Publié par Michel Garroté le 13 décembre 2010

A ce stade et pour l’instant – sur le plan intellectuel – je continue de me sentir proche de l’aile droite de l’UMP. Et dans ce cadre, je continue, de ne pas du tout me sentir proche, du Front National. Cela étant posé, j’ai quelques réflexions à vous partager concernant une certaine Marine Le Pen.

Première réflexion : un récent baromètre Ipsos place Marine Le Pen au niveau record de 27% de bonnes opinions. L’on peut maximiser ou minimiser se score. L’on peut – aussi – le relativiser. Mais le fait concret est là. En décembre 2010, Marine Le Pen obtient 27% de bonnes opinions.

Deuxième réflexion : Marine Le Pen vient de comparer la prière des musulmans dans la rue à l’Occupation allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Troisième réflexion : le 18 décembre prochain auront lieu des Assises sur l’islamisation (qu’à titre personnel, je ne soutiens pas). Or, ces assises sont notamment soutenues par le Cercle Laïcité et République Sociale. Et ce Cercle estime notamment, je cite : « Le vote de cette loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905 fut seulement le point d’orgue d’une lutte qui a duré des années et qui a consisté à lutter contre le totalitarisme de l’Eglise catholique dans le domaine de l’enseignement, lois sur l’école publique de Jules Ferry, loi d’expulsion des Ordres religieux catholiques de l’enseignement public et expulsion des congrégations qui imposaient un totalitarisme de la vie et de la pensée à la population ».

Quatrième et dernière réflexion : je défends, encore et toujours, la société libre et laïque de culture judéo-chrétienne, par opposition aux sociétés national-socialiste, fasciste, communiste et islamiste. Mais je ne défends pas la laïcité absolutiste qui assimile le christianisme au totalitarisme, comme le fait l’extrémiste et fanatique Cercle Laïcité et République Sociale. Aux dernières nouvelles (Vous permettez ? J’ai des sources et des réseaux…), aux dernières nouvelles, écrivais-je, ni les Chrétiens de droite, ni les Juifs de droite ne s’identifient avec le Front National.

Car avec ou sans la famille Le Pen, le Front National était – et reste – un mouvement d’extrême-droite, néostalinien, christianophobe et judéophobe. Lorsque le Front National s’en prend à l’islam, il s’en prend, en fait, à toutes les religions, y compris le judaïsme et le christianisme vécus dans une saine laïcité. Et pour amplifier la confusion politique – déjà grande en soi – Marine Le Pen ne trouve rien de mieux que de comparer la prière des musulmans dans la rue à l’Occupation allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Les Juifs fils et filles de déportés apprécieront cette anachronique comparaison.

Pour revenir au score de Marine Le Pen dans un récent sondage, Matthieu Deprieck, sur L’Express.fr, dans une analyse, mise à jour le lundi 13 décembre 2010, et intitulée « Marine Le Pen est-elle si populaire ? », écrit : « Le baromètre Ipsos pour Le Point place la responsable frontiste à un niveau record de bonnes opinions : 27%. Que faut-il en conclure ? LEXPRESS.fr a posé la question à trois instituts de sondage. 27% d'opinions favorables, et un niveau jamais atteint par son père. Marine Le Pen a de quoi se réjouir de la dernière livraison du baromètre mensuel Ipsos pour Le PointSes déclarations du week-end sur les "prières du rue"(ndmg : "de" rue…), comparées à l'Occupation durant la Seconde Guerre mondiale vont-elles encore la faire progresser ? A première vue, ce sondage est effectivement flatteur pour celle qui devrait succéder à son père à la tête du Front National en janvier prochain ».

Matthieu Deprieck, sur L’Express.fr : « A première vue seulement. "La popularité ne se traduit pas forcément en intentions de vote, même s'il est vrai que cela est moins culpabilisant de voter pour Marine Le Pen que pour son père", souligne Jean-François Doridot, directeur général d'Ipsos public affairs. "Même avec 27%, elle reste à un niveau faible, en queue de classement de ce baromètre", complète Gaël Sliman de BVA. Cet institut dispose d'ailleurs d'un autre indicateur, complémentaire de la côte de popularité : la côte d'avenir. Comme la Sofres, BVA demande aux Français interrogés s'ils souhaitent voir tel politique jouer un rôle dans les prochains mois. "Dans cette catégorie, Marine Le Pen est encore à un niveau très bas. Selon la Sofres, en novembre, elle pointait à 14% et à 16% le mois précédent", détaille Gaël Sliman. Un niveau supérieur à celui de son père ».

Matthieu Deprieck, sur L’Express.fr : « Ce qu'observe également Frédéric Dabi de l'institut Ifop, qui ajoute un autre chiffre : "Dans l'optique d'un premier tour de présidentielle, Marine Le Pen navigue actuellement entre 12% et 13%, quel que soit le candidat socialiste en face. "Encore en dessous des 15% que pesait en moyenne le FN dans les années 90 et au début des années 2000. Pour Gaël Sliman, les résultats du baromètre Ipsos/Le Point illustrent, plus qu'une hausse, un "effet de rattrapage du FN". La côte d'avenir du mouvement frontiste, mesurée par la Sofres, est passée de 9% en septembre 2009 à 13% une année après. "Le FN redresse la tête après sa forte baisse consécutive à la campagne de Nicolas Sarkozy et à son accession à l'Elysée, même s'il n'a pas retrouvé son niveau d'avant 2007", note le directeur général adjoint de BVA ».

Matthieu Deprieck, sur L’Express.fr : « Marine Le Pen entame donc sa remontée. Aujourd'hui sous la barre des 20% pour sa côte d'avenir, elle a encore du chemin à parcourir avant de rejoindre celle de son père en mai 1995 : 31%. Pour cela, elle peut s'appuyer sur le cœur de l'électorat frontiste. "On s'aperçoit qu'elle réalise ses meilleurs scores chez les hommes d'un âge intermédiaire et dans les couches populaires. Elle est créditée de 30% d'opinions favorables chez les employés et 28% chez les ouvriers", détaille Frédéric Dabi de l'Ifop ».

Matthieu Deprieck, sur L’Express.fr : « Mais son principal atout, c'est sa capacité à dépasser les frontières de l'électorat FN, comme l'explique Jean-François Doridot d'Ipsos : "Elle suscite moins de rejet que son père. Le fait qu'elle soit une femme joue pour beaucoup. Elle progresse chez les électrices et recueille autant d'opinions favorables que chez les hommes. Une nouveauté au FN. Surtout, elle a beaucoup progressé chez les retraités, un électorat que son père n'avait jamais réellement capté". Un électorat qui avait également voté en très grande majorité pour Nicolas Sarkozy. Un électorat clé dans la prochaine bataille présidentielle » (Fin de l’analyse de Matthieu Deprieck sur L’Express.fr).

Tout en demeurant – sur le plan intellectuel – proche de l’aile droite de l’UMP, je reste, cependant, plutôt dubitatif, face aux allégations d’Ipsos, de BVA et de la Sofres, allégations qui semblent vouloir minimiser les scores de Marine Le Pen. Je reste notamment dubitatif face à la distinction faite entre d’une part, la côte de popularité ; et d’autre part, la « côte d'avenir ». Je reste tout autant dubitatif face à la comparaison entre d’une part, les scores passés de Jean-Marie Le Pen ; et d’autre part, scores présents de sa fille. Je reste également dubitatif face aux allégations faites à propos du nombre de voix que Marine Le Pen obtiendra – ou n’obtiendra pas – au premier tour des présidentielles de 2012, dans des formations autres que le Front National.

Car la seule chose qui ressort clairement, c’est que dans le temps présent – nous sommes en décembre 2010 – Marine Le Pen remporte 27% de bonnes opinions. Dès lors, peu m’importe de savoir que Marine Le Pen aurait, paraît-il, seulement 16% de « côte d’avenir ». Du reste, que Marine Le Pen, au premier tour des présidentielles, fasse 16% ou 27%, cela ne changera rien au fait qu’elle jouera un rôle déstabilisateur pour Sarkozy en 2012.

A ce stade, j’ai quelques déductions – provisoires – à vous partager.

Première déduction provisoire : l’on nous demande déjà, à Jean-Patrick Grumberg et à moi, si nous soutiendrons bien, Sarkozy, aux présidentielles d’avril et mai 2012 (vous savez, dans le genre : « n’est-ce pas que vous soutiendrez Sarkozy ? »). Je trouve la question un brin anachronique, étant donné que nous sommes en décembre 2010. En même temps, je peux comprendre que l’on nous pose la question. Car en vérité, sur le terrain, la campagne des présidentielles a déjà commencé. Sarkozy bat le rappel en Province et annonce sa retraite politique pour 2018. Ségolène nomme DSK son Premier ministre. Dans ce climat surréaliste, il normal, après tout, que l’on nous pose la question.

Deuxième déduction provisoire : j’ai récemment additionné les blogues  de droite sur le Net francophone. Et j’ai additionné leur nombre de lecteurs qui sont aussi des électeurs. Des électeurs qui s’inspireront de ce qu’ils lisent sur Internet pour déterminer leur choix de vote en 2012 (je veux ici parler des Français). Je signale – juste en passant et sans la moindre émotion – que ces lecteurs, qui constituent aussi des électeurs, sont environ 1,5 million. Si moi je le sais, alors faites-moi confiance, les services de L’Elysée et de Matignon le savent aussi.

Troisième et dernière déduction provisoire – D’un côté, je fais partie d’un courant qui défend la société libre et laïque de culture judéo-chrétienne. D’un autre côté, je note que d’une part, l’aile droite de l’UMP reste à moitié sourde lorsque nous nous manifestons (à moitié sourde, sachant qu’il y a encore trois ans, elle restait totalement sourde) ; et je note que d’autre part, le Front National, avec ou sans Marine Le Pen, ne semble pas vouloir évoluer. Il n’y donc pas, à ce stade (décembre 2010), un véritable courant de droite en France. Il n’y a que les étatistes centristes de l’UMP et les extrémistes du Front National. Comment le lectorat / électorat susmentionné (1,5 million de Français) va-t-il gérer tout cela, aux présidentielles de 2012 ? Les instituts de sondages peuvent toujours se livrer à des circonlocutions alambiquées ; et nous dire que 27%, en réalité, ça ne fait que 16%. Il n’empêche. On peut tout de même s’inquiéter et se poser la question : Marine Le Pen ou Marianne Le Pen ?

Michel Garroté

Post Scriptum : Je n’ai pas répondu à la question de savoir si je soutiendrai Sarkozy en 2012. Ce n’est pas un oubli de ma part. J’ai fait exprès de ne pas répondre à cette question.

Source :

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/marine-le-pen-est-elle-si-populaire_943325.html

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