Publié par Guy Millière le 12 décembre 2010

J’ai peu écrit au cours des deux semaines qui viennent de s’écouler. J’ai expliqué ici pourquoi : j’étais en voyage en Amérique du Nord. J’ai dit, au moment où je donnais les explications de ce voyage, que j’en parlerais à mon retour en France. C’est ce que j’entends faire ici.  

Je suis d’abord passé par Montréal. J’y ai donné une conférence en anglais pour une organisation juive : l’assistance était relativement peu nombreuse, mais constituée essentiellement de confrères, professeurs dans les diverses universités de la ville, et cela a été l’occasion d’échanges riches et féconds. J’ai à cette occasion décrit la situation en Europe et, je dois le dire, mes interlocuteurs n’étaient pas surpris par ce que je disais.  

Je me suis, le lendemain, adressé à un auditoire juif francophone, très nombreux cette fois, à la synagogue Or Hahayim, à l’invitation d’un homme que j’estime beaucoup, Charles Barchechat. J’ai traité, cette fois, de la doctrine Obama. Je n’ai pu parler directement à tous ceux qui auraient voulu me parler en personne, et je le regrette, mais l’accueil que j’ai reçu m’a profondément touché, et cela fut une belle soirée. Mes interlocuteurs, à de rares exceptions près, n’étaient pas surpris eux non plus par ce que je disais. Je pense leur avoir donné des arguments pour renforcer leurs analyses et mettre un nom sur leurs inquiétudes.  

J’ai été invité par Radio Shalom Canada 1620 et son président, Robert Lévy, à lire certains de mes textes : les lectures ont été enregistrées et seront diffusées au cours des semaines à venir. J’ai découvert à cette occasion que mes textes étaient lus régulièrement à l’antenne. Je me suis fait à moi-même la promesse de recourir ultérieurement bien davantage à la parole enregistrée, qui constitue un complément utile aux textes écrits. 

Un passage à HEC Montréal, auquel j’avais été convié par mon ami Jean-Charles Chebat, m’a permis de voir qu’Israël était cité en exemple comme lieu d’accomplissements technologiques et entrepreneuriaux exemplaires. Des livres sont parus en anglais sur ce sujet. Des articles dans la presse québecoise aussi, sous la plume de Philippe Mercure. Je n’ai pu que me dire à moi-même que des articles de ce genre seraient strictement impubliables en France, et que nul n’écrirait de livre équivalent à des livres tels que « The Start Up Nation » de Dan Senor  et Saul Singer, sauf peut-être moi-même si j’en trouve le temps. Et si je me donne la détermination de le faire.  

Une autre conférence, en français et en anglais, m’a donné l’occasion de rencontrer un homme que je respecte profondément et avec qui j’ai partagé la tribune, le grand poète juif canadien David Solway. Cela me donne l’occasion de parler de lui et d’inciter ceux qui lisent ces lignes à le lire, s’ils maitrisent l’anglais. David s’est, depuis 2001, très exactement depuis le 11 septembre, éloigné de la poésie : parce que la dureté du monde et l’effroyable réalité du terrorisme islamique lui ont paru soudain trop insupportables. Il en a tiré deux ouvrages absolument remarquables, qui lui ont valu l’estime et l’amitié de combattants de la liberté tels que David Horowitz, mais aussi l’hostilité de nombre de ses anciens collègues écrivains, confits dans le politiquement correct et l’aveuglement volontaire. Je donne ici le titre de ces ouvrages : « The Big Lie: On Terror, Antisemitism, and Identity », et « Hear, O Israel! ». Dois-je souligner que leur lecture est un impératif ? 

Deux interventions au Forum Epaper World organisées à l’Université du Québec à Montréal par mon ami Eric Leray m’ont permis de rencontrer d’autres économistes, des créateurs, des dirigeants d’entreprises, des analystes des nouvelles technologies, et m’ont offert l’opportunité d’aborder d’autres thèmes : ceux exposés dans mon livre « La septième dimension». J’ai pu constater une fois encore que la compréhension de l’économie du vingt-et-unième siècle peut exister en Amérique du Nord, alors qu’elle est si désastreusement absente dans l’essentiel de l’Europe. Cela m’a renforcé dans ma volonté d’écrire bien davantage en anglais, à destination d’un public américain. Ma langue maternelle est le français et c’est une langue que j’aime écrire et pétrir, mais la situation étant ce qu’elle est… 

Il existe tant d’autres gens que j’emporte dans mon cœur que je ne puis les citer tous, mais il en est deux que je me dois de citer ici : Victor Nizard et Edmond Silber. 

Ne pouvant me rendre en Amérique du Nord sans aller aux Etats-Unis et n’étant pas allé à Miami depuis un an, ce qui m’a semblé une éternité, j’y ai passé ensuite quelques jours. Pour parler et pour rencontrer. Tout particulièrement un homme qui m’est très cher et pour qui j’ai estime et amitié, Edgar Nakache. C’est un entrepreneur, au sens le plus noble et le plus légitime du terme. C’est un véritable ami. C’est un être exemplaire. Une après-midi à la résidence du consul de France m’a permis de rencontrer un rabbin avec qui j’ai eu des échanges de correspondance et que j’ai enfin pu rencontrer en personne, Yisroel Frankforter.  

J’ai saisi l’opportunité d’être à Miami pour me rendre dans des endroits auxquels je suis particulièrement attaché. Coral Gables pour la splendeur des demeures hispaniques cachées sous les arbres géants, les lianes et une luxuriance tropicale, Calle Ocho, le haut lieu de la résistance cubaine anti-castriste.  

C’était la période de Hannoukah, et des chandeliers étaient en divers endroits le long de la route. Miami est une ville cubaine. C’est aussi une ville juive.  

C’est une ville d’opportunité, de beauté, de dynamisme. C’est l’une des incarnations les plus accomplies de ce qui fait le génie des Etats-Unis d’Amérique. C’est un endroit où on discerne à chaque instant l’évidence de ce qui sépare radicalement les Etats-Unis de l’Europe, de la force et du dynamisme qui les imprègne, et que tant d’Européens ont de plus en plus de mal à comprendre. 

Quelques heures passées à Miami suffisent à effacer en moi toutes les meurtrissures que je peux ressentir au fil des semaines en France. Et ces dernières semaines, avec leur cortège de grèves ineptes et de blocages stériles, ont été particulièrement lourdes.  

Une seule ville m’apporte autant que Miami, Los Angeles. Et si je ne me lasse pas d’aller regarder tomber le soir depuis les hauteurs du Griffith Park lorsque je suis en Californie, je ne puis me lasser d’aller regarder la nuit qui vient et le soleil qui se couche derrière les immeubles de verre et d’acier du downtown de Miami, depuis les rives de Watson Island.  

J’avais promis à une amie vivant au Nord de Tampa de lui rendre visite. Je n’ai pas pu. Ce n’est que partie remise. J’ai pu, par contre, rencontrer une de mes fidèles lectrices, Annika, en compagnie de son mari, ce qui m’a permis de découvrir une petite ville au Nord de Miami que j’avais traversée jusque là sans m’y arrêter, Hollywood.  Le temps semble s’y être arrêté dans les années 1950. On y trouve le charme d’une Amérique éternelle, émouvante, heureuse, proche de celle décrite dans ses oeuvres par Norman Rockwell.  

Un dernier repas dans mon restaurant préféré de seafood, Garcia’s, au bord de la Miami River. Un dernier café cubain au Versailles. Et j’ai repris l’avion vers Paris. J’ai aussitôt redécouvert l’efficacité de mon pays natal. Dix centimètres de neige, et tout est soudain désorganisé. Des gens doivent abandonner leur voiture dans d’immenses embouteillages, d’autres sont condamnés à dormir à même le sol dans les aéroports.  

Un Canadien ou un Américain regarderaient le spectacle en éclatant de rire. Je pourrais rire moi aussi si cela ne me semblait aussi accablant. Et si tant d’autres nouvelles qui prêtent fort peu à la joie ne s’étaient accumulées en peu de temps et n’impliquaient que je leur prête attention et que je les commente : ce que je ferai dans les jours qui viennent.

Guy Millière

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