Publié par Abbé Alain René Arbez le 31 octobre 2011

Abbé Alain René Arbez – Est-ce la rancœur accumulée par le peuple lybien durant les 42 ans de dictature de Mouammar Kaddafi, est-ce le choix stratégique du nouveau gouvernement CNT d’éliminer rapidement celui avec qui certains leaders ont longuement collaboré, la mort violente du colonel et l’exposition publique de son cadavre renvoient à des questions d’ordre éthique fondamental et universel.

Après l’épisode expéditif concluant la capture du chef lybien mégalomane dans une vulgaire bouche d’égout, la question de respecter la « dignité de la sépulture musulmane » a été soulevée ; mais ce qui a précédé, c'est-à-dire son lynchage par la foule et les humiliations précédant sa liquidation précipitée éclairent violemment la problématique de la dignité due à chaque être humain. Cela d’autant plus que l’on parle de printemps démocratique en Lybie…

Aussi graves que soient les exactions commises par le colonel envers son peuple, quel que soit son entêtement sanguinaire face à la volonté de changement de tout un pays, n’était-il vraiment pas possible de préserver son intégrité corporelle afin de le livrer à la justice et de démontrer par un procès public le fonctionnement d’une dictature ?

Dans le même registre, l’exécution d’Oussama Ben Laden par un commando américain posait aussi ce genre de questions, car soustraire ainsi un chef terroriste ou un tyran à une justice civilisée est une contradiction qui rend toute intervention de « sauvetage de la démocratie » illisible aux yeux de l’histoire et au regard des générations à venir.

Lorsqu’après les horreurs massives de la seconde guerre mondiale Israël a réussi à capturer Eichmann auteur, parmi d’autres, d’innombrables atrocités, le coupable a été traité de manière humaine et son procès médiatisé avec soin a permis de faire apparaître clairement tous les rouages de la folie nazie. Milosevic, après les massacres interethniques des Balkans, n’a pas été abandonné à la vengeance kosovare, mais convoyé sous escorte au Tribunal pénal de la Haye.

Jeter précipitamment dans les oubliettes de l’histoire des personnages tels que Ben Laden et, plus récemment, Kaddafi revient en fait à priver les populations concernées et les démocraties naissantes d’une indispensable opération d’assainissement des consciences face aux périls de notre temps. Cela donne surtout une bien piètre image de la justice du 21ème siècle qui se doit – jusqu’à preuve du contraire – d’être humaniste sous toutes les latitudes et quelle que soit l’ampleur des conflits.

Reproduction autorisée, et même vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous : 

© Abbé Alain René Arbezwww.dreuz.info

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