Publié par Michel Garroté le 4 novembre 2011

 

 

Michel Garroté – Or donc, il y a bel et bien eu, une très courte rencontre, entre Marine Le Pen et l'ambassadeur israélien auprès de l’ONU, Ron Prosor, avant un déjeuner organisé à l'ONU. Marine Le Pen a, en effet, brièvement rencontré, l'ambassadeur israélien, avant, et non pas pendant, un déjeuner, auquel quatre ambassadeurs étaient présents. Ron Prosor n'a pas participé au déjeuner. Il a quitté les lieux après avoir bu un verre. Après cette brève rencontre, Marine Le Pen s’est empressée de raconter qu'elle espérait que la page du détail était tournée, dans une allusion à la déclaration de son père selon lequel les chambres à gaz étaient un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

En clair, Marine Le Pen a bu un verre avec un ambassadeur israélien pour pouvoir aussitôt alléguer que, je cite Marine Le Pen, le « malentendu a duré des années et a servi de base à une caricature qui a nui » au Front National. Et elle a ajouté, je cite : « Je crois que ça lève une accusation instrumentalisée par nos adversaires politiques pour tenter de nous écarter du pouvoir. Il est légitime qu'un grand parti comme le nôtre puisse avoir avec l'ensemble des représentants des Nations des relations qui soient apaisées et normalisées ».

Son père, Jean-Marie Le Pen a effectivement déclaré, à plusieurs reprises, que les chambres à gaz étaient un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Jean-Marie Le Pen avait répété cela une première fois, puis, une deuxième fois en 1997 en Allemagne, une troisième fois en avril 2008 dans le magazine "Bretons" et une quatrième fois en 2009 au Parlement européen. Pour l'Union des Etudiants Juifs de France, Marine Le Pen tente d'utiliser des causes et des symboles pour obtenir un blanc-seing.

Contrairement à l’ambassadeur israélien, quatre autres diplomates accrédités auprès de l'ONU ont effectivement participé au déjeuner, un de Trinidad et Tobago, un d'Uruguay, un d'Arménie et un diplomate de second rang du Japon. L’on ne peut donc prétendre que Marine Le Pen ait percé sur la scène internationale, en dépit de toute la sympathie que l’on puisse éprouver, ou ne pas éprouver, pour Trinidad et Tobago, l'Uruguay, l'Arménie et le Japon. Marine Le Pen poursuit aujourd’hui vendredi son voyage aux USA avec une visite prévue à Manhattan, où elle essaiera d’approcher les manifestants gauchistes d'Occupy Wall Street. A ce propos, et c’est révélateur, Marine Le Pen a déclaré, je cite : « Le message que je porte est en grande partie le même que le leur » (celui d'Occupy Wall Street). Mercredi, elle a affirmé devant le siège du FMI que celui-ci serait « affameur des peuples » (je pense que Marx, Engels et Lénine, s’ils étaient toujours là, diraient la même chose, avec le même sens des nuances).

Autrement dit, la seule chose concrète, à ce stade et pour l’instant, c’est que Marine Le Pen est parvenue à se faire prendre en photo avec un ambassadeur israélien. Et qu’elle est parvenue à instrumentaliser cette photo uniquement pour alléguer qu’elle et son parti ne seraient plus judéophobes. Mais, et c’est là que ça se complique, elle se sent proche des fainéants complètement abrutis (disciples du Messie Hessel) qui diabolisent l’économie libre de marché (Occupy Wall Street) et elle rejoint Mélenchon et Montebourg lorsqu’elle fait de la démagogie outrancière (affameur des peuples) sur une institution qui a sauvé de la faillite de nombreuses Nations (le FMI). Du reste, le jour où la France aura recours au FMI, nous verrons bien si celui-ci passera, alors, pour un « affameur du peuple français ».

Tout ceci me pose un sérieux problème : boire un verre avec un Israélien dans les couloirs de l’ONU ne prouve strictement rien ; en revanche, soutenir les indignés et pourfendre l’économie libre de marché, prouve, une fois de plus, que le Front National – qui depuis la chute de l’URSS a récupéré les électeurs communistes – est un parti étatiste, et, je dirais même, néostalinien, y compris dans le mode opératoire de sa hiérarchie.

Récemment, Marine Le Pen a raconté que les Français de confession israélite étaient les bienvenus dans son parti s’ils respectaient les valeurs du Front National. Pour moi, il ne s’agit pas de Français de confession israélite et d’ailleurs cette formule issue des années 1930 m’agace prodigieusement. Pour moi, il y a des Juifs Français. Pour moi, ils ont le droit d’être Juifs et d’être Français. Ils ont même le droit d’aimer à la fois la France et Israël. De la même manière que les Chrétiens Français ont le droit d’aimer à la fois la France et le Christ à travers les églises auxquelles ils appartiennent.

La récente manœuvre de Marine Le Pen sur les chambres à gaz n’effacera pas le double jeu de son parti. Il en faudra plus pour convaincre l’électorat juif français. Il en faudra plus pour convaincre l’électorat chrétien français. Il en faudra plus pour convaincre les Français athées de droite. Et il en faudra plus, beaucoup plus, pour convaincre l’électorat français libéral conservateur.

Michel Garroté

Rédacteur en Chef www.dreuz.info

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