Publié par Guy Millière le 28 février 2011

Certains m’accusent de m’acharner sur Barack Obama. Je vais donc faire un article gentil. En cherchant bien, on peut trouver des explications logiques à son comportement.  

Obama a eu un ami d’enfance qui s’appelait Mahmoud. C’était au temps où il vivait en Indonésie. Mahmoud ne lui a jamais dit son nom de famille lorsqu’ils partageaient les tapis de l’école coranique, et que Barack s’appelait Barry Soetoro : Barack savait juste qu’il venait du Proche-Orient. Ils étaient sans cesse ensemble et se considéraient comme des frères. La vie les a séparés. Une quarantaine d’années plus tard, en voyant une photo d’Ahmadinejad, Barack pense reconnaître son ami Mahmoud. Mais comment pourrait-il renouer les liens ? Comment pouvait-il s’assurer que c’était bien Mahmoud ?

Barack envoie des messages doux, des petits cadeaux, prononce des phrases gentilles en se disant que Mahmoud va lui-même faire un geste. Mais Mahmoud se moque de Barack, et tente de construire des bombes atomiques. Barack dit à Mahmoud que ce qu’il fait n’est pas bien, mais que s’il arrête, lui, Barack, sera prêt à le recevoir dans sa jolie maison toute blanche à Washington. Mahmoud n’arrête pas.

Que peut faire Barack ? Il a une idée : abandonner l’Irak, et il fait savoir à Mahmoud que promis, juré, à l’été 2011, il n’y aura plus un seul soldat américain en Irak, ce qui permettra à Mahmoud d’avoir un plus grand terrain de jeu. Et il rappelle au passage à Mahmoud que quand de méchants Iraniens ont osé protester contre la réélection douteuse de Mahmoud, Barack l’a laissé punir les méchants Iraniens sans dire un mot. L’abandon de l’Irak et le fait que Barack ait laissé Mahmoud punir les méchants Iraniens n’ayant pas suffi, Barack a eu recours à d’autres idées : Mahmoud n’aimant pas Israël, Barack tapera verbalement sur Israël. Il n’ira pas jusqu’à dire comme Mahmoud qu’il veut rayer Israël de la carte, non, il est quand même Président des Etats-Unis, et il ne peut se le permettre, mais il utilisera des mots destinés à montrer à Mahmoud que lui non plus n’aime pas vraiment les « sionistes ». Pour séduire Mahmoud, il montrera qu’il a des égards envers un autre Mahmoud, Abbas celui-là, et traite celui-ci comme un chef d’Etat, même s’il n’en est pas vraiment un. Et Barack déclarera même à l’autre Mahmoud, Abbas, qu’il aura un Etat très bientôt.

Cela ne suffisant toujours pas, Barack décidera de passer à la vitesse supérieure. Mahmoud, Ahmadinejad a des amis au Liban, à qui une commission d’enquête cherche des problèmes pour l’assassinat d’un homme, Rafik Hariri, dont Barack n’a jamais entendu parler, car, avant 2008, il ne s’intéressait pas à la politique étrangère. Ces amis ont le pouvoir sur la moitié du Liban et voudraient l’avoir sur la totalité du pays. Barack, pour faire plaisir à Mahmoud, Ahmadinejad, profitera de la visite à Washington du Premier Ministre libanais, Saad, fils de Rafik, pour faire savoir aux amis de Mahmoud, Ahmadinejad, qu’à Beyrouth la voie est libre, et qu’ils peuvent agir. Le fils de Rafik sera déposé pendant qu’il était en conversation avec Barack. Le Liban au Hezbollah, c’est un beau cadeau, non ?

Quand Saad Hariri téléphonera à Barack, il lui répondra par un vieux proverbe : qui va à la chasse perd sa place. Barack est parfois facétieux.

Poursuivant sur son élan, Barack conseillera aux protégés de son ami George Soros de susciter l’agitation en Tunisie, ce qu’ils feront, et quand Zine Ben Ali s’inquiétera et voudra réprimer, Barack téléphonera au général Ammar pour lui demander de chasser Ben Ali et de prendre le pouvoir, ce qu’il fera. Il lui demandera aussi de faire rentrer les dirigeant d’un mouvement islamiste que Mahmoud, Ahmadinejad, aime bien, Ennahda. Un émissaire enverra à Mahmoud, Ahmadinejad, un message disant qu’en toute logique, la Tunisie, dans quelques mois, devrait glisser dans une direction qui lui fera plaisir.

Ne voulant pas en rester là, Barack conseillera à d’autres amis de George Soros de faire en Egypte ce qui a si bien réussi en Tunisie, et en moins de trois semaines, Hosni Moubarak sera mis à la porte et remplacé par le maréchal Tantawi. Barack dira au maréchal qu’il a les mains libres et que les Frères musulmans sont très sympathiques. Tantawi comprendra. Quaradawi rentrera au Caire pour appeler à la libération de Jérusalem et à la restauration d’un califat.

Mahmoud, Ahmadinejad, percevra le message, et fomentera des troubles au Yemen, au Bahrein et en Jordanie. Il fera trembler l’Arabie Saoudite qui s’inclinera, offrant le port de Djeddah aux bateaux de guerre iraniens. Le canal de Suez sera ouvert à l’Iran lui aussi.

Mahmoud, Ahmadinejad, pourtant, ne renonce à rien. Barack est très dépité. Il a tant fait pour que Mahmoud, Ahmadinejad, lui sourie et lui serre la main. Il sait ce que voudrait Mahmoud, Ahmadinejad, par dessus tout, bien sûr : Israël anéanti. Et cela, Barack sait qu’il ne peut pas le donner, ou pas de manière trop voyante.

Pour avancer dans cette direction, Barack aimerait condamner et faire condamner Israël à l’Onu, mais il doit user de subtilité. Il espère que l’autre Mahmoud, Abbas, va lui faciliter les choses, ne pas lui demander de voter une motion anti-israélienne à l’ONU, ou alors, une motion avec des mots nuancés, du style, la « colonisation israélien est illégitime », mais l’autre Mahmoud, Abbas, sait que son intérêt est d’avoir de meilleures relations avec le Hamas, très proche de Mahmoud, Ahmadinejad, et garde un langage dur.

Barack, à contrecoeur, ne vote pas la motion. Son ambassadrice a beau expliquer qu’elle approuve l’ensemble du contenu et qu’Israël est un pays épouvantable, les deux Mahmoud, Abbas et Ahmadinejad traitent, chacun de leur côté, Barack de traître.

Barack est très triste, vraiment très triste : les Israéliens pensent qu’il les déteste, et ils n’ont pas tort. Il a sacrifié Zine et Hosni pour faire plaisir à Mahmoud, Ahmadinejad, qui, à Téhéran, ricane, empoche les gains, et parle de Barack avec ingratitude.

Barack s’est, en supplément, attiré des insultes du roi d’Arabie Saoudite qui l’a traité de traître. Le roi de Jordanie ne l’insulte pas, mais pense comme son confrère saoudien. En somme, personne n’aime Barack, personne ne le respecte. Il voulait retrouver un ami d’enfance qui s’appelait Mahmoud, et il n’a plus un seul ami dans la région.

Mahmoud, Ahmadinejad, s’est moqué de lui et l’autre Mahmoud, Abbas, semble le prendre pour un crétin. Les habitants d’Egypte et de Tunisie n’ont pas même envie de lui dire merci. 

Il aurait pu rester un ami, un seul peut-être, à Barack, Mouammar à Tripoli. Il y a six mois à peine, Mouammar disait à qui voulait l’entendre que Barack était un bon musulman et un homme de confiance. Mais voilà que des membres d’organisations islamistes proches des Frères musulmans créent un soulèvement à l’Est de la Libye. Et lui, Barack, qui a aidé les Frères musulmans ! C’est ainsi qu’ils le remercient ?

Décidément !

Voilà que la population libyenne se soulève, et que des militaires rejoignent le soulèvement. Mouammar va mettre de l’ordre dans tout cela, se dit Barack, mais non, Mouammar n’y parvient pas, même en faisant tirer dans la foule à la mitrailleuse. Mouammar est très en colère. Il incrimine les islamistes, al Qaida, mais aussi les Etats-Unis. On discerne aisément qu’il en veut à Barack. 

Barack reste silencieux, effondré.

Il est Président des Etats-Unis, et il doit finir par dire quelque chose.

Il n’emploie pas de mots durs envers Mouammar. Il ne cite pas son nom une seule fois dans les déclarations qu’il fait sur la Libye. Il a trop de peine. Et puis, si Mouammar a beaucoup tué, Barack ne peut oublier que Mouammar a été d’extrême-gauche, comme lui, ce qui fait qu’il ne peut pas lui parler comme à un vulgaire Moubarak, en lui demandant de partir sur le champ.  

Barack se contentera de dire que ce qui se passe en Libye est « inacceptable », que des actions seront menées par des « institutions multilatérales ». En parlant ainsi, il s’attire des remontrances de la presse américaine la plus proche de lui, le New York Times, qui trouve qu’il parle comme s’il était Premier ministre du Luxembourg, et pas chef d’Etat de la première puissance du monde.

Barack dort très mal le soir. Il se sent très incompris.  

Il voulait devenir Président. Il est devenu Président. Il voulait réaliser ses rêves d’enfance, lorsqu’il lisait "les damnés de la terre" de Franz Fanon. Il retrouve un peu le sourire quand il pense à ce qu’il a fait en deux ans : « j’ai quand même semé un sacré désordre à l’échelle planétaire », se dit-il. « Ce sera un miracle si les Etats-Unis s’en relèvent ».

« J’ai aussi détérioré la machine économique et politique américaine », ajoute-t-il réconforté.  

Il songe qu’il faudra qu’on lui écrive de beaux discours pour qu’il soit réélu et puisse finir le travail. Si les discours sont beaux, il s’en sortira. S’il a encore six ans devant lui, il pourra peut-être pleinement faire plaisir à Mahmoud, Ahmadinejad, et voir enfin si c’est bien son ami d’enfance.  

Certes, il y a eu des morts, des trahisons, des mensonges, il y en aura d’autres, mais quand même, c’est une belle histoire d’amitié. Tout au moins, ce serait une belle histoire d’amitié si c’était une histoire vraie.  

Et je dois l’écrire : je ne pense pas que ce soit une histoire vraie. Barack, à l’école coranique, en Indonésie, lorsqu’il apprenait le Livre Saint par cœur, avait des amis, mais je crains qu’aucun d’eux ne se soit appelé Mahmoud. Et je ne crois pas que ce soit une amitié d’enfance qui pousse Barack à vouloir tant plaire à Mahmoud.  

J’ai fait un effort pour être gentil. J’ai dû recourir à une forme de fiction. Je n’ai rien trouvé d’autre pour être gentil avec Barack. Quand je regarde la réalité, Barack me rend plutôt furieux.  

Les journalistes qui écrivent gentiment sur Barack font eux aussi de la fiction : ce qui les différencie de moi est qu’ils prétendent décrire scrupuleusement la réalité.

Guy Millière

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