Publié par Guy Millière le 6 décembre 2011
Le Qatar est un pays moderne : il est le siège de l’une des grandes chaînes d’information continue d’aujourd’hui, Al Jazeera. 
 
Qu’Al Jazeera ait pour commentateur vedette sur ses canaux en arabe un certain Youssef al Qaradawi, prédicateur éminent des Frères musulmans n’est qu’un petit détail, bien sûr. Que grâce à Al Jazeera, les propos de Qaradawi puissent pénétrer dans tous les lieux d’Europe occidentale où on dispose d’un abonnement aux chaînes câblées et où on parle arabe n’est qu’un petit détail supplémentaire.
 
La Qatar est un pays qui s’intéresse au sport : il est propriétaire du club français Paris Saint Germain, et a des investissements dans divers clubs anglais et espagnols. Le Qatar organisera la coupe du monde de football en 2022, et le pays moderne qui donne un porte-voix planétaire au prédicateur Qaradawi apparaîtra plus moderne encore. 
 
Le Qatar s’intéresse au cinéma. Il a acquis une part majoritaire dans les films Miramax, société de production qui appartenait autrefois à Disney. Parmi les productions financées par le Qatar : un film appelé « The Debt », qui traite d’agents du Mossad dépravés, obsédés par un esprit de revanche et incapables d’accomplir leur mission. 
 
Plus récemment : « Or noir » de Jean-Jacques Annaud, un film sur l’affrontement de deux sheikhs arabes, l’un se fera complice de l’Occident pour la production de pétrole et il se trouve présenté comme une crapule, l’autre est fidèle aux préceptes de l’islam, et il est présenté comme sage. Son fils finira par triompher et, au titre de punition, enverra la crapule vaincue travailler aux Etats-Unis. Les Occidentaux montrés dans le film sont, bien sûr, des abrutis cupides et sans scrupules. La culture islamique, voile intégral et harem compris, est présentée comme subtile et raffinée. Le pays moderne imprime une vision du monde et de l’islam, ainsi qu’une vision d’Israël et de l’Occident en direction du grand public.
 
Le Qatar s’intéresse à la géopolitique : c’est le pays qui a très largement soutenu l’action destinée à faire tomber le régime Kadhafi en Libye, et donc le pays grâce auquel, par l’intermédiaire de ses supplétifs français, britanniques et américains, un régime islamique se met en place à Tripoli. C’est, accessoirement, le pays grâce auquel les islamistes ont quasiment tous les leviers du pouvoir en main en Egypte. 
 
Au delà du football, le Qatar a des liens étroits avec la France. 
 
Le premier chef d’Etat reçu à l’Elysée après l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007 était l’émir du Qatar, Hamad bin Khalifa al-Thani. En 2008, une loi d’exception a été votée pour les investissements du Qatar en France, qui sont depuis exonérés d’impôts sur la fortune et sur les plus values. Le Qatar a obtenu l’ouverture à Doha d’une branche de l’Ecole nationale de la magistrature française. Les hommes politiques français qui se rendent souvent au Qatar, de manière absolument désintéressée, bien entendue (qui pourrait en douter ?) sont très nombreux, à droite et à gauche, et vont de Dominique de Villepin et Claude Guéant ou Rachida Dati à Hubert Védrine, Jack Lang, Bertrand Delanoé ou Ségolène Royal. 
 
Le Qatar possède une part croissante d’actions dans des entreprises qui vont du groupe Lagardère, propriétaire de plusieurs grands médias, à Veolia environnement, Suez, Vinci.
 
Si le Qatar n’avait aucun lien avec les Frères musulmans, si la chaîne al Jazeera avait un autre contenu, si les films produits par le Qatar n’étaient pas lourds de sous-entendu, si les interventions géopolitiques du Qatar n’avaient pas une dimension anti-occidentale, je ne verrais aucune raison de m’alarmer.
 
Si le Qatar n’avait pas une politique antisémite interdisant aux sportifs juifs de participer aux événements sportifs organisés au Qatar, je n’aurais pas de motif pour m’indigner, mais ce n’est pas le cas. 
 
Le Qatar Open de tennis est interdit aux Juifs. Si l’équipe d’Israël était sélectionnée pour la coupe du monde 2022, elle ne pourrait participer dans le cadre des règles actuelles.
 
Je semble là encore être le seul à m’alarmer et à m’indigner. Et c’est vrai qu’il n’y a aucune raison de s’alarmer et de s’indigner. Tout ce que je décris est normal, non ? 
 
A ce compte, il est normal aussi que dans les librairies du Qatar, Mein Kampf soit vendu et soit en tête des ventes de livres, jusque dans des chaînes de librairie occidentales implantées au Qatar, mais qui, dans un pays où tout est normal, tout en vendant Mein Kampf, ne vendent pas de livres d’auteurs juifs.
 
La photo illustrant cet article a été prise la semaine dernière, à la librairie Virgin de Doha. Comme le Qatar est un pays moderne, les appareils photos n’y sont pas interdits. Pas encore.
 
Reproduction autorisée, et même vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous : 
© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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