Publié par Guy Millière le 27 septembre 2011

Après un troisième débat entre les candidats à la candidature présidentielle républicaine jeudi dernier au soir, je dois dire que je suis relativement perplexe. Ces débats sont censés permettre aux candidats de présenter leur programme, de donner l’occasion de montrer qu’ils sont le meilleur pour l’emporter et de permettre aux électeurs de faire leur choix. 
 
La quantité de participants rend l’exercice très difficile : huit candidats jusque là, neuf dans le dernier débat. Dans deux heures de temps de parole pour tous, cela laisse à chacun la possibilité de faire, sur chaque sujet, des réponses d’une minute qui apparaitront nécessairement insuffisantes aux électeurs. La démocratie est à ce prix, je le sais, mais voir des candidats marginaux et sans la moindre chance de l’emporter dire ce qu’ils feraient une fois Président, ressemble à un exercice futile. Deux, peut-être trois peuvent employer aujourd’hui ce genre de formule. Voir des candidats qui n’ont aucune chance essayer de démolir des candidats qui, eux, ont une chance est totalement improductif et donne des cartouches à l’ennemi. 
 
Ce qui ressort de l’ensemble est que quelques uns de ceux présents dans le débat devraient en sortir assez vite : ils n’ont pas percé, il faut savoir dire que la partie est finie. Ceux qui sont concernés par ces remarques sont Gary Johnson, libertarien marginal, qui a fait une apparition sympathique, mais inutile, Jon Huntsman, qui a tenté d’incarner un centrisme qui n’a jamais vraiment pris, Rick Santorum, qui incarne un conservatisme intéressant, mais qui n’a pas su se faire entendre et a plutôt livré des attaques contre son propre camp. Je peux y rattacher Michelle Bachman, issue des tea parties et qui s’est disqualifiée elle-même en tenant des discours stupides sur les vaccins, et en attaquant bassement Rick Perry. Son écroulement dans les sondages est logique et mérité.
 
Il resterait alors un homme qui n’a aucune chance lui-même, mais offre des arguments pertinents et précis, car c’est un penseur du conservatisme américain, Newt Gingricht. Un autre homme qui a ses soutiens, incarne les libertariens lui aussi, mais a des idées ineptes en politique étrangère qui le rendent inéligible, Ron Paul. 
 
Il resterait surtout trois autres candidats qui sont les prétendants au titre. Mitt Romney parle bien, est remarquablement préparé, mais a des idées tièdes sur des sujets cruciaux comme le réchauffement global, la Social Security et le système de santé : il sera candidat faute de mieux. Rick Perry incarne un conservatisme plus pur et plus ferme, et aurait aisément mes faveurs et celles des tea parties : mais il se révèle ne pas être excellent dans les débats et bien meilleur dans les discours prononcés seul. Il a des positions pertinentes sur l’immigration, mais les explique mal. Ou bien il s’améliorera dans les débats en travaillant, et expliquera mieux ses positions, ou ce sera fini pour lui. Il a les moyens de faire le travail de communication nécessaire. Le fera-t-il ? 
 
Le troisième candidat est Hermann Cain. C’est un homme que j’estime et respecte, un orateur remarquable, excellent dans les débats, porteur d’idées neuves et fécondes (un plan de réforme des impôts reposant sur 9 % de taxes sur la consommation, 9% de flat tax sur les revenus, et 9 % de flat tax sur les profits des entreprises, la création de comptes d’épargne retraite privés pour remplacer la Social Security). Il a un passé d’entrepreneur, pas d’homme politique, et certains présentent cela comme un handicap, ce qui ne devrait pas être le cas dans une période où le rejet des hommes politiques est massif aux Etats-Unis. Samedi, il a remporté largement le vote des straw polls de Floride qui, en général, désignent le candidat qui l’emportera. Hermann Cain a des lacunes en politique étrangère qu’il doit combler, comme Rick Perry a des lacunes en qualité de débateur. 
 
Pour l’heure, je préférerais Perry, s’il s’améliore dans les débats et travaille sur ce point, car il a de puissants appuis et de bonnes chances d’être élu, sinon, s’il ne s’améliore pas, j’opterais pour Hermann Cain. 
 
Et j’imagine d’avance la tête des journalistes français : Hermann Cain est très libéral en économie, très conservateur par ailleurs, ami d’Israël, redresseur d’entreprises en difficulté, et noir. Il est, par ailleurs, issu lui-même des tea parties. Comment les grands médias français décriraient-ils un noir conservateur ami d’Israël issu des tea parties ? Ce serait intéressant à observer. L’irruption de Hermann Cain vers le peloton de tête montre en tout cas que les élections aux Etats-Unis ne sont jamais jouées d’avance, et qu’un homme qui se fait tout seul peut arriver au sommet. C’est l’une des beautés de l’Amérique. 
 
Les élections primaires, cela dit, ne font que commencer. Elles promettent d’être passionnantes. Elles sont cruciales.
 
Celui ou celle qu’elles désigneront aura de grandes chances de devenir le prochain Président, et il aura beaucoup à faire. Le désastre Obama est d’ampleur planétaire.
 
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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