Publié par Guy Millière le 29 juillet 2010

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Un homme est mort. Un otage. Un Français sans aucun doute très généreux, qui voulait contribuer à ce qu’une école existe dans une région du Niger où il n’y avait pas d’école. Il s’appelait Michel Germaneau. Son nom figurera dans les journaux pendant quelques jours, puis il s’effacera comme celui de tant d’autres victimes de la barbarie islamiste. Ses amis le pleureront, et je les comprends. Les dirigeants de ce pays ont dit que le crime ne restera pas impuni, mais le crime restera très vraisemblablement impuni, car il s’agit d’un drame plus vaste qu’on ne veut pas vraiment regarder en face.  


Nous sommes en guerre. L’équation de base de la guerre est très simple, même si sa simplicité déplait à ceux qui veulent faire preuve de subtilité et qui ont compris depuis longtemps que le relativisme est une attitude plus confortable. On pourrait dire : civilisation ou barbarie.  

 

L’équation traverse les pays d’Europe où l’esprit barbare est d’ores et déjà à l’œuvre, comme on l’a vu voici peu à Grenoble de manière très flagrante, et comme on le voit en mille lieux chaque jour de manière moins flagrante mais tout aussi tragique. Elle est présente en Asie où la Corée du Nord redouble de bellicisme tout en continuant à affamer sa population et où la Chine continue de s’armer tout en écrasant toute forme de liberté de parole. Elle est présente au Proche-Orient, région qui reste la matrice sanguinaire de l’islamisme. Elle est tout autour d’Israël, au Liban soumis au joug du Hamas, à Gaza aux mains du Hamas, à Ramallah aux mains d’un homme qui dit « paix » en anglais », mais se garde de prononcer le mot en « anglais », tout particulièrement les jours où il rend hommage avec délectation à des assassins qu’il définit comme des « héros ». Elle est en Afrique où on continue à tuer au Darfour sans que cela semble encore intéresser quiconque, dans le Nord du Nigeria, en Somalie où al Qaida pourrait bientôt disposer très bientôt d’un Etat clé en main. Elle est en Amérique du Sud où Chavez et ses amis accueillent des camps d’entraînement du Hezbollah sous le regard aimable d’Oliver Stone, son nouveau biographe cinématographique, et où en Bolivie, Evo Morales fournit de l’uranium à Téhéran sous le regard diligent d’ingénieurs iraniens. Elle est en Amérique du Nord où, depuis l’arrivée d’Obama au pouvoir, les gestes de mansuétude vis-à-vis de l’islam et de l’islamisme se multiplient et où, pour ne pas paraître « islamophobe », l’armée ne prend pas en considération les délires djihadistes d’un individu qui finira par procéder à la tuerie de Fort Hood, les services d’immigration laissent aller et venir  un Américano-Pakistanais  qui passait ses vacances dans les zones tribales tenues par al Qaida, et les autorités diverses laissent avancer le projet de centre islamique concrètement envisagé par certains sur le site des attentats du onze septembre.  

 

L’équation n’est jamais énoncée dans les médias français où on évoque un jour les émeutes de Grenoble, un autre jour, un attentat commis ici ou là, un troisième jour telle ou telle rencontre, ou tel ou tel propos d’Ahmadinejad ou de Nasrallah. Ce qui fait qu’elle n’est pas énoncée est que ce pays est dans ce que j’appelle la « soumission préventive ». J’ai utilisé ce terme une première fois lorsque des manifestations de haine anti-américaine ont déferlé lors de la guerre de libération de l’Irak : des milliers de gens, soudain, sont sortis dans les rues, pour montrer leur soutien à la cause des dictatures arabo-islamiques. Je l’ai utilisé pour parler des manifestations anti-israéliennes, couvertes avec complaisance par les médias français, pour qualifier les réponses de la diplomatie française à tous les actes défensifs d’Israël : ces actes étant toujours qualifiés de « disproportionnés ». Je dois, plus que jamais, l’utiliser aujourd’hui.

 

Que de précautions ont été  employées pour parler de l’assassinat de Michel Germaneau. Le mot utilisé de manière quasi systématique n’a d’ailleurs pas été assassinat, mais « exécution » : comme si Michel Germaneau avait commis un crime, était passé devant un tribunal, et avait été condamné à la peine de mort, et comme si ses assassins étaient des bourreaux exécutant une sentence. Les mots « terroristes » et « islamistes » ont été eux-mêmes employés à dose homéopathique. Pour ce qui s’est passé à Grenoble, la dimension islamique des choses a elle-même été soigneusement laissée de côté.

 

Sur les écrans des téléviseurs, on montre deux autres otages français, des journalistes de France 3 enlevés en Afghanistan alors qu’ils venaient réaliser un reportage, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Le nombre de jours qu’a duré leur captivité s’affiche plusieurs fois par jour. Les propos tenus sur leurs ravisseurs sont empreints d’une mansuétude que je peux, à la rigueur comprendre, puisque la vie des kidnappés est en jeu. Mais on peut avoir aisément la sensation que c’est tout le discours des médias français sur l’Afghanistan, sur les talibans et sur l’islamisme qui se trouve pris en otage.  

 

Et puis, je dois le dire, ce qui me choque très profondément est qu’un quatrième otage français est aux mains de barbares. Il s’appelle Guilat Shalit. Celui-là, son nom n’est jamais cité, ni par les médias, ni par les autorités politiques. Un seul homme politique français ne l’oublie pas, un seul : Claude Goasguen. Et je lui en rends hommage. Une opération demandant que le portrait de Guilad Shalit soit affiché devant les mairies n’a donné aucun résultat. Seule la mairie du seizième arrondissement de Paris, une ou deux autres peut-être ont réagi. Je sais : Guilad Shalit est juif. Cela doit faire une différence aux yeux de certains. Guilad Shalit est de surcroît porteur d’une double nationalité, Française et Israélienne. S’il avait pour deuxième nationalité celle de l’Algérie ou de la Lybie, un de ces pays amis de la France, ce serait différent aussi. Mais être Israélien en même temps que Français est, semble-t-il, aujourd’hui, une circonstance aggravante. Guilad Shalit faisait de surcroît son service militaire et portait l’uniforme israélien lorsqu’il a été kidnappé. Ce qui le rend quasiment indéfendable et en fait non pas un otage à part entière, mais, comme cela se dit, un otage entièrement à part sur lequel la France officielle et médiatique ne peut porter qu’un regard très dédaigneux. Je sais que nous ne sommes pas très nombreux à être choqués.  

 

La soumission préventive fonctionne : Bush continue à être traité comme s’il avait été le pire Président des Etats-Unis, mais son successeur peut commettre les plus sombres turpitudes : il a une famille musulmane et il a prononcé un discours de dhimmi au Caire, et il sera donc épargné. Israël continue d’être accusé de tous les maux de la terre, et la différence dans le traitement de la guerre arabe et islamique contre Israël entre al Djazira et les chaînes françaises est très mince : ce qui suffirait à montrer que, dans la guerre en cours, en prétendant ne pas choisir son camp, la France choisit, en fait, celui de la barbarie.  

 

Les barbares raisonnent comme le faisait Staline en son temps. Ce qui est à eux est à  eux, et ce qui n’est pas encore à eux est, à leurs yeux, destiné à le devenir.  

 

Les humanistes aux mains très propres doivent s’attendre à ne plus avoir de mains du tout très bientôt. Les gens généreux, mais naïfs, qui ne savent pas sur quel terrain ils sont et qui ne comprennent pas ce que sont les barbares, peuvent aisément finir assassinés, comme Michel Germaneau.  

 

La soumission préventive n’y change rien. Elle facilite le travail des barbares. Et ils ne diront même pas merci.

 

Guy Millière

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