Publié par Guy Millière le 27 novembre 2010

 

 

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Il faut en moyenne deux à trois ans pour que les effets les plus désastreux d’une présidence faible aux Etats-Unis se fassent vraiment sentir. La chute de Richard Nixon et son remplacement par l’insipide et impuissant Gerald Ford ont conduit à la chute du Sud Vietnam et du Cambodge en 1975. Le peuple américain, traumatisé, ayant choisi de faire succéder à Ford un homme encore plus asthénique, et, de surcroît, marqué par l’imbécillité, Jimmy Carter, celui-ci a titubé de désastre en désastre jusqu’à l’année 1979 où ce fut une sorte d’apothéose : chute du shah et instauration de la République islamique d’Iran, invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques, prise de pouvoir par les sandinistes au Nicaragua. Ronald Reagan a pu, ensuite, redresser la situation et inverser la tendance, sans pour autant pouvoir annuler les dégâts commis avant lui : l’Iran est toujours islamique, les Soviétiques ont quitté l’Afghanistan, mais le pays n’a jamais retrouvé la paix, les morts des camps vietnamiens et cambodgiens sont restés morts.  

 

Avec Barack Obama, on a une présidence qui est bien davantage que faible, et qui se conduit comme si elle entendait donner l’avantage aux ennemis des Etats-Unis. Les effets se font sentir peu à peu : plus grande agressivité de l’Iran, mainmise du Hezbollah sur le Liban, basculement de la Turquie, destruction intérieure de l’Otan, abandon des populations persécutées du Soudan à leur sort, retrait précipité d’Irak, défaitisme en Afghanistan, affirmation de prétentions hégémoniques régionales par la Chine.  

 

C’est dans ce contexte que doit être lue l’action militaire menée par la Corée du Nord contre la Corée du Sud voici quelques jours.  

 

On peut y voir le comportement classique d’une dictature qui ne produit rien sinon de la toxicité, et qui continue à détruire son propre peuple : Kim Jong-Il pratique depuis des années une forme de chantage où il commence par montrer sa nervosité et ses capacités de nuire et où, très vite les Occidentaux, la Corée du Sud, le Japon lui versent la rançon demandée pour qu’il se calme.  

 

On doit y voir, surtout, davantage : s’il s’agissait seulement pour la Corée du Nord d’extorquer quelques dizaines ou centaines de millions de dollars, celle-ci n’avait pas besoin d’aller aussi loin, de bombarder et de tuer.  

 

Il s’agissait, en fait, de tester. Et de déterminer si Obama est vraiment la serpillière qu’il semble être.  

 

Si le test s’avère positif, et la Corée du Nord s’attend à ce qu’il soit positif, ce sera pour elle l’opportunité de demander beaucoup plus d’argent que les autres fois.  

 

Ce sera pour elle aussi le signal qu’elle peut continuer impunément ses activités de prolifération nucléaire en direction de l’Iran, de la Syrie, et d’autres pays éventuellement intéressés.  

 

Ce sera, pour la Chine, sans laquelle le régime nord-coréen serait tombé depuis longtemps, et qui utilise celui-ci comme un abcès de fixation régional mobilisant dépenses d’endiguement et attention (et conduisant à s’intéresser moins que ce ne serait le cas sans cela, à ce qu’elle fait elle, la Chine), un moyen de montrer aux alliés des Etats-Unis, en Extrême-Orient, qu’ils ne peuvent plus compter sur les Etats-Unis pour les défendre et les protéger, et qu’ils doivent comprendre que la donne a changé.

 

La réaction d’Obama, pour l’heure, montre que le test est, du point de vue de la Chine et de la Corée du Nord, effectivement positif.  

 

Ceux qui craindraient une escalade militaire immédiate se trompent : l’escalade n’aura pas lieu.  

 

Ceux qui, comme moi, attendent le pire d’Obama, je le crains, ne se trompent pas.  

 

S’il n’y a pas de réaction plus ferme, plus nette et plus tranchée d’Obama, et je serais surpris qu’il y ait, de la part d’Obama, une réponse plus ferme, plus nette et plus tranchée, on peut s’attendre à ce que le cartel de dictatures qui assoit son emprise sur la planète, se fasse plus pesant.  

 

La Corée du Sud, le Japon et, au delà, l’Australie, devront prendre acte de ce qu’ils vivent dans un monde où les Etats-Unis ne sont plus leur allié, et devront s’accommoder de la situation. La Chine, malgré ses difficultés intérieures, s’affirmera un peu plus comme la grande puissance potentiellement maîtresse de l’Asie. L’Iran, ébranlé part les dissensions intérieures et par Stuxnet, avancera un peu plus vers sa propre hégémonie régionale. La Turquie regardera davantage encore vers Téhéran. L’Europe déclinante, et au bord de l’implosion, devra se résigner provisoirement, et faire les yeux doux à ses nouveaux maîtres, qui sont à Pékin, Moscou, Téhéran, Ankara.  

 

L’apothéose, pour Obama, au sens où j’ai parlé d’apothéose pour Carter, devrait se situer dans la deuxième moitié de 2011 ou le début de 2012. Je n’ose imaginer ce qu’elle sera. Un pays, en particulier, doit se préparer à affronter encore de très rudes intempéries : ce n’est pas la Corée du Sud, que la Corée du Nord n’attaquera pas plus violemment qu’elle ne l’a déjà fait, mais Israël. Je sais, fort heureusement, que les dirigeants israéliens le savent.

 

Guy Millière

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