Clotilde Reiss et Pierre Siramy : qui espionne qui ?
Par Michel Garroté
Mardi 18 mai 2010 – 5 Sivan 5770
Le gouvernement français a catégoriquement démenti tout lien entre Clotilde Reiss et les services de renseignement français. Pierre Siramy, alias Maurice Dufresse, ancien agent secret de la DGSE – les services de renseignements extérieurs français qui dépendent du Ministre de la Défense – a déclaré, à cet égard, sur Europe 1 : « Clotilde Reiss a travaillé pour la France. Ce n’est pas une espionne. C’est un contact de notre représentant à Téhéran. Elle faisait des rapports sur des éléments d’ambiance et dans le domaine de la prolifération. Elle l’a fait volontairement ».
Pierre Siramy vient de publier ses mémoires sur le fonctionnement de la DGSE. Le ministre de la Défense Hervé Morin a du reste porté plainte contre Maurice Dufresse, alias Pierre Siramy, à la suite de la publication de ses mémoires, « 25 ans dans les services secrets », chez l’éditeur Flammarion. La plainte d’Hervé Morin contre Maurice Dufresse, alias Pierre Siramy s’appuie sur la violation du secret de la Défense nationale ; sur la violation du secret professionnel ; et sur la divulgation d’identités de personnes protégées. Le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire, confiée à la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur.
En vertu de l’article 413-10 du code pénal, la seule violation du secret de la Défense nationale « par toute personne dépositaire, soit par état ou profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire ou permanente » d’un secret relatif à la Défense nationale, est susceptible d’entraîner une condamnation à 7 ans de prison et à 100.000 euros d’amende.
L’autre jour, sur je ne sais plus quelle chaîne de télévision, peu importe d’ailleurs, je suis tombé sur Hervé Morin, racontant que selon lui et selon des experts internationaux, l’armée française est la meilleure armée du monde. J’ignore quels experts internationaux ont raconté cela à Hervé Morin. Et j’ignore si cet étrange compliment s’étend, aussi, à la DGSE. Ce que je sais, en revanche, c’est que la DGSE s’est lamentablement plantée dans une tentative de libération d’Ingrid Betancourt, tentative menée depuis le Brésil qui n’en avait même pas été informé…
Ce que je sais, aussi, c’est que les autorités civiles et militaires françaises n’arrêtent pas de se marcher sur le sac à propos de l’Airbus crashé dans l’Atlantique sur la ligne Rio – Paris. Ce que je sais, enfin, c’est que l’agent très spécial Siramy alias Dufresse fiche actuellement un sacré bazar, ce qui n’est ni à l’honneur de la DGSE, ni à l’honneur de la meilleure armée du monde, ni à l’honneur du ministère français de la Défense. Quant à l’honneur de Siramy-Dufresse-soi-même, je ne ferais l’honneur à personne de lui confier tout le mal que j’en pense. Témoigner, c’est une chose. Ficher le bazar et faire son malin en est une autre. Il ne faudrait pas confondre. Surtout dans la meilleure armée du monde et son service presque secret…
Post Scriptum : sarcasmes mis à part, drzz.info soutient de tout coeur les soldats français en Afghanistan qui sont prêt à verser leur sang pour la cause de la liberté.
On a du mal à croire que Mr. Siramy (ou Dufresse peu importe) ai agit sans l’aval ou l’assentiment de son (ancienne?) hiérarchie. Dans le milieu du renseignement on excelle dans l’art de noyer le poisson pour mieux dérouter l’ennemi : Une manipulation recouvre une autre manipulation qui recouvre la première.
Quoi qu’il en soit il faut bien avouer que l’échange d’un criminel qui vient de purger une peine de 18 ans contre une enseignante soudainement promue « espionne » par un soi disant ex-membre de la DGSE officiellement en délicatesse avec sa hiérarchie, c’est du grand art dans le domaine de la désinformation !
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Largo : le ministre de la Défense porte plainte contre le barbouze, alors l’intox de l’intox de l’intoxiqué je veux bien, mais faut pas pousser mémé dans les orties. Ci-dessous, un lien pour régaler les fans d’espionnage vrai ou faux….
http://yerouchalmi.web.officelive.com/Reiss.aspx
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Melle Reiss ayant d’ailleurs démentie qu’elle ai jamais travaillé pour la DGSE, ce faisant, elle participe volontairement ou non au flou artistique concernant son rôle quel qu’il fut (ou ne fut pas) dans cette affaire.
Je ne vois qu’une seule véritable raison dans l’ordonnancement des déclarations officielles et non officielles qui se sont succédées depuis que Melle Reiss a été libérée, c’est de présenter Clotilde Reiss comme une monnaie d’échange, car c’est un échange, « de valeur identique » à Mr. Ali Vakili Rad. Pourquoi ? Parce que dans ce cas l’opinion publique comprendra cet échange. Il n’est qu’à voir, pour s’en convaincre, les polémiques mortes-nées sur ce sujet : Cet échange ne provoque aucun scandale. Pourtant, l’histoire le dira peut-être, un criminel a probablement été échangé contre une innocente étudiante.
Largo a écrit (extraits) : « Je dis simplement que, comme le fait le Mossad, la CIA ou d’autres services de renseignements, la DGSE « s’arrange » pour que cette affaire apparaisse la plus embrouillée possible. (…) Je ne vois qu’une seule véritable raison dans l’ordonnancement des déclarations officielles et non officielles. (…) Cet échange ne provoque aucun scandale ».
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Largo, j’ignore qui vous êtes. Cela ayant maintenant été signalé par moi en passant, j’aurais deux remarques à faire suite à votre commentaire ci-dessus.
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Primo, lorsque le Mossad et la CIA utilisent des médias, c’est pour diffuser de bonnes nouvelles qui donnent une bonne image du contre-espionnage. Ainsi, la CIA s’arrange avec le New York Times. Et le Mossad s’arrange avec Haaretz.
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Secundo, dans le cas de la petite Clotilde, ce sont tous les médias qui ont été utilisés, à tors et à travers, par Clotilde, par Kouchner et par le barbouze. Cela ne donne pas une bonne image du contre-espionnage français. Toutefois, si votre analyse, que je trouve très révélatrice et très intéressante (et je le dis sans la moindre ironie), devait s’avérer – un jour – exacte, je vous tirerais alors mon chapeau, mais je n’irais cependant pas jusqu’à le manger pour faire amende honorable.
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Car il est exact que cet échange, s’il s’agit bien d’un échange, ne provoque aucun scandale, chose que vous signalez. Et il est également exact, que depuis plusieurs décennies, la DGSE en particulier, et les autorités françaises en général, ont un sérieux penchant, pour jouer, à la récré, dans des affaires les plus embrouillées possibles, chose que vous semblez – volontairement ou involontairement – sous-entendre. Cela provoque peut-être l’autosatisfaction des acteurs de la mise ne scène. Mais cela provoque aussi la risée et l’irritation hors de France.
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Tout ceci n’est ni très sérieux, ni très professionnel. Le DGSE est un organe militaire et non pas un organe civil. Aux USA et en Israël les services de renseignements militaires ne se livrent pas à de telles pitreries. Les pitreries, ils les délèguent à la CIA et autres organes civils composés de fonctionnaires civils avides de carrières politiques. Rappelez-vous l’opération bouffonne et grotesque de la DGSE pour tenter de libérer Ingrid Betancourt. Et ne parlons pas de l’Airbus qui, sur la ligne Rio – Paris, a fait demi-tour, au-dessus de l’Atlantique, avant de faire de l’apnée, selon des boîtes noires trouvées, mais pas retrouvées, et au contenu de toute façon périmé. Là aussi, « aucun scandale », comme vous dites, dans une « affaire la plus embrouillée possible », comme vous dites aussi. C’est digne d’un république bananière gouvernée par des pieds nickelés.
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Michel Garroté
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