Publié par Michel Garroté le 13 septembre 2011

Liberté, égalité, banané.

Michel Garroté – N’est pas forcément moins bananière que les autres, la République à laquelle on pense en bien. En effet, si certaines républiques africaines sont bananières, notamment au sens agricole du terme, d’autres républiques, non productrices de bananes, n’en sont pas moins bananières jusqu’à l’os, au sens corruptible et périssable du terme.

A cet égard, j’ai lu, ça et là, sur le wire et sur le net, divers commentaires, à propos des révélations, tardives et ambigües, de l’avocat franco-libanais africanoïde, Me Robert Bourgi, concernant la Françafrique. Commentaires dont je reproduis, ci-dessous, en vrac, quelques extraits adaptés ; y compris, quelques extraits, on va dire, « assez comiques »…

Qui sera élu banane en 2012 ?

 

Il y a quelque temps déjà, l’on pouvait lire, dans un hebdomadaire, en substance, ceci : pourquoi Robert Bourgi, gardien de tous les secrets du village franco-africain, parle-t-il enfin ? D'abord parce que, à 63 ans, il en a envie, et parce qu'il en a besoin. Messi dominici du pré carré africain, il en a assez de cette réputation sulfureuse et de passer pour un pourri. Le chef de la barbouzerie, comme on dit, est un peu amer, dans son bureau cossu du 16e arrondissement où s'alignent les photos de ses rencontres avec les grands de ce monde.

Trop longtemps il a dû garder le silence, accepter d'être un incompris. Il en a assez, aussi, qu'on l'associe aux intermédiaires louches, à ces affairistes sans foi ni loi qui écument l'Afrique noire en quête de fortune et de gloire. Il travaille seul, mais pas en franc-tireur. En intermédiaire mandaté, patenté. Car Me Bourgi est de l'ancienne école. Depuis de Gaulle, il travaille pour la France. Il est le dernier des Mohicans, le survivant du réseau. Celui de son maître, Jacques Foccart, moine-soldat du gaullisme et grand ordonnateur des relations avec l'Afrique du Général.

Robert Bourgi a donc semé la pagaille à droite en accusant Chirac et de Villepin d'avoir reçu des financements africains occultes. A quoi joue cet émissaire officieux de la Sarkozie en Afrique ? Voici les liens étroits qui unissent Bourgi à Sarkozy : décrit simplement comme le successeur de Jacques Foccart, l'homme est depuis devenu un proche de Nicolas Sarkozy et l'artisan du maintien de la Françafrique dont le candidat de 2007 annonçait pourtant la disparition. Dans un portrait publié en août 2009, Le Monde le décrivait comme partie prenante de la politique africaine de l'Etat depuis l'élection de Nicolas Sarkozy.

Bourgi, Sarkozy et bagnagna.

 

Parmi les citations de Robert Bourgi dans l'article : « Je suis un ami très écouté de Nicolas Sarkozy ». Et aussi : « Je travaille à la fois pour les présidents africains et pour le président français. Je ne suis pas conseiller, plutôt missi dominici. Mais je ne me déplace jamais sans informer Sarko et Guéant ».

Dans une interview à RTL, en septembre 2009, Robert Bourgi racontait comment Omar Bongo avait obtenu par son entremise la démission du secrétaire d'Etat à la Coopération, Jean-Marie Bockel. Le 27 septembre 2007, Robert Bourgi se faisait remettre la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy. Dans son discours au récipiendaire, le Président confiait « une amitié de 24 ans » avec lui et déclarait : « Je sais, cher Robert, pouvoir continuer à compter sur ta participation à la politique étrangère de la France, avec efficacité et discrétion ».

De son côté, notre Ségolène Royal préférée a promis de faire le ménage en France si elle est élue présidente en 2012 pour lutter contre certaines pratiques comme le financement des partis politiques par des fonds occultes. La candidate à la primaire socialiste réagissait aux accusations de l'avocat Robert Gourbi, qui affirme que l'ancien président Jacques Chirac a reçu pendant dix ans par son intermédiaire plusieurs dizaines de millions de dollars de fonds en provenance de dirigeants africains. « Il y aura du ménage à faire. Et ce n'est pas plus mal que ce soit une femme qui soit élue pour faire le ménage », a-t-elle déclaré.

« Un bon coup de balai, et hop ! », a-t-elle ajouté. Elle a estimé que les accusations de Robert Bourgi constituaient pour la France « une nouvelle humiliation sur la scène internationale », particulièrement en raison de l'origine présumée des fonds. « Voilà les valises d'Afrique ! On assiste à la décomposition d'un gouvernement, au plus haut sommet de l'État. C'est une atteinte à l'histoire, à la dignité de la France. Moi, je serai la garante de la morale politique. On est là pour servir, et non pour se servir ». L'ancienne candidate à la présidentielle de 2007 a promis que, si elle était élue, tout élu condamné à une peine privative de liberté serait démis de ses fonctions et inéligible à vie (ndmg – il n’est point fait, ici, allusion à quarante coups de fouets sur la place de la Bastille ; mais elle y pense, disent quelques vilains).

Un nouveau témoignage, celui de Jean-François Probst, ancien collaborateur de Chirac, jette encore l'opprobre sur la classe politique, mais cette fois-ci sur Nicolas Sarkozy. Selon cet ancien collaborateur de Chirac, les enveloppes circulaient encore au moment de la campagne présidentielle de 2007.Jean-François Probst affirme, à propos des accusations de financement occulte africain sous la présidence Chirac, que « rien ne s'est arrêté avec Sarkozy », accusant ce dernier d'avoir reçu « un milliard de francs CFA » d'Omar Bongo. « Robert Bourgi s'est dépensé sans compter pour Sarkozy auprès de nombreux chefs d'Etats africains lors de la présidentielle de 2007 » et ce dernier « a filé à Libreville dès juillet 2007 et refait un deal avec Omar Bongo (président gabonais), qui lui aurait donné – dit-on – un milliard de francs CFA ».

Questionné pour savoir si les pratiques présumées de valises de billets entre la France et l'Afrique (ndmg – les bananes pleines de billets de banque c’est plutôt entre l’Afrique et la France, et non pas, entre la France et l’Afrique, mais bon, on ne va pas chipoter, d’autant qu’à l’origine, c’était souvent de l’aide au développement, envoyée depuis la France vers l’Afrique…) se sont arrêtées avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée comme le prétend Robert Bourgi, Jean-François Probst a lancé : « Ce n'est pas crédible. C'est même le plus gros mensonge de sa vie ». Probst rappelle que « Bourgi s’est dépensé sans compter pour Sarkozy auprès de nombreux chefs d’Etat africains lors de la présidentielle de 2007 » et que ce dernier « a filé à Libreville dès juillet 2007 et refait un deal avec Omar Bongo, qui lui aurait donné – dit-on – 1 milliard de francs CFA (1,5 millions d’euros) ».

Le président gabonais, aujourd’hui décédé, « a utilisé Bourgi », assure Probst en rappelant une évidence : « Omar Bongo était un réaliste, pas un philanthrope. Certes, il arrosait tout le monde dans les campagnes électorales, mais il voulait surtout jouer le bon cheval ». « Tout cela a existé. Le dernier interlocuteur de Bourgi à l’Elysée, c’était Claude Guéant, alors secrétaire général de la présidence », précise Probst.

La version de Me Robert Bougi est – en outre – confirmée par un ex-proche de Laurent Gbagbo (président déchu de Côte d'Ivoire), Mamadou Koulibaly, actuel président de l'Assemblée nationale ivoirienne : « Robert Bourgi a parfaitement raison, il y a eu un transfert d'argent entre Laurent Gbagbo et Jacques Chirac, en 2002 », a déclaré l'homme politique, faisant état « d'environ deux milliards de francs CFA (environ trois millions d'euros) transportés d'Abidjan vers Paris par valise ». Ancien proche de Gbagbo, Koulibaly précise avoir rencontré en 2002 Bourgi.

Ce dernier lui aurait réclamé de l'argent pour la campagne présidentielle française. Une source anonyme proche de l'ancien président ivoirien a dit s'étonner des réactions en France aux révélations de Bourgi : « Cela devait éclater un jour ou l'autre. Nous nous étonnons juste que ce ne soit que maintenant que l'opinion publique française semble découvrir tout ça. Et on s'étonne aussi que cela s'arrête à Dominique de Villepin » (ndmg – et à Chirac ; et depuis peu, à Sarkozy ; et peut-être, un jour, à l’entourage de feu François Mitterrand ; donc au parti socialiste français…).

Jacques Chirac, dispensé la semaine dernière de comparaître à son procès en correctionnelle pour raisons de santé, peut-il, une semaine plus tard, annoncer qu'il porte plainte en diffamation contre Robert Bourgi qui l'accuse d'avoir reçu des valises de billets de chefs d'Etat africains ? Sa mémoire défaillante pour les emplois présumés fictifs à la Mairie de Paris serait-elle soudain plus vive pour réfuter tout arrivage de fonds secrets ? La question n'est pas absurde, disent en substance les juristes

La journaliste Christine Clerc tire un premier bilan : « En plein procès Chirac et à deux jours du délibéré de la Cour d'appel de Paris dans l'affaire Clearstream, la guerre des fils (ndmg – fils politiques s’entend ; par les temps actuels, il faut être précis…) de Chirac repart avec une violence inouïe. À peine les premiers extraits – explosifs – du livre de Pierre Péan « La République des mallettes » avaient-ils été publiés, samedi, par l'hebdomadaire Marianne, à peine découvrait-on le rôle d'Alexandre Djouhri, un petit caïd de Sarcelles (ndmg – à Sarcelles, ce pourrait être DSK, mais non, ce n’est pas DSK) devenu l'incontournable intermédiaire et ami de grands patrons, de politiques comme Villepin mais aussi de proches du président de la République comme Claude Guéant et de Sarkozy lui-même, qu'un « missile anti-missile » était lancé, via le JDD » (ndmg – l’interview du JDD avec Me Bourgi).

Christine Clerc : « Pendant quinze ans, Robert Bourgi aurait transporté non seulement des mallettes, mais aussi des tambours africains bourrés de billets de banque et de luxueux cadeaux auprès desquels les fameux diamants de Giscard font figure de cacahuètes (ndmg – ce n’est donc plus une simple affaire de bananes). C'était, dit-il, la contribution de chefs d'État comme Omar Bongo et Laurent Gbagbo aux campagnes de Chirac et aux fonds secrets gérés par celui qui fut son Secrétaire général de l'Elysée, son ministre des Affaires Etrangères puis son Premier ministre : Villepin. Celui-ci le prend de haut : « Un polar ! ». Mais il porte plainte, comme Chirac, et évoque le financement de la campagne d'Edouard Balladur… Curieusement, Marine Le Pen, qui concluait hier à Nice ses « journées d'été », glisse sur le sujet ».

Christine Clerc : « On pensait qu'elle (Marine Le Pen) déchaînerait l'indignation de son public de classes moyennes et populaires contre les « affaires » africaines et orientales des frères ennemis de l'UMP (ndmg-à propos d’orientales justement, à quand des révélations sur les enveloppes bourrées de pétrodollars, en provenance du Proche et du Moyen Orient arabo-musulman, remises à tel et tel élu ?). Elle (Marine Le Pen) a préféré s'en tenir à son discours sur l'immigration et la criminalité. Mais l'on peut prévoir que la candidate FN relancera bientôt le « Tous pourris » ! (ndmg – son père ayant lui aussi palpé, chez les Africains et les Iraniens entre autre, Marine aurait intérêt à se la coincer sur les histoires de tambours battants et de tapis volants bourrés de billets de banque). Comment être en reste, quand François Hollande et François Bayrou réclament, presque d'une même voix, l'ouverture d'une enquête par le Procureur de la République ? Dans leurs mallettes, Djouhri et Bourgi transportaient peut-être de quoi faire exploser la droite », conclut la journaliste Christine Clerc.

L’on avait annoncé, pour la présidentielle, des boules puantes.

Maintenant, voici les mallettes explosives.

Et ce n’est que le début…

Copyright 2011 Michel Garroté pour www.dreuz.info

 Une peau de banane peut en cacher une autre.

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