Publié par Pierre-André Taguieff le 3 octobre 2011

Il n’est de délégitimation efficace d’Israël qu’à la condition que des personnages publics dotés d’un prestige social suffisant interviennent en tant que légitimateurs de l’opération. La dernière recrue de la machine propagandiste est l’ex-diplomate Stéphane Hessel (né en 1917) qui, traité comme une « icône » par les médias français, a lancé au printemps 2010 un appel à la « solidarité internationale » et prôné un boycott total contre Israël. Ce personnage public joue le rôle d’une autorité morale au sein du nouvel ordre moral propalestinien qui s’est installé en France, avec ses myriades d’associations actives, ses journalistes militants, ses cautions intellectuelles, ses manifestants endoctrinés. Hessel, rendu célèbre en 1996 par son rôle de « médiateur » dans l’affaire des « sans-papiers de Saint-Bernard », n’a pas manqué de se rallier à la cause palestinienne après la seconde Intifada, pour en devenir rapidement, compte tenu de ses aptitudes démagogiques, l’un des phares. Parmi les initiateurs et autres « parrains » du Tribunal Russell sur la Palestine, lancé le 4 mars 2009 à Bruxelles, il est celui qu’on voit et qu’on entend le plus. Il lance inlassablement, dans la plupart de ses interventions, ce message concernant la cause palestinienne : « Il n’y a actuellement pas de cause plus émouvante1… ». Tel est le dogme fondamental de la pensée-Hessel.

L’icône en fonction

 

Le personnage Hessel est emblématique : il incarne parfaitement le type du grand légitimateur de telle ou telle cause, d’abord du fait qu’il est situé à gauche, ensuite en référence à son passé de résistant et de déporté (politique) dans trois camps nazis, enfin en raison de son prestige social qui provient pour l’essentiel d’une légende, celle selon laquelle il aurait été le « co-rédacteur » de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Son image de marque est en effet la suivante : « Coauteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce grand témoin du XXe siècle, ardent militant de la paix et de la non-violence, a mis tout le poids de son autorité morale au service d’une cause : le droit des Palestiniens à disposer d’un État viable2. » Il n’est pas une seule des affirmations contenues dans cette publicité qui ne soit contestable : il n’a pas participé à la rédaction de la Déclaration universelle de 1948, et, loin de rechercher la paix par la voie de la non-violence, il incite à la haine, à la violence et à la discrimination par le boycottage contre un État, Israël, dont il met en question la légitimité et en conséquence le droit à l’existence, et qu’il propose sans vergogne d’exclure de l’ONU. Ce qui n’empêche pas les laudateurs de l’« icône » de se vouer à un encensement permanent de l’ancien diplomate. Ils paraissent se reconnaître dans les platitudes et les lieux communs, les paroles fleuries et les mièvreries moralisantes que lance en rafales leur idole. Ils paraissent même s’en délecter. Dans le bateleur avéré, ils imaginent apercevoir un sage ou un saint homme.

 

Il est risqué de s’interroger sur le statut prestigieux qui lui est reconnu dans l’espace médiatique, en tant que « co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme ». Nul n’en doute : ce statut reste le pivot de toute célébration de sa personne. On lisait encore, fin octobre 2010, au début de l’article de Wikipédia consacré à Hessel : « Stéphane Frédéric Hessel (né à Berlin le 20 octobre 1917) est un diplomate, ambassadeur et ancien résistant français. Il est l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. » Cette « co-rédaction » de la Déclaration de 1948, régulièrement célébrée, est la source de son aura.

 

Des propos contradictoires : l’ébranlement de la légende

 

Or, Hessel a tenu lui-même des propos pour le moins contradictoires sur sa « participation » à la rédaction de la Déclaration de 1948. N’en citons que quelques-uns, enveloppant des affirmations qui ne peuvent être vraies en même temps, et autorisent à supposer non seulement que le « sage » pratique le double discours, mais qu’il n’hésite pas à rester dans le flou, voire à mentir quand cela l’arrange. Les premiers extraits sont tirés de ses mémoires (1997), de sa brochure Indignez-vous ! (octobre 2010) et d’un témoignage enregistré pour un film hagiographique sur sa vie (novembre 2010) : ils illustrent le discours tenu à l’ordinaire par Hessel sur ses « exploits », où sa prétendue « participation » à la « rédaction » de la Déclaration de 1948 occupe la place royale. Le second extrait, véritable démenti apporté aux affirmations précédentes, est tiré d’une interview publiée le 10 décembre 2008 sur le site des Nations unies, où il ne pouvait, sans risquer de se ridiculiser en présence de témoins de l’époque, s’attribuer une « participation » quelconque à la « rédaction » du texte prestigieux.

 

1° Hessel en co-rédacteur de la Déclaration de 1948.

L’ancien diplomate affirme en 1997 dans ses mémoires : « J’eus pour privilège de participer à la rédaction du premier volet de cette charte des droits de l’homme (…)3 » – affirmation qu’il réitère en 2010 dans sa brochure intitulée Indignez-vous ! : « J’ai eu la chance après la Libération d’être associé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme4 », ainsi que dans le film documentaire hagiographique qui lui a été consacré : « J’ai 30 ans, me voici à New York. Je m’engage dans ce nouveau combat. (…) J’ai travaillé sur la Déclaration universelle des droits de l’homme (…) Ma Déclaration universelle des droits de l’homme (…) a été votée le 10 décembre 19485 ». Dans l’entretien qu’il accorde à Mediapart, publié le 11 novembre 2010, Hessel déclare : « Je suis le survivant des camps, de même que l’un des participants à la rédaction de cette déclaration universelle qui a été la réponse internationale à ce que nous avions vécu6. »

 

2° Hessel en non-rédacteur de la Déclaration de 1948 : un rôle de simple « témoin ».

Dans une interview publiée le 10 décembre 2008 sur le site des Nations unies, Hessel déclare : « J’étais en contact permanent avec l’équipe qui a rédigé la Déclaration, dont l’Américaine Eleanor Roosevelt et le Français René Cassin. (…) Au cours des trois années, 1946, 1947, 1948, il y a eu une série de réunions, certaines faciles et d’autres plus difficiles. J’assistais aux séances et j’écoutais ce qu’on disait mais je n’ai pas rédigé la Déclaration. J’ai été témoin de cette période exceptionnelle7. »

 

Tentatives de brouillage

 

« Témoin » ou « co-rédacteur » ? A-t-il simplement « assisté » à l’élaboration de la Déclaration ou a-t-il activement « participé » à la « rédaction » de cette dernière ? Il ne peut dire la vérité dans les deux cas. Les déclarations de décembre 2008 ressemblent à un aveu, fait devant ses pairs, dans le cadre de l’ONU. Rien ne le poussait alors à mentir. Il avait au contraire de bonnes raisons de ne pas le faire dans un tel contexte, où d’autres « témoins » de l’époque pouvaient être présents. Mais s’il a dit alors la vérité, il s’ensuit qu’il mentait dans ses autres déclarations. Il va de soi que le statut de simple « témoin » dans le processus qui a abouti à la Déclaration de décembre 1948 ne saurait conférer à l’ancien diplomate l’aura dont il bénéficie aux yeux du grand public. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle Hessel s’est si longtemps laissé présenter, sans réagir, comme le « co-rédacteur » de la Déclaration de 1948, affirmation fausse et, pour ceux qui savaient la vérité, mensongère. Hessel a laissé dire ceux qui faisaient profession de le célébrer, même lorsque les faits allégués étaient faux, dès lors qu’ils relevaient de la geste héroïque de son personnage historique tel qu’il l’a construit.

 

L’« icône » tenait à demeurer « icône ». Et le monde de la presse, presque d’une seule voix, a chanté les louanges du prétendu « grand homme », sans prendre la peine de vérifier ses dires. Les journalistes auraient pu s’informer sur la question, plutôt que se contenter de répéter paresseusement la rumeur, et ainsi la cautionner. Ils auraient découvert que, dans l’étude consacrée par René Cassin à l’« historique de la Déclaration universelle de 1948 », l’éminent juriste ne mentionne pas Hessel. Ils auraient aussi pu constater que, dans les deux biographies de Cassin faisant référence en langue française, Hessel brille par son absence8. Les journalistes ont ainsi contribué d’une façon consensuelle à transformer une légende en fait historique. Conformistes exemplaires, ils ont, une fois de plus, légitimé une affirmation mensongère en la répétant à l’infini, sans jamais la soumettre à un examen critique.

 

Le dévoilement du vrai

 

À la suite de la polémique provoquée par la campagne de diffamation lancée le 18 octobre 2010 par le MRAP et diverses officines « antisionistes » contre moi, Pierre-André Taguieff, accusé d’avoir tenu des propos « inacceptables » à l’endroit de Stéphane Hessel sur mon « mur » de Facebook, campagne relancée à la suite d’une interview sur Radio J diffusée le 20 octobre, où je mettais notamment en doute la participation de Hessel à la rédaction de la Déclaration de 19489, la biographie de l’ancien diplomate a été examinée de plus près, et plusieurs articles ont fait la lumière sur certaines zones d’ombre de sa longue existence10. À la suite de ces mises au point, l’article de Wikipédia consacré à Hessel a été remanié de fond en comble, et la mention de la prétendue « co-rédaction » à la Déclaration de 1948 a disparu. Mais la plupart des articles de presse consacrés à Hessel n’ont pas pour autant cessé de présenter ce dernier comme « co-rédacteur » de la Déclaration, comme s’il s’agissait du seul véritable acte de gloire imputable à ce haut fonctionnaire mondain. Un faux titre de gloire. La triste vérité de sa pseudo-participation à la rédaction de la Déclaration de 1948 a commencé à circuler sur le Net : dommage collatéral caractérisé des attaques lancées contre ma personne par le MRAP, relayé par une multitude d’officines « antisionistes ». Les chasseurs de sorcières voulaient mettre Taguieff au pilori, ils ont tout de même réussi à contraindre Hessel à ôter l’un de ses masques.

 

L’aveu faute de mieux

 

Le 18 novembre 2010, dans une interview publiée par l’hebdomadaire d’extrême gauche Politis, Hessel a fini par avouer qu’il n’avait pas participé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : « On peut donc dire que j’ai assisté à sa rédaction de très près et de bout en bout. Mais de là à prétendre que j’en ai été le co-rédacteur !  Bref, (…) René Cassin [aurait] eu un rôle mineur, et j’aurais tout fait ! Cela commence à me peser11 ! ». Il serait plus exact de dire que certains de ses mensonges historiques commençaient à « peser » lourd, au point de menacer sa réputation, surtout dans la perspective de sa candidature au prix Nobel de la paix en 2011. Mais, non sans cynisme, il ne reconnaissait pas avoir lui-même menti, il faisait comme s’il avait été la victime d’une rumeur. Or, quelques jours plus tôt, dans une interview publiée le 11 novembre 2010 par Médiapart, Hessel affirmait encore qu’il avait été « l’un des participants à la rédaction de cette Déclaration universelle12 ». N’était-ce pas mentir effrontément, une semaine avant son aveu ? Malgré les puissantes digues élevées pour protéger la légende dorée de l’« icône », celle-ci, afin de ne pas sombrer, a dû faire des concessions à la vérité historique.

 

La figure glorieuse d’un Hessel « co-rédacteur » de la déclaration de 1948 est allée rejoindre, dans les poubelles de l’histoire des rumeurs et des légendes, d’autres produits de la mythomanie des hommes ordinaires insatisfaits de leur condition. Vers la mi-novembre 2010, l’article « Hessel » de Wikipédia a enregistré l’aveu, aussi tardif que forcé : « Stéphane Frédéric Hessel (né à Berlin le 20 octobre 1917) est un diplomate, ambassadeur et ancien résistant français. Il fut l’un des secrétaires d’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. (…) En tant que secrétaire, il assista aux séances de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, il écouta les rédacteurs (…) mais il n’a pas participé à cette rédaction. » 

 

Lors de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Hessel avait donc été un témoin parmi d’autres, non un acteur. Le donneur de leçons est ainsi mis à nu. Voilà qui signe la fin d’une imposture. Et le commencement d’un crépuscule bien mérité.

 

Reproduction vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Pierre-André Taguieff pour www.Dreuz.info

 

1 « Tribunal Russell sur la Palestine : Stéphane Hessel, Lausanne, [8] octobre 2009, partie 1 », 15 octobre 2009, http://www.youtube.com/watch?v=0qMn96Wbyvo&feature=related.
2 Texte de présentation de Hessel, introduisant son interview publiée en mai 2010 par Jeune Afrique : « Stéphane Hessel : “Israël bénéficie d’une impunité scandaleuse” » (propos recueillis par Claire Gallien), 17 mai 2010, http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2574p050-051.xml0/onu-ue-egypte-paixstephane-hessel-israel-beneficie-d-une-impunite-scandaleuse.html.
3 Stéphane Hessel, Danse avec le siècle, Paris, Le Seuil, 1997, p. 116.
4 Stéphane Hessel, Indignez-vous !, Montpellier, Indigène éditions, 2010, p. 15.
5 Stéphane Hessel, « Stéphane Hessel, Sisyphe heureux », France 5, 12 novembre 2010 ; cité approximativement par Catherine David, « Frère des hommes », TéléObs, 6-12 novembre 2010, p. 18 (qui résume le propos de Hessel plutôt qu’elle ne le cite à la lettre).
6 Stéphane Hessel : « C’est en s’engageant qu’on devient Homme », propos recueillis par Pierre Puchot, Mediapart, 11 novembre 2010 ; repris le 12 novembre 2010 sur le site de France Palestine, http://www.france-palestine.org/imprimersans.php3?id_article=16002.
7 « Hessel : La Déclaration des droits de l’homme, témoin de l’audace de l’époque », 10 décembre 2008, http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=17952&Cr=droits&Cr1=anniversaire.
8 Sur la création, l’évolution et les travaux de la Commission des droits de l’homme, voir Marc Agi, René Cassin fantassin des Droits de l’Homme, préface de André Chouraqui, Paris, Plon, 1979, pp. 209-232 ; Gérard Israël, René Cassin (1887-1976). La guerre hors la loi. Avec de Gaulle. Les droits de l’homme, Paris, Desclée de Brouwer, 1990, pp. 184-206. Dans ces deux ouvrages de référence, on ne trouve pas la moindre allusion à la prétendue « participation » de Stéphane Hessel à la rédaction de la Déclaration de 1948. Il en va de même dans l’article de René Cassin, « Historique de la Déclaration universelle de 1948 » (Revue de Droit contemporain, 1968, n° 1), in R. Cassin, La Pensée et l’action, préface d’Alfred Kastler, Paris, Éditions F. Lalou, 1972, pp. 103-118.
9 Quelques articles illustrant ou éclairant la polémique : Marianne Enault, « Mrap : Un coup de poignard à tous les militants de la paix », 19 octobre 2010, http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/Mrap-Un-coup-de-poignard-a-tous-les-militants-de-la-paix-228082/ ; Pierre-André Taguieff, « Aounit sait que je suis dangereux pour sa crédibilité », 30 octobre 2010, http://www.surlering.com/article/article.php/article/pierre-andre-taguieff-repond-sur-l-affaire-du-mrap ; Emmanuel Lemieux, « Hessel résiste, Taguieff s’indigne », 14 novembre 2010, http://www.lesinfluences.fr/Hessel-resiste-Taguieff-s-indigne.html; Pierre Haski, « Stéphane Hessel violemment attaqué pour sa critique d’Israël », 13 novembre 2010, http://www.rue89.com/2010/11/13/stephane-hessel-violemment-attaque-pour-ses-critiques-disrael-175677 ; Pierre-André Taguieff, « À propos de Stéphane Hessel : la réponse de Taguieff à Rue89 », 22 novembre 2010, http://www.rue89.com/2010/11/22/a-propos-de-stephane-hessel-la-reponse-de-taguieff-a-rue89-177191 ; Nicolas Gru, « Stéphane Hessel déchaîne les passions », 23 décembre 2010, http://www.lexpress.fr/culture/livre/stephane-hessel-dechaine-les-passions_947623.html ; Luc Rosenzweig, « Stéphane Hessel, vieil homme indigne », 5 janvier 2011, http://www.causeur.fr/stephane-hessel-vieil-homme-indigne,8263; Nicole et Paul Benaïm, « Les silences de Stéphane Hessel », 27 février 2011, http://www.upjf.org/fr/3709-les-silences-de-stephane-hessel-nicole-et-paul-benaim.html.
10 Bernice Dubois, « Lettre ouverte à Catherine David, du Nouvel Obs, sur Stéphane Hessel », 11 novembre 2010, http://www.surlering.com/article/article.php/article/lettre-ouverte-a-catherine-david-du-nouvel-obs-sur-stephane-hessel; « La réponse de Pierre-André Taguieff à Catherine David », 15 novembre 2010, http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20101115.BIB5964/la-reponse-de-pierre-andre-taguieff-a-catherine-david.html.
11 Politis, n° 1127, 18 novembre 2010, p. 4. Voir aussi la compilation « Stéphane Hessel : “Je n’ai pas rédigé la Déclaration universelle des droits de l’homme” », 6 février 2011, http://www.enquete-debat.fr/archives/stephane-hessel-je-nai-pas-redige-la-declaration-universelle-des-droits-de-lhomme.
12 Stéphane Hessel : « C’est en s’engageant qu’on devient Homme », propos recueillis par Pierre Puchot, Mediapart, 11 novembre 2010, art. cit.   

Cet article reprend des extraits du livre de Pierre-André Taguieff Israël et la question juive*, paru aux éditions Les Provinciales en 2011.

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