Publié par Ivan Rioufol le 6 mars 2011

Pour ceux qui, à droite et à gauche, doutent de l'utilité d'un débat sur l'islam, il suffit d'écouter le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, cité en exemple pour son "islamisme modéré" censé inspirer le monde musulman. En 2010, de passage à Paris, il avait mis en garde la communauté turque contre l'assimilation, comparée à "un crime contre l'humanité". Lors de sa dernière visite en Allemagne, cette semaine, il a été plus explicite dans le refus de s'adapter aux pays d'accueil, sinon par une "intégration" minimum. "Personne ne doit nous arracher notre culture", a-t-il déclaré devant sa communauté (2,5 millions de personnes), en ajoutant: "Je veux que les Turcs soient présents à tous les niveaux, en Allemagne, dans l'administration, la politique, la société civile".  Mais il a été encore plus loin, lundi, en déclarant que les enfants turcs "doivent  apprendre d'abord leur langue maternelle, et ensuite l'Allemand".. Erdogan a au moins le mérite d'être clair.

Il est intéressant d'examiner ses arguments différentialistes. Ils sont défendus en France par Tarik Ramadan, notamment, qui reçoit un écho très favorable dans les cités d'immigration. Erdogan en appelle d'abord au "droit international, (où) il existe une règle selon laquelle les immigrés doivent entretenir la langue et la culture de leur pays d'origine dans les pays dans lesquels ils vivent (…) Par conséquent, une politique qui consisterait à priver les immigrés de leur langue et culture serait une infraction au droit international". Il rappelle aussi que" l'islamophobie est un crime contre l'humanité, autant que l'antisémitisme ". Il voit enfin une "discrimination" dans les réticences, notamment françaises, à une adhésion de son pays à l'Union européenne. Erdogan s'était d'ailleurs énervé la semaine dernière contre Nicolas Sarkozy et son voyage éclair en Turquie: "Nous lui avons dit que son attitude concernant la Turquie est totalement erronée et nous allons l'interroger sur ce point". 

Ces comportements et déclarations aussi méprisants illustrent le complexe de supériorité des "islamistes modérés" face à une Europe déjà soumise et qui se laisse humilier sans vraiment réagir. C'est cette couardise politique qui pose un problème à la France. Est-ce aux nouvelles minorités d'imposer leurs règles au pays d'accueil ? Il serait bon d'écouter ce qu'en dit le peuple. Aucune raison ne justifie que l'islam demeure intouchable, même s'il n'est pas question d'accuser l'ensemble des musulmans de vouloir négocier leurs adhésions selon leurs intérêts. Beaucoup d'entre eux ont accepté d'emblée les règles de la République laïque. Il n'empêche qu'un message clair est à adresser à ceux qui pourraient se sentir confortés par les propos d'Erdogan ou de Ramadan. Il ne s'agit pas seulement de statuer concrètement sur les prières dans la rue, la mixité à la piscine et les repas halal dans les cantines scolaires, comme le souhaite Sarkozy. Il faut oser dire non aux prétentions et intimidations de l'islam politique.

Ivan Rioufol

L'article originale peut être consulté sur le blog d'Ivan Rioufol

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