Publié par Guy Millière le 8 mai 2011

Binyamin Netanyahu tient un langage diplomatique : c’est son rôle. Je ne suis, moi, sur Dreuz.info, tenu par aucune nécessité de m’en tenir à des mots feutrés.  

Nicolas Sarkozy, recevant récemment le Premier ministre israélien a encore parlé de « processus de paix », d' « initiatives » qu’Israël devrait prendre, sans quoi, a-t-il ajouté, « la France prendra ses responsabilités sur la question centrale de la reconnaissance de l’Etat palestinien ».  

De qui se moque-t-il ? 

Parler de « processus de paix » alors que le Hamas et l’Autorité Palestinienne viennent de passer un accord de gouvernement, et viennent, l’un comme l’autre (la seconde par l’intermédiaire des très « modérées » et très laïques brigades des martyrs d’al Aqsa) d’honorer la mémoire d’Oussama Ben Laden ? De quelle paix s’agit-il au juste ? Par ailleurs, quelles initiatives Israël devrait prendre ? S’excuser d’exister ? Procéder à un suicide collectif ? Enfin, que signifie une phrase disant que la France prendra ses responsabilités ? Qu’elle adoptera la position de la carpette islamique ? Dois-je l’ajouter ?  En quoi la reconnaissance de l’Etat palestinien est-elle centrale ?  

L’est-elle parce que la France, l’Europe et les Etats-Unis assistent quasiment sans dire un mot aux massacres organisés en Syrie ? L’est-elle parce que la France s’est embarquée dans une équipée trouble à Benghazi ? L’est-elle parce que, depuis que les Frères musulmans se rapprochent du pouvoir en Egypte et que l’armée égyptienne ouvre sa frontière avec Gaza, la France découvre les vertus du dialogue avec les islamistes ? L’est-elle plutôt parce qu’il y a beaucoup plus d’électeurs musulmans que d’électeurs juifs en France et qu’il y a une élection présidentielle dans un an ?  

Nicolas Sarkozy est, paraît-il, un ami d’Israël. Que devrait-on entendre sortir de sa bouche s’il était hostile à Israël ?  Je n’ose l’imaginer.  

C’est à force de dire tout et son contraire, de se contredire sans cesse, de se montrer velléitaire, agité, volontariste sans avoir la volonté ou sans avoir les moyens, que Nicolas Sarkozy en est arrivé à ces records d’impopularité. Il pourrait au moins essayer de finir son mandat dignement. Ses déclarations concernant Israël et le Proche-Orient sont indignes.  

Que lui manque-t-il pour dire que le Hamas est une organisation terroriste aux intentions génocidaires et que l’Autorité Palestinienne est complice de terroristes ? Je connais la réponse : il lui manque du courage.  

Que lui manque-t-il pour dire qu’il n’y a pas de processus de paix et que si tant est qu’il y en ait eu un, ne serait-ce qu’un seul jour (ce que je ne pense pas), ce processus est mort ? La réponse serait la même qu’à la question précédente.  

Que lui manque-t-il pour dire que prendre ses responsabilités impliquerait de dire qu’il est hors de question que la France puisse reconnaître un Etat terroriste, même si la reconnaissance en question n’est qu’un morceau de papier ?  La réponse serait la même encore.  

Je ne puis avoir de respect que pour les hommes politiques qui ont une éthique, une droiture, et, oui, du courage. Il y en a peu. Ceux qui ont réuni ces trois qualités ces dernières décennies ? Ronald Reagan, Margaret Thatcher, George Walker Bush, Menahem Begin. Quoi qu’on en dise ici ou là, je pense être enclin à rajouter Binyamin Netanyahu à la liste. J’aimerais l’entendre parler plus clairement et de manière plus tranchée, mais sa position n’est pas facile.  

J’aimerais avoir du respect pour Nicolas Sarkozy. A l’impossible, nul n’est tenu. Je pense que beaucoup de gens se détournent de Nicolas Sarkozy parce que leur déception est à la mesure de l’espoir initial qu’ils ont pu avoir en lui.  

Le plus triste est que ses adversaires potentiels risquent d’être pires que lui. Ce n’est pas une consolation.  

Quand Nicolas Sarkozy ne sera plus Président, Binyamin Netanyahu pourrait lui conseiller quelques livres sur l’histoire du Proche-Orient. Nicolas Sarkozy pourrait y apprendre qu’il existe déjà un Etat palestinien, que l’OLP a été créée pour être un instrument de destruction d’Israël, qu’il n’y a jamais eu de « frontières » de 1967, qu’avant 1967, la Judée-Samarie était annexée par la force par la Jordanie et que nul n’y parlait alors de « territoires palestiniens ». Mais je doute que Nicolas Sarkozy veuille s’instruire. Il fait de la politique politicienne. Dans un pays où les journalistes font du journalisme journalistique et se moquent bien de ne pas informer la population, c’est logique.  

Tout le reste découle et s’écoule comme une longue déliquescence.  

Guy Millière.  

PS :  Un communiqué sur le site du Ministère des Affaires Etrangères stipule que « la France se félicite de la réconciliation interpalestinienne » et est prête à « travailler avec un gouvernement d’unité ». Il y a un autre mot que travailler qui peut s’utiliser en pareil cas. Comment disait-on il y a soixante dix ans ?  Collaborer, je crois.

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