Publié par Ivan Rioufol le 26 août 2011

 

Il est inexact de dire que Dominique Strauss-Kahn a été innocenté, acquitté, relaxé ou blanchi, comme cela s'entend au PS et chez des journalistes affiliés. La solution retenue par le piètre procureur de Manhattan, Cyrus Vance, d'abandonner les poursuites et donc de renoncer au procès, de peur de voir sa propre réputation mise en cause en cas qu'acquittement de DSK, oblige ce dernier à assumer son statut de possible violeur. Il s'en défendra bien sûr. Mais le doute demeurera sur les faits du 14 mai, dans une chambre du Sofitel de New-York, entre lui et Nafissatou Diallo. Le rapport sexuel avéré, qualifié de "précipité" par le procureur (moins de dix minutes), a-t-il été ou non consenti ? La réponse à cette question essentielle ne sera pas donnée par la justice américaine, Vance ayant préféré jeter le gant devant certains mensonges annexes de la plaignante, tout en suggérant ce rapport "probablement" non consenti. En réalité, rien ne s'opposait juridiquement à ce procès, qui aurait pu être profitable à l'accusé. C'est un choix politique qui semble avoir dicté la décision de l'indécis procureur, prioritairement soucieux de sa propre image. Il n'est pas dit qu'il s'en sorte grandi.
 
En fait, il y a une perversion dans l'élection des magistrats aux Etats-Unis, ce gage de leur indépendance présumée. Autant le système américain s'est montré exemplaire dans son souci de traiter sur un pied d'égalité un des hommes les plus puissants de la planète et une femme de chambre venue d'un hameau d'Afrique, autant il apparaît critiquable dans son souci inhérent de se justifier auprès d'un électorat pouvant s'identifier aux acteurs d'un procès. En l'occurrence, le procureur a donné le sentiment d'avoir surtout eu à l'esprit sa réélection dans deux ans, qui aurait été rendue plus aléatoire en cas de rejet de ses accusations devant un jury populaire. La personnalité de Strauss-Kahn a forcément été un argument dans sa décision de renoncer aux poursuites. En tout cas, ce système électif est encore plus contestable que le lien hiérarchique qui soumet, en France, le parquet au pouvoir exécutif, dans la mesure où ce système électif conforte le pouvoir des juges, dont certains  peuvent se révéler sans discernement ni courage.
 
Reste la suspicion qui demeura sur DSK, victime de sa propre légèreté, de son goût du luxe et d'une addiction sexuelle problématique. Ce poids sera, on peut le supposer, une entrave à ses possibles ambitions ultérieures. Je n'imagine pas le futur candidat socialiste à la présidentielle attendre impatiemment son soutien. D'autant que l'ancien favori de la gauche, qui s'est dit hier victime d'une "épreuve terrible et injuste", risque de se mettre à dos, en France, une partie de l'électorat des femmes, des jeunes et des nouvelles minorités ethnico-religieuses que le groupe de réflexion Terra-Nova, proche de DSK, se proposait de solliciter pour l'avenir. Cet électorat majoritairement communautariste, préféré par le think-tank à l'ancien électorat populaire considéré comme perdu pour la gauche, ne peut que se sentir solidaire de Nafissatou Diallo, cette plaignante qu'un DSK désormais libre accuse d'avoir menti, et une bonne partie du PS avec lui. 
 
© Ivan Rioufol
 

L’article original peut être consulté sur le blog d’Ivan Rioufol

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