Publié par Ivan Rioufol le 16 février 2011

Ce n'est pas seulement le multiculturalisme qui doit être débattu, comme y invite Nicolas Sarkozy. C'est, plus généralement, la position de la France face à la pression migratoire qui doit être réexaminée, au vu des exodes massifs qui se profilent dans certains pays du Maghreb, libérés de leurs tyrans, et des accords passés avec des pays européens riverains de la Méditerranée. L'entrée soudaine et massive, sur l'île italienne de Lampedusa, de 5000 jeunes Tunisiens désireux pour la plupart de rejoindre la France, peut faire craindre d'autres vagues similaires. Elles s'apparenteraient alors à une invasion pacifique de l'Europe, désarmée par sa culture humaniste et des frontières devenues virtuelles. La France, qui reçoit environ 200.000 immigrés légaux chaque année (dont 70.0000 étudiants et 80.000 personnes au titre du regroupement familial), peut-elle se permettre de poursuivre cette politique de peuplement, et de l'aggraver avec une augmentation des clandestins qui sont déjà 200.000 à bénéficier de la gratuité de l'Aide Médicale d'Etat (AME) (1)? A l'évidence non. Or, tout concourt à consolider cette situation.

Les débarquements à Lampedusa rappellent que l'Europe demeure une passoire et que son Agence de surveillance des frontières (Frontex) n'a pas les moyens d'assurer sa mission. "L'Union européenne a besoin d'un mécanisme d'urgence", a d'ailleurs admis, mardi, le secrétaire d'Etat belge à l'Immigration, Melchior Wathelet. Mais le poids des bons sentiments demeure le véritable l'obstacle à une politique dissuasive. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a appelé mardi à "garantir les droits de l'Homme fondamentaux" des migrants, en estimant que cette migration est "dans le cours normal du développement", avec la mondialisation. Or, cette vision universaliste est encore celle qui prévaut dans l'Union européenne, indifférente aux peuples qui la composent. Même les sénateurs français sont devenus perméables à ce politiquement correct, puisqu'ils ont décidé de revoir à la baisse l'ensemble du projet de loi sur l'immigration de Brice Hortefeux. 

Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, assure que la France n'accueillera les clandestins débarqués que dans des cas "très marginaux". Nous verrons bien. Reste qu'un pays qui se retrouve dans l'incapacité de gérer ses propres frontières est un pays qui a vocation à se faire déborder par d'autres peuples et d'autres cultures, au risque dès lors de se dissoudre et disparaître au fil des proches générations. Quand les Français réclament davantage de protections, ils parlent notamment de leur propre identité, qu'ils jugent menacée par une immigration extra-européenne dont ils n'ont pas la maîtrise. Pourquoi ne pas envisager très vite, par exemple, un référendum pour le rétablissement effectif des frontières, voire la suppression d'un regroupement familial qui ne cesse de s'autoalimenter? Il ne suffit pas de s'enthousiasmer pour la démocratie quand elle est revendiquée par la rue arabe (bien qu'elle fasse aussi fuir, visiblement). Les Français l'attendent aussi sur ce sujet confisqué de l'immigration.
 
(1) Je reprends ces chiffres du blog que Maxime Tandonnet, conseiller à l'Elysée pour les questions d'immigration, vient d'ouvrir et que je vous conseille vivement.

 

Ivan Rioufol

L'article original peut être consulté sur le blog de Ivan Rioufol

 

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