Publié par Dreuz Info le 26 août 2009

Abus de liberté d’expression

 

Après avoir vécu une révolution en Roumanie, suivi de 5 années passées en Egypte, j’ai apprécié quand mon mari a été nommé ambassadeur de Suède.

Vraiment, j’attendais impatiemment de voir ce que cela faisait de recevoir notre dernier poste dans un pays occidental ami. Cette fois, nous ne serions pas isolés, il y’aurait de brillantes cérémonies officielles, des invitations pour les événements royaux, et nous nous prélasserions dans une ambiance amicale.

Bon, ça ne c’est pas exactement passé comme ça. C’était l’époque de la seconde Intifada et personne (personne) ne nous aimait.

Ainsi, par exemple, quand une gigantesque manifestation fut organisée contre les Etats Unis, après leur invasion de l’Irak en 2003, les gens ont marché par dizaines de milliers sous notre fenêtre, en en se dirigeants vers l’ambassade US. Parmi les nombreuses banderoles ostensiblement exposées, une était particulièrement saisissante disait en lettres noires : « Bombardez Tel-Aviv pas Bagdad »

Quelques semaines plus tard, l’Union des étudiants de l’université de Stockholm décidèrent d’organiser une « journée de la Palestine » qui devait se terminer par un débat au quel l’ambassadeur d’Israël était invité.

Zvi fit un bon discours diplomatique à propos de la nécessité de compromis et de réconciliation qui fut accueilli par un silence. Puis le représentant palestinien pris la parole est ce lança dans une violente diatribe contre les sauvages soldats israéliens : « Quand ils remarquent une femme palestinienne enceinte, ces bêtes commencent à parier pour savoir si c’est un garçon ou une fille et ensuite EVENTRENT LA FEMME VIVANTE pour savoir qui a gagné. De plus, rajouta t-il, « aucune jeune femme palestinienne n’est à l’abri des soldats : si elle est jolie, ils la mettront nue et l’obligeront à marcher dans les rues de Jérusalem. »

Je peux encore me souvenir du choc que j’ai ressenti. Nous étions, après tout, dans l’auditorium d’une université d’un pays occidental moderne, pas à Ramallah ou à Téhéran.

Comme prévu, l’auditoire siffla et hua les israéliens tant haïs. Et pourquoi pas ? Nous étions quotidiennement mis au pilori dans la presse. Mais ça alla de mal en pis. Assez rapidement, cette haine se retourna contre la communauté juive. En octobre 2003, un dénommé Jan Samuelsson, un soi-disant expert en religion et histoire religieuse, publia un article dans un des principaux quotidiens – Dagens Nyheter , un journal du matin avec un tirage équivalent à celui de Afonbladet – expliqua qu’il était légitime de haïr les juifs aussi longtemps qu’Israël occuperait les territoires arabes.

Voici quelques morceaux choisis de cet article : « La haine musulmane des juifs est justifiée » « La haine des juifs est essentiellement un phénomène moderne suscité par les crimes commis par l’Etat d’Israël contre les arabes au Moyen Orient ».

En conséquence, l’Ambassade Israélienne protesta mais devinez quoi ? La sacro sainte liberté d’expression prévalue et rien ne fut fait.

Les juifs suédois comprirent rapidement le message : « Hillelskolan » l’école juive fut mise sous protection policière et l’on conseilla à ses élèves d’enlever leurs couvre-chefs et leurs étoiles de David quand ils quittaient les lieux. Leurs parents reçurent le même conseil. Jusqu’à aujourd’hui, les religieux qui viennent d’Israël se voient demandés de porter un chapeau plutôt qu’une Kipa.


ASSUREMENT
, une partie de tout ça peut être attribué à l’importante communauté musulmane qui vit en Suède de nos jours – 500 000 personnes sur un total de 9 millions d’habitants –. A Stockholm, les juifs âgés, la plus part d’entre eux survivants de l’holocauste, était conviés chaque vendredi à un «Oneg Shabat» dans l’immeuble de la communauté. J’y ai participé quelques fois et je m’y suis rendue au début de mars 2004 pour dire au revoir. Un très vieil homme avec un très fort accent polonais sorti un journal de sa poche. « Il est dit ici » me dit t-il « que dans la grande mosquée de Stockholm, ils ont distribué des dépliants et des cassettes appelant à supprimer les juifs, fils de cochons et de singes. Il est également dit qu’un porte parole du gouvernement a déclaré qu’il n’y avait pas de motifs pour intervenir. Qu’avez-vous à dire là-dessus ? »

Il n’y avait pas grand-chose à dire.

Une fois de plus, l’Ambassade d’Israël protesta ; une fois de plus la vénérée cape de la sacrosainte liberté d’expression fut jeté sur ce qui ne pouvait être décrit que comme de l’antisémitisme flagrant.

Ce fut une autre femme âgée qui finit par mettre des mots sur la peur qu’ils ressentaient tous :

« Vous êtes sûrement trop jeune pour vous en souvenir, mais c’est ainsi que ça a commencé en Allemagne ».

Je m’empressais de faire remarquer que la situation était complètement différente en ce sens que le gouvernement suédois protégerait ses citoyens et qu’il s’employait vraiment à combattre l’antisémitisme. Le Premier Ministre Goran Persson n’avait t’il pas organisé, non pas un mais trois séminaires internationaux sur le thème de l’holocauste ?

Je ne suis pas certaine qu’ils m’aient cru. A peine un mois avant, le même gouvernement suédois avait financé l’infâme exposition glorifiant la femme palestinienne qui s’était faite explosée au milieu de la foule d’un restaurant bondé d’Haïfa en octobre 2003, tuant 21 personnes. Ce « travail artistique » montrant une photo d’elle maquillée, son visage souriant flottant sur une mer d’eau rouge faite pour rappeler le sang, avait été choisi pour l’ouverture officielle d’un nouveau séminaire international dédié à une digne cause : « empêcher les génocides ».

Et quand l’ambassadeur Israélien, après avoir vainement protesté, pris lui-même l’affaire en main et balança dans l’eau les projecteurs qui illuminaient cette horreur, les trois principaux journaux protestèrent devant cette intolérable attaque contre la liberté d’expression artistique.

Le jour suivant, l’exposition était rétablie dans toute sa gloire.

Quand une année plus tard, les musulmans protestèrent contre une peinture exposée dans un musée de Gothenburg, qu’ils jugeaient insultante, ils le firent avec beaucoup plus d’efficacité. Une lettre anonyme expliqua ce qui arriverait à la femme et aux enfants du conservateur si le tableau n’était pas enlevé sur le champ.

Ce qui fut fait immédiatement.

Michelle Mazel.


L’auteur de l’article est l’épouse de l’ancien ambassadeur Zvi Mazel. Elle est l’auteur de « La femme de l’Ambassadeur » un récit personnel sur les huit années qu’elle passa au Caire avec son mari.

 

L’article original :

http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1249418678310&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull

http://www.lepost.fr/article/2009/08/24/1668083_antisemitisme-en-suede-temoignage-de-la-femme-de-l-ex-ambassadeur-d-israel.html

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