrit aussi que si Dieu cache sa face et occulte Son nom, la fin des temps sera à l´image du déroulement du parchemin où l´histoire qui se dévoile est la manifestation visible de Dieu.

 

Un temps où le nom Esther qui a une assonance avec la racine grecque dont dérive le mot Mystère, sera au contraire celui d´une pleine conscience de Sa présence ; Un temps où les masques tomberont, où la joie remplacera les larmes et où la vraie vie qui est partage et amour remplacera la mort, la solitude et la haine.

 

Comme pour appeler de toutes nos forces ce temps à venir, nous fêtons Pourim dans la joie et le partage notamment des cadeaux que chaque foyer juif offre autour de lui; Nous nous déguisons et nous rions, certains que le Nom de Dieu se révèlera sans toute sa splendeur pour le bonheur de toute l´humanité.

 

 

Rachel Franco.

 

Je n´aurais pu écrire ce texte sans l´aide du livre ” le chandelier d´or ” de Josy Eisenberg et Adin Steinsaltz dont j´ai repris très largement les réflexions et auquel j´ai apporté un regard personnel, préoccupé par une haine antisémite galopante.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading