Tout est choquant. A commencer, bien sûr, par l'image de Dominique Strauss-Kahn quittant ce lundi matin, le regard fixe et noir sous les caméras des télévisions et les appareils des photographes, le commissariat de Harlem (New-York), les mains entravées dans le dos par des menottes, entouré par deux policiers en civil qui le poussent à l'arrière d'une voiture banalisée comme ils le font pour le dernier des truands. Pour la justice américaine, qui a inculpé dimanche le patron du FMI d'acte sexuel criminel, de tentative de viol et de séquestration, après la plainte d'une femme de chambre de l'hôtel Sofitel de Times Square, DSK est déjà considéré comme présumé coupable alors que lui-même se dit innocent. Cette humiliation publique, résultat de la procédure accusatoire et de son hyperréactivité contre les comportements sexuels déviants, vient heurter une culture française moins puritaine et des pratiques judiciaires moins brutales. Pour ma part, je trouve injuste cette mise à terre d'un homme qui ne s'est pas encore défendu.
Cependant, comment ne pas être choqué aussi par l'indifférence portée par la classe politique à cette jeune femme qui assure avoir subi les assauts sexuels d'un DSK tout juste sorti de sa douche, alors qu'elle s'apprêtait à faire la chambre qu'elle pensait libérée à midi? Comment ne pas être choqué par le comportement de ces socialistes suggérant un complot de l'UMP, voire un complot international? Comment ne pas être choqué par l'attitude du deux poids deux mesures qui autorise le PS donneur de leçons à accabler Nicolas Sarkozy de toutes les cupidités, en présentant en retour le favori des sondages pour la présidentielle comme un homme exemplaire? La gauche a évidemment raison de réclamer le respect de la présomption d'innocence. Mais je n'ai pas souvenir de l'avoir entendu défendre ce principe s'agissant, par exemple, d'Eric Woerth. Et j'ai encore en mémoire ses indignations de chaisière contre Silvio Berlusconi, accusé de parties fines par la rumeur. DSK serait-il intouchable ?
Avec l'arrestation de Strauss-Kahn, c'est la France qui est humiliée aux yeux du monde. Or nombreux sont les Français qui n'en peuvent plus de la légèreté de ces élites qui prétendent gouverner le peuple alors qu'elles se montrent incapables de se maîtriser elles-mêmes. Si DSK ne parvient pas à se sortir rapidement de ce cauchemar, né d'une possible addiction, il pourrait bien devenir un prétexte supplémentaire au rejet populaire de la France d'en haut; celle qui se serre les coudes y compris face à l'exigence démocratique de la justice américaine. Au point d'en oublier la vraie victime. Oui, tout me choque.
Ivan Rioufol
L'article original peut être consulté sur le blog de Ivan Rioufol
Je participerai, ce lundi soir, à un débat sur Itélé (19h-19h30)
Je participerai, mardi, à On refait le monde, sur RTL ( 19h10-20h. Dernière minute: annulé.
Dernière heure: je participerai, ce mardi, à "C dans l'air", sur France 5 (17h45-19h).
Ma participation à On refait le monde est repoussée à vendredi.
Cher Ivan,
Je vomis les hommes comme DSK de toutes mes tripes, même si j’hésitais à voter pour lui face à l’incurie, à la lâcheté et aux mensonges de l’actuel président de la république qui ne vaut pas mieux.
Cela dit, je respecte au mieux la présomption d’innocence, y compris dans l’affaire du Médiator et de Jacques Servier, ce dernier étant lynché avec allégresse par toute la classe politique, les socialistes les premiers.
Cela dit, après avoir cru largement possible la thèse généralement évoquée sur DSK, je commence à me poser des questions en considérant qui est la victime-accusatrice.
Elle est Ghanéenne, francophone, et pieuse musulmane (dixit son frère). Pourrait-on envisager non pas un complot, mais une action isolée de quelqu’un ne souhaitant pas voir un juif à la tête de la France ?
Si j’étais avocat de la défense, je m’informerai pour savoir si elle n’a jamais tenu des positions antisémites, et de son niveau d’études, pour pouvoir écarter cette éventualité et avoir l’esprit tranquille de ce côté-là.
Cordialement,
Thot