Publié par Dreuz Info le 16 avril 2009

 

© EPA | ​

Mahmoud Ahmadinejad, président de la République islamique d’Iran, cristallise toutes les craintes de la communauté internationale depuis deux ans. Sa venue à Genève, pour la Conférence sur le racisme, place la Suisse dans une situation délicate.

ALAIN JOURDAN | 15.04.2009 | 00:03

La Conférence sur le racisme, qui s’ouvre lundi prochain à Genève, tient de plus en plus du cadeau empoisonné. La rumeur annonçait la venue du colonel Kadhafi. Hier, le service de presse de l’ONU a confirmé la présence du président iranien Mahmoud Ahmadinejad. La Suisse est désormais assise sur une bombe. Le sort de la Conférence est entre les mains de l’homme qui cristallise toutes les craintes et angoisses de la communauté internationale depuis deux ans.

«Nous ferons attention»

«Nous ferons très attention à ce qu’il dira et nous réagirons», explique un diplomate européen, qui peine à cacher son embarras. Et d’avouer: «C’est clair que cela ne va pas contribuer à apaiser le climat.»

Les Occidentaux, qui attendent toujours d’avoir entre les mains le texte final remanié avant de confirmer leur présence à la conférence de suivi du processus de Durban, sont pris au piège. Décider d’un retrait au lendemain de l’annonce de la participation du président iranien aux travaux de clôture reviendrait à centrer le débat sur l’Iran et sur la question israélienne. «Il faut bien reconnaître que le président iranien vient de réussir un coup de maître en suscitant une hyperfocalisation sur sa personne», convient l’historienne Malka Marcovich, auteure de Des nations désunies .

Les discussions traînent toujours en longueur. Les participants ont trouvé un accord sur un peu plus de la moitié du texte. Mais des paragraphes importants sont encore sujets à d’âpres négociations. Ni la France ni la Suisse ne veulent arriver à la Conférence sans être sûres que les passages sur la diffamation des religions ou la condamnation d’Israël ont été définitivement enlevés. Du coup, le comité préparatoire, qui se réunit aujourd’hui, doit élaborer le programme de la Conférence sans connaître les noms de tous les participants. Du jamais-vu. Mieux, il va sans doute devoir demander à plusieurs pays d’ouvrir leur porte-monnaie pour boucler le budget de cette rencontre qui, initialement, devait réunir 1000 délégués.

Pro-Israéliens au créneau

A quelques jours de l’ouverture de la conférence, l’annonce de la venue de Mahmoud Ahmadinejad vient relancer la controverse. Les organisations pro-israéliennes s’estiment plus légitimées que jamais à réitérer leurs mises en garde. Hier, l’ONG Eye on the UN a rappelé que Mahmoud Ahmadinejad avait offert une tribune aux négationnistes en 2007, et qu’il niait lui-même l’Holocauste.

D’autres organisations fustigent, elles, la «diplomatie de façade» et «l’hypocrisie des démocraties, qui ont laissé se mettre en place une mécanique monstrueuse, qui mine les principes du droit universel au profit du relativisme culturel». Hier, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils pourraient finalement reconsidérer leur décision de ne pas participer à la Conférence sur le racisme si les discussions engagées à Genève allaient dans le bon sens.

Si elle veut maintenir le couvercle sur la cocotte, la communauté internationale a tout intérêt à s’entendre sur un texte qui élude les questions qui fâchent. Quitte à mettre d’autres dossiers dans la balance. Faut-il y voir un signe?

 

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