Publié par Michel Garroté le 23 avril 2011

Le polar de Benoît XVI met fin au Juif déicide

Par Michel Garroté

Pour Philippe Sollers, Benoît XVI écrit, avec le deuxième tome de son livre ‘Jésus de Nazareth’, « un ahurissant roman policier et métaphysique, qui va de la crucifixion à la résurrection » et qui met fin au « Juif déicide ». Philippe Sollers commente le livre de Benoît XVI – dans Le Nouvel Observateur ! – et il est rarissime que je cite cet hebdomadaire français d’extrême-gauche en voie de disparition. Comme quoi les voies de Dieu sont – en effet – impénétrables.

Mais avant de reproduire, ci-dessous, la réflexion de Philippe Sollers sur le deuxième tome du livre de Benoît XVI, ‘Jésus de Nazareth’, j’aimerais, d’abord, reprendre quelques extraits de deux méditations faites par Benoît XVI, hier, 21 avril 2011, lors du Jeudi Saint.

D’abord, quelques extraits de l'homélie de la Messe chrismale, jeudi matin : « Ouvrons-nous aux hommes l'accès à Dieu ou plutôt ne le cachons-nous pas ? Ne sommes-nous pas, nous – peuple de Dieu –, devenus en grande partie un peuple de l'incrédulité et de l'éloignement de Dieu ? N'est-il pas vrai que l'Occident, les Pays centraux du christianisme sont fatigués de leur foi et, ennuyés de leur propre histoire et culture, ne veulent plus connaître la foi en Jésus Christ ? Nous avons raison de crier vers Dieu en cette heure : Ne permets-pas que nous devenions un non-peuple. Fais que nous te reconnaissions de nouveau. En effet, tu nous as oints de ton amour, tu as posé ton Esprit-Saint sur nous. Fais que la force de ton Esprit devienne à nouveau efficace en nous, pour que nous témoignions avec joie de ton message ».

Ensuite, quelques extraits de l'homélie de Benoît XVI lors de la messe de la Cène le jeudi soir : « Nous tous nous devons toujours à nouveau apprendre à accepter Dieu et Jésus Christ tel qu'il est, et non tel que nous voudrions qu'il soit. Nous aussi nous avons du mal à accepter qu'il se soit lié aux limites de son Église et de ses ministres. Nous non plus nous ne voulons pas accepter qu'il soit sans pouvoir en ce monde. Nous aussi nous nous cachons derrière des prétextes, lorsque notre appartenance au Christ devient trop coûteuse et trop dangereuse. Nous tous nous avons besoin de conversion pour accueillir Jésus dans son être-Dieu et son être-Homme. Nous avons besoin de l'humilité du disciple qui observe la volonté du Maître. En cette heure, nous voulons le prier de nous regarder nous aussi comme il a regardé Pierre, au moment propice, avec ses yeux bienveillants, et de nous convertir ».

A propos du deuxième tome du livre de Benoît XVI, ‘Jésus de Nazareth’, Philippe Sollers écrit : « Ce Benoît XVI est étrange : il a compris et vérifié que presque plus personne ne savait qui était exactement son Dieu, pourtant célébré, chaque jour, aux quatre coins de la planète. Il s’est donc mis, avec humilité, au travail, d’où ce deuxième volume, intitulé, lui aussi, « Jésus de Nazareth ». Il suit le personnage principal, depuis sa montée triomphale à Jérusalem, jusqu’à son procès, sa crucifixion et sa résurrection. Il s’ensuit un polar métaphysique ahurissant, le contraire d’un film (et Dieu sait s’il y en a eu sur cette affaire qui occupe les siècles !), parce que vécu de l’intérieur. Le pape lit, raconte, commente avec clarté, il connaît sa Bible et ses Evangiles sur le bout des doigts, aussi à l’aise avec l’hébreu qu’avec le grec, en finit avec le cliché des « juifs déicides », décrit le contexte politique de l’époque, mais pour insister sur le fait que l’événement Jésus ne doit pas être imaginé au passé, mais maintenant, ici, tout de suite » (Note de Michel Garroté – En effet, Benoît XVI en finit avec le cliché des « juifs déicides » ; à noter qu’au plan strictement théologique, l’Eglise catholique n’a jamais publié le moindre dogme accusant les Juifs d’être « déicides » ; au contraire, Saint Bernard, pour ne citer que lui, a insisté sur l’origine juive du christianisme ; cela n’a – hélas – pas empêché des « ministres de l’Eglise », pour reprendre la formule que Benoît XVI a utilisée hier, lors de la messe de la Cène, de raconter des sornettes – dévastatrices – à ce sujet).

Philippe Sollers : « Vous êtes écrasés par l’idée de la mort ? Vous haussez les épaules si on vous parle de «vie éternelle»? La vie éternelle n’est pas ce qu’on croit : « L’expression “vie éternelle” ne signifie pas – comme le pense peut-être d’emblée le lecteur moderne – la vie qui vient après la mort, alors que la vie présente est justement passagère et non pas une vie éternelle. “Vie éternelle” signifie la vie elle-même, la vraie vie, qui peut être vécue aussi dans le temps et qui ensuite ne s’achève pas par la mort physique. C’est ce qui nous intéresse : embrasser d’ores et déjà “la vie”, la vraie vie, qui ne peut plus être détruite par rien ni par personne ». Les premiers chrétiens, rappelle le pape, se sont nommés eux-mêmes « les vivants », suivant la parole extraordinaire du Christ rapportée par Jean : « Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ». On voit l’ampleur du blasphème pour tous les amis ou les gestionnaires de la mort. Staline n’avait pas tort de demander « le pape, combien de divisions ? », en ajoutant « à la fin, c’est toujours la mort qui gagne ». Hitler, dans son genre, s’est acharné à prouver qu’il était un grand prêtre déchaîné de la mort » (Note de Michel Garroté – Hitler a proclamé, par oral et par écrit, qu’après le peuple juif, il s’en prendrait à l’Eglise catholique ; cela n’a – hélas – pas empêché des « ministres de l’Eglise », pour reprendre la formule que Benoît XVI a utilisée hier, lors de la messe de la Cène, de chercher dans le national-socialisme un rempart contre les adversaires, présumés ou réels, de l’Eglise).

Philippe Sollers : « Mais Dieu est « le Vivant », et, contre toute attente, il y a encore des papes. Le dernier en date, très différent de son bienheureux prédécesseur, est un théologien subtil et d’un rare talent narratif. Il n’hésite pas, à propos de la Résurrection, point clé du récit, à parler d’une « mutation décisive ». Le nouveau Temple est le lieu d’une adoration « en esprit et en vérité », et le corps du Ressuscité, qui ne doit plus rien à la biologie, est un saut qualitatif dans le flux des générations humaines. Il ne vient pas du monde des morts, ce n’est ni un « esprit » ni un fantôme, ses manifestations, après sa résurrection, montrent la surprise des témoins qui ne le reconnaissent pas d’abord, mais seulement quand il disparaît (séquence des pèlerins d’Emmaüs, scène inouïe des pêcheurs sur la plage). Le pape écrit : « Il est totalement corporel, et, cependant, il n’est pas lié aux lois de la corporéité, aux lois de l’espace et du temps ». C’est là où la science, ou le simple bon sens crient au délire, mais c’est là aussi que toutes les dérives mystiques ou spiritualistes viennent buter sur un fait matériel d’une totale nouveauté » (Note de Michel Garroté – Cela dit, le Dieu des catholiques reste « Un seul Dieu ». En trois personnes, certes, mais un seul Dieu. C’est donc bien du monothéisme dans la lignée juive et non pas du polythéisme dans la lignée païenne).

Philippe Sollers : « Et sur quoi vous fondez-vous pour affirmer cette révélation folle qui chemine, presque inaperçue au début, et de plus en plus combattue ensuite ? Oui, sur quoi ? Sur la Parole. Le personnage dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ». Le pape souligne : « La parole est plus durable et plus réelle que le monde matériel tout entier ». Au pays des morts, ici, seule la parole est vivante. Comment un écrivain pourrait-il ne pas sentir ça ? Il fait nuit, nous voyageons le plus souvent entre des massacres et des catastrophes, le Diable veille, son nom est Désespoir, mais personnellement, je trouve bon qu’une petite lumière reste allumée, très longtemps, à Rome, et qu’un vieil homme en blanc continue à méditer son fabuleux polar », conclut Philippe Sollers (Note de Michel Garroté – Encore un point commun avec le judaïsme ; la parole de Moïse, la Parole des prophètes ; de la Parole et non pas « du livre », terme ambigu qui permet d’associer le judaïsme et le christianisme à l’islam).

Référence pour le livre « Jésus de Nazareth, De Nazareth à Jérusalem », par Benoît XVI, Edition du Rocher :

http://www.amazon.fr/Jésus-Nazareth-à-Jérusalem/dp/2268070794

Source pour les deux méditations de Benoît XVI le Jeudi Saint :

http://www.evangelium-vitae.org/actualite/1373/nous-nous-cachons-derriere-des-pretextes-lorsque-notre-appartenance-au-christ-devient-trop-couteuse.htm

Source pour Philippe Sollers – Le Nouvel Observateur du 14 avril 2011 :

http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20110406.OBS0858/le-polar-du-pape-par-philippe-sollers.html

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