Publié par Michel Garroté le 2 novembre 2011

 

Michel Garroté – Je lis avec amusement, dans une dépêche du service français de l’agence de presse britannique Reuters (extraits adaptés et commentés par mes soins ; lien vers la source originale en bas de page) que le Premier ministre socialiste grec, George Papandreou, obtient, aujourd’hui, mercredi 2 novembre 2011, le soutien de son gouvernement, au référendum, prévu, sur le plan de sauvetage financier de la Grèce. Un référendum – croit devoir ajouter, en substance, Reuters – que Papandreou aura du mal à défendre devant les dirigeants européens du G20 de Cannes. Mais le soutien, aujourd’hui mercredi, du gouvernement grec, conforte Papandreou, avant le vote de confiance du Parlement grec, fixé à après-demain, vendredi.

Pour ce qui me concerne, le référendum est le meilleur outil démocratique que je connaisse, quel que soit le moment où il est utilisé, et, quel que soit le thème qu’il aborde. C’est mon avis. Je note que pour certains, le référendum est une abomination. Cela me fait rire.

Que veut Papandreou ? Papandreou précise : « Le référendum sera un mandat clair et un message clair en Grèce et à l'extérieur concernant notre avenir européen et notre participation à l'euro ». En termes plus précis, il s’agit de la participation – ou de la non participation – de la Grèce à la Zone euro. Ce qui, en clair, signifie, selon l’issue du référendum, une – possible – sortie de la Grèce de la Zone euro ; et donc le retour éventuel de la Grèce à sa monnaie nationale. C’est du reste ce que préconisent certains acteurs économiques internationaux, notamment britanniques, américains, suisses et allemands, en raison du risque énorme d’effondrement de toute la Zone euro, si la Grèce en demeurait membre.

Le ministre grec de l'Intérieur, Haris Kastanidis, de son côté, déclare que le référendum peut être organisé, avant janvier, en décembre, si la Grèce et les partenaires internationaux se mettent d'accord, sur l'aide financière aux Grecs, plus rapidement que prévu. Détail tragicomique, le Premier ministre grec George Papandreou se rend aujourd’hui mercredi à Cannes, où il est « convoqué » par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. En réalité Papandreou est « convoqué » par Sarkozy avec le soutien timoré d’Angela Merkel, pour une « réunion d'urgence » qui précède le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20. Le G20 qui devait – initialement – profiter de ce sommet pour conforter le troisième plan de sauvetage de la Grèce, élaboré la semaine dernière à Bruxelles, avant l’annonce du référendum grec.

Mais l'annonce de ce référendum grec, qui a secoué provisoirement, hier mardi, les marchés boursiers et financiers mondiaux, ce référendum annoncé, a bouleversé, l'ordre du jour du G20 et il force désormais les Etats-membres du G20 à convaincre que le plan de sauvetage de la Grèce reste viable. Le référendum grec est un coup dur pour Sarkozy qui, jusqu’à hier mardi, s’était profilé, notamment sur TF1 et France 2 (présidentielle 2012 oblige), comme le héro du plan de sauvetage, de l’Europe en général, et, de la Grèce en particulier.

Hier soir, mardi, Sarkozy, essayant d’avoir l’air solennel, sur le perron de l'Elysée, après une réunion avec les principaux ministres français concernés, a cru bon d’alléguer : « Cette annonce a surpris toute l'Europe » (mais surtout l’Elysée). « La France tient à rappeler que le plan adopté jeudi dernier à l'unanimité des 17 membres de la zone euro est la seule voie possible pour résoudre le problème de la dette grecque » (il eu été préférable de dire « L’Europe tient à rappeler »). « Donner la parole au peuple est toujours légitime mais la solidarité de tous les pays de la zone euro ne saurait s'exercer sans que chacun consente aux efforts nécessaires », a asséné Sarkozy hier soir.

En Europe justement, les bourses ouvrent en nette hausse, aujourd’hui, mercredi, après leur décrochage de hier mardi (certaines banques françaises ont perdu hier jusqu’à 17% de leur valeur boursière alors que les baisses boursières étaient en moyenne de 5%). Ce matin mercredi, les investisseurs espèrent que la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve Fédérale Américaine soit l'occasion pour celle-ci d'annoncer des nouvelles mesures de soutien à l'économie. A 09:11, le CAC 40 gagnait +2,17%. L'indice EuroStoxx 50 avançait de +1,73%, la Bourse de Londres de +0,9% et celle de Francfort de +1,59%. Les banques européennes affichent un net rebond à +2,01. Mercredi à Tokyo, le ministre japonais des Finances, Jun Azumi, estime que la décision d'Athènes laissait tout le monde perplexe.

Les sondages d'opinion montrent qu'une majorité d'électeurs grecs estiment que l'accord de sauvetage est mauvais pour leur pays mais le résultat du référendum dépendra de la manière dont Papandreou présentera les mesures de ce plan ainsi que la question du maintien, ou pas, de la Grèce, dans la zone euro. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, estime, ce mercredi, dans le ‘Financial Times Deutschland’ que les Grecs soutiendront les réformes du gouvernement grec lors du référendum. Cela dit, le référendum prévu par Papandreou place Sarkozy dans l'embarras. En effet, Sarkozy tente d'impliquer les grandes Nations émergentes, en particulier la Chine, l’Inde, la Russie, l’Afrique du Sud, le Brésil et le Mexique, dans cette tentative de sauvetage en leur ouvrant l'accès au Fonds européen de stabilité financière. Avec l’annonce du référendum, les grandes Nations émergeantes sont évidemment prises au dépourvu.

Ainsi, le ministre indien des Finances, Pranab Mukherjee, déclare aujourd’hui mercredi : « Notre vision de la situation, c'est: laissons (les dirigeants de la zone euro) procéder à une évaluation crédible des problèmes de solvabilité et essayer de résoudre ces problèmes, et ensuite un financement supplémentaire pourra être envisagé » (« et ensuite », « pourrait être envisagé » ; ce n’est pas l’enthousiasme délirant…). L'annonce de Papandreou pourrait également entamer le soutien politique de certains Etats du nord de l'Europe. Le projet de référendum jette un voile d'incertitude sur le versement d'une sixième tranche d'aide à la Grèce, a déclaré hier mardi, Jan Kees de Jager, ministre néerlandais des Finances a expliqué : « Je peux imaginer qu'il sera difficile pour le FMI de se décider sur cette tranche (…) il y aura des incertitudes ». Le président de l'Eurogroupe, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a jugé pour sa part que la Grèce se trouverait en faillite si les électeurs grecs rejetaient le plan de sauvetage…

Dans l'immédiat, le premier obstacle politique que rencontrera Papandreou est celui d'un vote de confiance, au parlement grec, d’après-demain vendredi, alors que sa majorité parlementaire est de 152 élus sur 300. Six membres du Pasok, le parti socialiste grec de Papandreou, ont en outre exprimé leur désaccord avec la convocation d'un référendum en affirmant que le Premier ministre devrait laisser la place à une administration politiquement légitime (sous-entendu Papandreou ne serait plus un légitime Premier ministre…). A l'issue de la réunion du cabinet ministériel grec qui s'est achevée vers 03:00 du matin, après sept heures de discussions, plusieurs ministres ont critiqué le fait de ne pas avoir été tenus au courant. « Pour la première fois, nous reconnaissons que notre politique manque de légitimité », estime un ministre grec.

© Michel Garroté, rédacteur en chef http://drzz.info/ & sources

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http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE7A100S20111102?pageNumber=3&virtualBrandChannel=0&sp=true

 

 

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