Lorsque je lis les clichés réducteurs de ceux qui décrivent les Etats Unis comme une sous-culture, ou pire, je me souviens de mes années de vie à Los Angeles, symbole de la sous-culture qui les fait ricaner.
Je les entends, et je souris comme on sourit lorsqu'un enfant vous dit "c'est très mauvais" parce qu'il n'aime pas son plat.
Il y a plus d'écrivains à Los Angeles que dans n'importe quelle ville au monde. Il y a plus de musiciens et de danseurs (et je ne parle pas de danseurs de Street Dance et de musiciens de Rap) à Los Angeles que dans n'importe quelle ville au monde, mais aussi qu'à n'importe quelle période de l'histoire de l'humanité.
A Los Angeles, il y a plus de 1000 théâtres, plus de 1100 Productions théâtrales par an, plus de 20 premières de théâtre chaque semaine, et, pour l'avoir vécu, les théâtres affichent souvent complet.
A Los Angeles, il y a 841 musées et galeries d'art. Paris en a à peine 200, et ce chiffre cache une réalité encore plus triste : les clients ne sont pas tous français, plus du tiers des ventes est fait à l'export.
En fait, Los Angeles a plus de musées par habitant que n'importe quelle ville au monde, et comme Los Angeles n'est pas la ville la plus visitée, ni la plus réputée pour sa culture, ce sont les américains leurs premiers visiteurs.
Cela justifierait un peu d'humilité, de la part des français. Mais non.
J'entends également les français rire des américains "qui ne sont pas fichus de placer la France sur une carte".
Dix Huit des vingt meilleures universités au monde sont américaines (2). La première française arrive à la 39e place… l'ENA, notre fleuron est au 71e rang mondial. Cinq des vingt meilleures universités du monde sont en Californie.
Cela justifierait un peu d'humilité, de la part des français. Mais non.
Les habitants de Los Angeles qui ont une carte de bibliothèque empruntent en moyenne 8 livres par personne par an (3). Les parisiens … 1 livre par an par personne (4).
Cela justifierait un peu d'humilité, de la part des français. Mais non.
Les français portent des Jeans (américains) des chaussures Nike (américaines), mangent au Mac Do (américain), boivent du Coca Cola (américain), écoutent du Jazz (américain), ou du R&B (américain), ou du Rap (américain). Le film préféré des français de ces dernières années est Gran Torino (américain) de Clint Eastwood (américain), et LE film culte français est Pulp Fiction (américain). Les femmes aiment George Clooney (américain), les jeunes aiment Mickey (américain), et tout le monde est scotché devant les séries (américaines), en expliquant que la culture (américaine) est débile.
Mais l'art et la culture n'expliquent pas pourquoi j'ai choisi les Etats Unis et pas la France, même si je suis un grand amateur d'art, et un grand consommateur de musées.
Lorsque je vivais en France, mon entourage me disait : "si tu trouves que c'est mieux là bas, et bien vas-y !". Mais comme je n'en fais qu'à ma tête, ce n'est pas pour cela que je suis parti vivre aux Etats Unis.
Si j'ai choisi les Etats Unis, ce n'est pas non plus parce que là bas, les fonctionnaires font de leur mieux pour m'aider, car ils ont présent à l'esprit que je paye leur salaire, alors qu'en France, j'ai toujours eu l'impression que c'était à moi de me mettre au service des exigences de l'administration.
Ni parce que là bas, les synagogues et les écoles juives ne sont pas gardées par des commandos anti-terroristes, ou que les fêtes juives sont mentionnées dans les calendriers, ou que la plupart des municipalités fêtent Noël et Hanouka.
Non. Si j'ai choisi l'Amérique, c'est entre autres parce que, dès ma première visite, en touriste, j'ai senti couler dans les veines de ce pays quelque chose que je n'avais jamais ressenti en France, et qui se résume assez bien dans le premier amendement de la constitution :
« Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion, (aucune loi) qui interdise le libre exercice d'une religion, (aucune loi) qui restreint la liberté d'expression, ni la liberté de la presse, ni le droit du peuple de s'assembler paisiblement, ni celui de se plaindre du gouvernement pour la réparation des fautes dont il se sent victime (sans risque de punition ou de représailles) »
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© Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info
J’en suis très heureux pour vous Mr Grumberg.