Publié par Ftouh Souhail le 13 mars 2011

En matière de liberté de la presse, en Turquie, il faut dire qu’il y a de quoi s’alarmer.

L'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch, accuse Ankara d'avoir porté atteinte à la liberté de la presse en arrêtant dix journalistes soupçonnés d'un complot contre le régime islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Cinq journalistes, certains très connus, et un universitaire, sont actuellement en détention provisoire. Ils  ont été inculpés, cette semaine, par une Cour d'Istanbul, pour implication dans un complot présumé contre le gouvernement islamo-conservateur, au lendemain de l'inculpation de deux autres journalistes.

Jeudi, dix journalistes avaient été interpellés dans le cadre de l'enquête.

Nedim Sener et Ahmet Sik, deux autres journalistes turcs d'investigation, sont déjà inculpés par un tribunal d'Istanbul pour complot contre le gouvernement. Un groupe de journalistes a effectué un sit-in devant le palais de justice pour protester contre leur incarcération.

Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, s'est défendu, mardi 8 mars, de toute volonté de museler la presse, alors que plusieurs journalistes independants ont été inculpés, et certains incarcérés, dans le cadre d'un complot présumé contre le régime, provoquant des réactions en Turquie et à l'étranger.

"Je considère comme une insulte à mon gouvernement les accusations selon lesquelles nous tenterions de bâillonner la presse", a-t-il affirmé devant le groupe parlementaire de son Parti de la justice et du justice (AKP, issu de la mouvance islamiste).

"Les inculpations de journalistes n’ont rien à voir avec le gouvernement. C’est une décision de justice", a déclaré M. Erdogan, qui a accusé l’opposition et une partie de la presse de mener une campagne de dénigrement à l’encontre de son parti avant les élections législatives du 12 juin, où il brigue un troisième mandat (Le parlement turc a voté ce jeudi une motion fixant au 12 juin les prochaines élections législatives).

La situation de la liberté de presse est en berne, dans ce pays considéré jusqu’ici comme le seul État musulman et démocratique. Selon les organisations professionnelles, les dernières inculpations portent à soixante sept le nombre de journalistes en prison.

L’Union européenne, les Etats-Unis et les organisations internationales ont fait part de leur préoccupation quant à la liberté d’opinion en Turquie. Le président Abdullah Gül s’est pour sa part dit "inquiet" dimanche de ces développements, qui, selon lui, ternissent l’image de son pays.

Le Parlement européen a adopté, mercredi 9 mars 2011, une résolution "pour regretter le peu de progrès en Turquie en 2010", concernant sa candidature à l'Union Européenne. Le Parlement Européen a surtout exprimé sa préoccupation sur la détérioration de la liberté de presse, et d'autres droits de base, en Turquie, qui sont d'importants facteurs contre les négociations entre l'UE et la Turquie, sur la candidature de cette dernière, a déclaré le rapporteur, Ria Oomen-Ruijten.

Depuis le lancement de l’enquête sur le réseau putschiste Ergenekon, en 2007, des centaines de personnes, dont des journalistes et des militaires, ont été écrouées. La Cour européenne des droits de l'Homme avait déjà condamné la Turquie  pour sa censure médiatique, le 7 juillet dernier.

Le régime islamo – conservateur de l’AKP, dirigé par Recep Tayyip Erdogan, est loin de considérer la liberté d'information et d'expression comme fondamental.

Le président du Syndicat des journalistes turcs (TGS) a vivement critiqué l'attitude du gouvernement d'Ankara à l'égard des journalistes et de la liberté d'expression. Lors du dernier congrès, à Istanbul, des fédérations de journalistes de toute l'Europe, Ercan İpekçi a indiqué que de nombreux journalistes turcs ont été récemment réprimés et emprisonnés, à cause d'articles ''contraires à l'esprit du gouvernement''. Il a dit craindre que le Premier Ministre et son parti ne tentent de prendre le contrôle démocratiquement en Turquie, à "l'instar d'Adolf Hitler avant la Seconde Guerre mondiale".

Ftouh Souhail, Tunis

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