Publié par Guy Millière le 8 septembre 2010

 



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D’un seul coup, par un coup de projecteur vaguement habile et grâce à la docilité myope des grands médias, les problèmes internationaux semblent en suspens. Le « processus de paix » au Proche-Orient a été remis sur les rails. Mahmoud Abbas a serré la main de Binyamin Netanyahu. Barack Obama a parlé, Hillary Clinton aussi.

 

Non seulement, dirai-je, il n’y aura pas de « paix au Proche-Orient », mais, et ce doit être souligné, le reste du monde ne s’est pas arrêté de remuer. Et si on prend un minimum de recul, on ne peut faire autrement que constater que la grande région de la planète qui va des frontières de l’Inde à la corne de l’Afrique donne des signes d’agitation auquel il serait très imprudent de ne pas prendre garde.

 

On parle peu, désormais, des inondations au Pakistan et de ce qui en résulte : c’est pourtant non seulement un cataclysme majeur qui touche des millions d’êtres humains, mais c’est aussi une fragilisation considérable du gouvernement de ce pays, et une opportunité offerte aux islamistes qui se sont empressés d’exploiter la situation pour mener la chasse aux Chrétiens, déjà largement persécutés, et pour imposer leur règle hors de tout contrôle du pouvoir central. Tout ce qui sépare des djihadistes fanatiques de l’arme atomique est une armée elle-même infiltrée par des djihadistes. Le moins que je puisse écrire est que cela constitue une situation extrêmement dangereuse.

 

On parle un peu davantage de ce qui se passe en Afghanistan. Ce qui se profile pourtant est une débâcle des forces occidentales. On incrimine la « corruption » d’Hamid Karzai, la recrudescence des actions de groupes talibans, la reprise à grande échelle de la culture du pavot. On oublie très vite que Hamid Karzai prend les devants et anticipe, qu’il s’est trouvé quasiment sommé par l’occupant de la Maison Blanche de s’entendre avec des talibans (« modérés », bien sûr), que le même occupant de la Maison Blanche a indiqué aux talibans qu’il maintenait plus que jamais la date d’un retrait américain en juillet 2011, date au delà de laquelle ils pourront en toute quiétude reprendre pied à Kaboul, imposer à nouveau les pires sévices à toutes les femmes du pays, et se montrer accueillants pour des gens qui ne sont pas du tout modérés, tout en continuant à se financer de plus belle en cultivant le pavot. L’armée américaine souffre de la situation : des soldats sont tués pour rien, l’un des principaux responsables des Marines, le Commandant James Conway, vient de déclarer que la date de juillet 2011 « nourrissait l’ennemi ». Ce qui, comme l’a noté Charles Krauthammer, frôle l’accusation d’intelligence avec l’ennemi. Des soldats européens, et parmi eux des Français, sont en Afghanistan, et se trouvent eux-mêmes mis en danger. Nicolas Sarkozy a eu raison de dire qu’ils se battaient pour une cause juste : ils sont seulement, c’est un fait, une force d’appoint, et dès lors que la force principale souffre, ils ne sont pas en bonne posture. Le pire peut-il être évité ? Là encore, la situation est extrêmement dangereuse.

 

On parle épisodiquement de l’Iran, pour évoquer l’effet des « sanctions », la dernière saillie antisémite et anti-israélienne d’Ahmadinejad, ou le lancement d’une centrale nucléaire. La réalité est que, depuis un an et demi que la Maison Blanche a un nouvel occupant, Ahmadinejad et ses divers séides ont les mains libres pour avancer vers le nucléaire militaire, continuent à financer et armer divers groupes terroristes, dont le Hamas et le Hezbollah, persistent à financer les talibans et ceux qui déstabilisent l’Irak, et avancent allègrement vers leur propre conception de l’apocalypse. Dire que la situation iranienne est dangereuse serait employer des mots bien trop faibles.

 

On répète à l’envi que l’Irak était la « guerre de trop », pour justifier les lâchetés de divers dirigeants européens, dont l’ami de Saddam Hussein qui était à l’Elysée à l’époque : on ne dit pas que la guerre a été gagnée en Irak en trois semaines, que la paix, elle, a été gagnée au bout de sept années par la « stratégie de surge » voulue par George W. Bush et mise en œuvre par David Petraeus, et que ce qui se passe en ce moment est un abandon du pays en un contexte où il n’est pas impossible que des adeptes de la conception chiite de l’apocalypse chère à Ahmadinejad se rapprochent du pouvoir.

 

Si on regarde vers le Sud de l’Arabie, on voit que le Yemen est en proie à une insurrection chiite téléguidée par l’Iran et devient la nouvelle base arrière d’al Qaida. On voit, au Sud Ouest, la Somalie toute proche de la chute aux mains d’un groupe djihadiste appelé al Shahab, le Soudan tout près d’un retour à la guerre civile en un contexte où le Sud Chrétien quête son indépendance et où on continue à tuer au Darfour.  

 

Il faudrait ne regarder que le « processus de paix » ? Qui peut vraiment le croire ? Qui peut imaginer que quiconque le croie à Washington ou ailleurs dans le monde occidental ? Qui peut le croire en Israël ?  

 

Quand bien même Binyamin Netanyahu signerait quoi que ce soit, quand bien même Mahmoud Abbas signerait aussi, rien ne serait réglé, absolument rien. Ce qui se passe dans tous les pays que je viens d’énumérer se poursuivrait. Et puis : en quoi cela changerait quoi que ce soit aux actes du Hezbollah et à la situation au Liban ? En quoi cela changerait quoi que ce soit à la situation à Gaza et au comportement du Hamas ? La télévision palestinienne qui diffuse, sous l’égide de Mahmoud Abbas, des éloges du terrorisme et des négations d’Israël, et qui crée de la pathologie mentale à jet continu va-t-elle, en un claquement de doigt, changer totalement tous ses programmes ? Le Fatah va-t-il cesser de prôner la « lutte armée » ? Si Mahmoud Abbas devait signer et dire quelque chose en anglais, il dirait le contraire en arabe dans l’instant qui suit. Si Binyamin Netanyahu devait signer, ce serait plus grave : toute concession faite à des totalitaires nourrit le totalitarisme. Je dois le dire, je n’imagine pas Binyamin Netanyahu signer. Voir des journalistes anti-israéliens le critiquer avec moins de véhémence m’inquiète un peu, mais je veux penser que mes inquiétudes seront dissipées.  

 

Ceux qui songeraient que Mahmoud Abbas a en lui un milligramme de bonne volonté devraient surtout songer à se réveiller ou consulter d’urgence un médecin psychiatre.  

 

Ceux qui penseraient encore que l’occupant de la Maison Blanche a lui-même un milligramme de bienveillance vis-à-vis d’Israël devraient eux aussi se réveiller ou se rendre dans un service d’urgence : certaines formes de cécité sont curables de nos jours.  

 

L’occupant de la Maison Blanche entend, à l’échelle planétaire, stabiliser le monde en confiant davantage de pouvoir à l’Onu et en stabilisant les cinq continents par le biais d’un cartel de dictatures et de régimes soumis. Il entend, à l’échelle du Proche-Orient, régler le problème israélien d’une façon qui satisfera les parties qu’il faut apaiser, et qui considèrent qu’Allah est le plus grand. Il entend, à l’échelle des Etats-Unis, faire glisser ceux-ci vers un fonctionnement de type socialiste. Ce qui fait que des socialistes européens qui ont bu le contenu du Capital et les textes de Lénine avec le lait de leur biberon ne voient pas qu’Obama cherche le socialisme vient du fait qu’ils n’ont pas lu les textes du maître à penser d’Obama, un certain Saul Alinsky. Ils pourront disposer d’un cours de rattrapage grâce à mon prochain livre, en librairie dès la semaine prochaine.  

 

Je place en illustration de ce texte l’assemblage de deux photographies prises toutes deux le 31 août dernier à Washington. On y voit Mahmoud Abbas, Binyamin Netanyahu et Hillary Clinton qui, en se réduisant à n’être que la blonde décalcomanie du beau brun aux allures trompeuses de gravure de mode qui occupe la Maison Blanche, me semble avoir épuisé le faible capital de crédibilité dont elle aurait pu encore jouir.  

 

Guy Millière

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