Publié par Michel Garroté le 17 août 2011

 

Michel Garroté  Pourquoi l’avocat de Nafissatou Diallo, Me Kenneth Thompson a-t-il reçu dans son bureau des journalistes de l’hebdomadaire français L’Express ? Et de quel droit leur a-t-il remis une copie du « rapport médical » (cf. l’analyse ci-dessous) de l’agression présumée contre sa cliente ? Un tel « rapport médical » ne relève-t-il pas de la sphère privée ? Et n’est-il pas, en l’espèce, destiné aux autorités judiciaires ? Le procès de DSK, selon les méthodes de Me Thompson, est-il appelé à se tenir dans les colonnes de L’Express et autres médias écrits et audiovisuels ? N’y a-t-il plus de présomption d’innocence ?

N’y a-t-il plus de devoir de réserve lorsqu’une procédure judiciaire est en cours ? N’y a-t-il plus d’Etat de droit ? Le fait que Nafissatou Diallo est Africaine et musulmane implique-t-il automatiquement qu’un agresseur présumé, de race blanche et d’origine juive, est forcément coupable avant même que la justice n’ait tranché ? Les mensonges et les activités illégales de Nafissatou Diallo autorisent-ils celle-ci à mener le procès de DSK dans les médias et non pas dans un prétoire ? Le fait que Nafissatou ait souvent menti dans le passé et qu’elle ait mené des activités illégales ne devraient-ils pas inciter l’intéressée à se taire jusqu’au moment des audiences devant la cour de justice ?

Selon un rapport médical de l'hôpital où a été admise Nafissatou Diallo (curieusement le « rapport » figure sur le site de L’Express), il y a eu "agression" et "viol". Mais déjà, les avocats de DSK remettent en cause la crédibilité de ce constat, qu'ils considèrent comme vide. Les chroniqueursAndré Sillam et Jean-Marcel Bouguereau s'interrogent eux aussi.

André Sillam : « Sur le site de L'Express, le mardi 16 août 2011, on découvre que Kenneth Thompson, l'avocat de Nafissatou Diallo, a reçu un journaliste de l'hebdomadaire dans son bureau.

Sur la table se trouve l'une de ces fiches médicales à la mise en page ésotérique, les "sexual assaults forensic exams notes", les notes médico-légales d'agression sexuelle établies et archivées sur une dizaine de pages par le service des urgences de l'hôpital St Luke's Roosevelt de Manhattan du samedi 14 mai 2011, diffusées partiellement, qui interpellent sur les points suivants :

1. On notera que la femme de chambre est "arrivée en ambulance". Pourtant, elle était "alerte et capable de se déplacer seule",comme l'indiquent les premières lignes du rapport ;

2. On remarquera que des paragraphes entiers sont déclaratifs et n'ont aucune valeur probatoire, puisque l'Express précise, entre autres : "Le rapport médical cite les propos des ambulanciers assurant qu''elle est une femme de ménage du Sofitel qui a subi une agression sexuelle par l'occupant d'une chambre et qu'elle se plaint aussi d'une douleur à l'épaule gauche'. Ils répètent la description que Nafissatou Diallo leur a faite de l'incident pendant le transport vers l'hôpital : 'Il m'a poussée vers le bas et m'a enfoncé son pénis dans la bouche'". "Le médecin écrit : 'confusion, douleurs musculaires, tension.' Il précise qu'elle réitère la même description de l'agression sexuelle: "La patiente déclare : 'Il m'a poussée vers le bas et m'a enfoncé son pénis dans la bouche'", lit-on encore dans L'Express.

3. En consultant le site de L'Express, le 16 août 2011, on peut penser, apparemment, que la réponse de la femme de chambre a été négative à la question posée par le personnel des urgences de l'hôpital qui demande à Nafissatou : si elle souhaite attendre l'arrivée d'un "Safe" (sexual assault forensic examiner), un infirmier ou un interne spécialisé dans l'examen médico-légal des agressions sexuelles. Considérait-t-elle qu'elle n'avait pas besoin, d'un "interne spécialisé dans l'examen médico-légal des agressions sexuelles", si sa réponse a été négative à la question évoquée par L'Express ?

4. Le fait que le médecin décrive de manière succincte le comportement de la victime qui "relate l'incident sur un mode narratif" est intéressant ; cela rappelle la manière dont la femme de chambre a fait la description à ABC Newsle mardi 26 juillet 2011, comme si elle racontait une histoire alors qu'elle est censée avoir subi, elle-même, une agression sexuelle 4 heures avant (le rapport médical ayant été enregistré à 15h59 ce samedi 14 mai 2011) ;

5. Dans la description de l'agression sexuelle qui aurait été pratiquée à l'hôtel, il y a une certaine incohérence, lorsque le rapport médical mentionne, comme le rapporte L'Express : "Elle s'interrompt, marque des pauses, en décrivant l'acte de fellation. (…) 'L'homme nu aux cheveux blancs verrouille la porte et l'entraîne sur le lit' pour une première tentative, puis au fond du couloir, où il déchire ses collants, saisit 'la partie extérieure de sa zone vaginale', 'enfonce profondément son pénis dans sa bouche en la saisissant par les cheveux'. Jusqu'à l'émission du sperme dont elle décrit le goût et 'qu'elle crache sur la moquette'". D'après ce que j'en lis, aucun élément médical ne prouve que cette fellation n'ait pas été consentie, il s'agit uniquement de déclarations de la victime présumée (pas de blessure ou de griffure de DSK à son sexe, par exemple).

Des questions dans plusieurs domaines se posent :

– Pourquoi DSK aurait-il eu besoin de saisir la partie externe du vagin de la femme de chambre, pour une fellation ?

– Qu'a-t-elle fait avant de cracher le sperme dont la description du goût est le seul élément concret amené ?

– Faut-il que la relation ait duré un certain temps pour qu'il y ait eu émission de sperme ?

– Etait-elle menacée pendant la relation sexuelle et par quoi ?

– Dans quelle position était DSK au moment de la fellation pour pouvoir la maintenir avec force ?

6. Le rapport médical décrit aussi la zone vaginale de la victime présumée. Le médecin note une "rougeur sur la fourchette" du vagin. Et L'Express d'indiquer : "Le rapport conclut: 'Diagnostic : agression. Cause des blessures : agression. Viol'" A cette partie finale du rapport médical, on peut faire les réponses suivantes :

– L'accusation ne porte pas sur une pénétration vaginale inexistante, si l'on s'en tient aux déclarations de la présumée victime reproduites dans le rapport médical, mais sur une fellation.

– De plus, dans ce rapport médical, il est fait état d'un organe externe, la fourchette arrière (partie arrière de la vulve) où le praticien constate "une rougeur" mais sans mention de pénétration.

– Or, le rapport médical fait état de "viol" après des constatations superficielles. Pour qu'il y ait viol, dans le droit français, il faut qu'il y ait "pénétration sexuelle". Donc au regard du droit français, on ne peut parler de viol (aucune constatation médicale ne permet d'affirmer qu'il y a eu fellation forcée, seules les déclarations de Nafissatou Diallo l'attestent).

– Cependant au regard du droit américain, dans l'Etat de New York, un attouchement sexuel non consenti est considéré comme un viol. Donc au regard du droit américain, on peut comprendre pourquoi les médecins évoquent le terme de "viol". Les services d'urgence, souvent débordés, ne peuvent pas toujours prendre le temps d'examiner une patiente et disséquer les termes adéquats à faire figurer dans un rapport pré-imprimé. En tout état de cause, une contre-expertise n'a pas été pratiquée.

7. On notera que, dans ce rapport médical, il n'est pas fait mention de prélèvement de sperme, de traces ADN sur le corps de la présumée victime, ce qui est pourtant essentiel pour connaître la provenance des éléments matériels ayant pu être constatés ; on aurait pu ainsi effectuer des prélèvements sur la vulve de Mme Diallo pour vérifier que l'attouchement sexuel avait bien été effectué par DSK.

8. Enfin, ce rapport médical ne semble pas comporter la signature et la qualité de la personne qui a rempli ce questionnaire : s'agit-t-il d'"un infirmier ou d'un interne "spécialisé dans l'examen médico-légal des agressions sexuelles" ?

Hors rapport médical, les questions qui se posent.

Juste après, la présumée agression, le samedi 14 mai 2011, avant et après 12h28 :

– Pourquoi la femme de chambre a-t-elle fait le ménage, rapidement, dans la suite d'à côté puis est-elle revenue dans la suite 2806 pour finir le ménage, au lieu de porter plainte auprès de sa direction ?

– Pourquoi la femme de chambre a-t-elle laissé partir DSK, peu avant 12h28, samedi 14 mai 2011, lorsqu'elle "le voit partir habillé" avec ses valises debout devant l'ascenseur du 28ème étage (déclaration à ABC News, le 26 juillet 2011) ?

– Comme elle l'a déclaré, elle-même, également à ABC News, le mardi 26 juillet 2011, elle a appris par sa collègue de travail que le monsieur qui occupait la suite 2806 était "quelqu'un de très important", juste après avoir vu partir ce client (soit peu après 12h28) ; c'est cette information fondamentale qui va déterminer la suite de l'affaire (plainte à l'hôtel puis au commissariat, rapport à l'hôpital et communication téléphonique accablante à son fiancé dans une prison d'Arizona, dimanche 16 mai 2011 : "Ce type a de l'argent. Je sais ce que je fais !"). [Ce fait a été démenti par Kenneth Thompson dans une interview à L'Express, ndlr].

Le récit de la victime présumée, recueilli dans le rapport médical, le 16 mai 2011 a été "reproduit dans le texte de la plainte civile déposée en son nom par Kenneth Thompson". Ainsi l'avocat de Nafissatou Diallo essaie de faire coup double : essayer de faire condamner, partiellement, DSK avant une possible levée des chefs d'inculpation par le procureur de New York, mardi 23 août 2011, au pénal et tenter d'obtenir des dommages et intérêts au civil. Nous rappellerons sans les détailler les aspects autres que médicaux de la femme de chambre : mensonges sur d'autres présumés viols lors de sa demande de droit d'asile, sur une excision inexistante, sur 100.000 dollars déposés en liquide sur son compte en banque par un trafiquant de drogue, sur ses cinq portables, sur une fausse déclaration fiscale, sur une fausse déclaration pour toucher des allocations… », conclut André Sillam.

Michel Garroté http://dreuz.info/

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/183207;dsk-diallo-que-prouve-vraiment-le-rapport-medical.html

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