« Bernard Lugan, l’un des meilleurs experts Français de l’Afrique » selon Michel Gurfinkiel, était interviewé par Robert Ménard sur I-Télé, et ils ont été tous les deux censurés.
Robert Ménard l’interrogeait sur l’Afrique justement, dans son émission "Ménard sans interdit" (tu parles Charles). La dernière fois que j’ai vérifié, Ménard affirmait défendre la liberté d’expression. L’a du être jouasse le nanard.
Lors d’une conférence sur la démocratie organisée par l’Ambassade de France en Israël, plusieurs journalistes Français, Marc Semo de Libération, Alain Frachon du Monde et Sylvain Attal de France 24, avaient déclaré en choeur et sans détour qu’il n’est pas question, en France, pour un journaliste, d’espérer disposer de la moindre parcelle de liberté d’expression sur le sujet qui touche à la politique étrangère de la France. « Soit on est aux ordres, soit on change de département », avait expliqué Sylvain Attal, le reporter de France 24. La salle était sous le choc.
Robert Ménard, vieux canasson du journalisme, sait parfaitement cela. En interrogeant un vrai spécialiste – bravo à lui, ça change des pseudos experts – sur un sujet aussi sensible que l’Afrique (à ma connaissance, le sujet est encore plus sensible que la politique arabe de la France), il savait qu’il ne passerait pas le barrage de la censure de ses maîtres. Une prochaine fois, et s'il a vraiment les cojones, il devrait inviter Guy Millière, ça informera le public.
Ménard a risqué, Ménard s’est brulé. Démocratie limitée dites-vous ? Ne soyons pas imbécile : si Ménard lutte pour la liberté d’expression – c’est qu’il y a du grain à moudre.
Je reproduis ici, intégralement, l’interview censuré auquel les spectateurs d’I-télé n’ont pas eu droit. On dit quoi ? : merci Internet.
Robert Ménard : Dans votre livre vous écrivez que les Africains ne sont pas des « Européens pauvres à la peau noire » ; selon vous, c’est pourquoi toutes les tentatives de développement ont échoué en Afrique ?
Bernard Lugan : Le refus de reconnaître les différences entre les hommes fait que nous avons imposé à l’Afrique des modèles qui ne lui sont pas adaptés. Nous l’avons fait avec arrogance, comme des jardiniers fous voulant greffer des prunes sur un palmier et noyant ensuite le porte-greffe sous les engrais. C’est ainsi que depuis 1960, 1000 milliards de dollars d’aides ont été déversés sur l’Afrique, en vain. De plus, nous avons voulu européaniser les Africains, ce qui est un génocide culturel. De quel droit pouvons-nous en effet ordonner à ces derniers de cesser d’être ce qu’ils sont pour les sommer d’adopter nos impératifs moraux et comportementaux ? L’ethno-différentialiste que je suis refuse cette approche relevant du plus insupportable suprématisme. Contre Léon Blum qui déclarait qu’il était du devoir des « races supérieures » d’imposer la civilisation aux autres races, je dis avec Lyautey qu’il s’agit de pure folie car les Africains ne sont pas inférieurs puisqu’ils sont « autres ».
RM : Dans votre livre vous proposez de supprimer l’aide.
BL : Oui, car l’aide, en plus d’être inutile, infantilise l’Afrique en lui interdisant de se prendre en main, de se responsabiliser. Dans la décennie 1950-1960, les Africains mangeaient à leur faim et connaissaient la paix tandis que l’Asie subissait de terribles conflits et d’affreuses famines. Un demi siècle plus tard, sans avoir été aidées, la Chine et l’Inde sont devenues des « dragons » parce qu’elles ont décidé de ne compter que sur leurs propres forces, en un mot, de se prendre en charge. Au même moment, le couple sado-masochiste composé de la repentance européenne et de la victimisation africaine a enfanté d’une Afrique immobile attribuant tous ses maux à la colonisation.
RM : Vous dénoncez l’ingérence humanitaire que vous définissez comme un hypocrite impérialisme et une forme moderne de la « guerre juste », mais n’était-il pas nécessaire d’intervenir en Libye pour y sauver les populations ?
BL : Parlons-en. Nous sommes en principe intervenus pour « sauver » les populations civiles de Benghazi d’un massacre « annoncé ». En réalité, nous avons volé au secours de fondamentalistes islamistes, frères de ceux que nous combattons en Afghanistan. Cherchez la logique ! Violant le mandat de l’ONU et nous immisçant dans une guerre civile qui ne nous concernait pas, nous nous sommes ensuite lancés dans une entreprise de renversement du régime libyen, puis dans une véritable chasse à l’homme contre ses dirigeants. Or, le point de départ de notre intervention reposait sur un montage et nous le savons maintenant. Que pouvaient en effet faire quelques chars rouillés contre des combattants retranchés dans la ville de Benghazi ? On nous a déjà « fait le coup » avec les cadavres de Timisoara en Roumanie, avec les « couveuses » du Koweït ou encore avec les « armes de destruction massive » en Irak. A chaque fois, la presse est tombée dans le panneau, par complicité, par bêtise ou par suivisme.
Mais allons plus loin et oublions un moment les incontournables et fumeux « droits de l’homme » pour enfin songer à nos intérêts nationaux et européens, ce qui devrait tout de même être la démarche primordiale de nos gouvernants. Nos intérêts étaient-ils donc menacés en Libye pour que nos dirigeants aient pris la décision d’y intervenir ? Etaient-ils dans le maintien au pouvoir d’un satrape certes peu recommandable mais qui, du moins, contrôlait pour notre plus grand profit 1900 kilomètres de littoral faisant face au ventre mou de l’Europe ? Nos intérêts étaient-ils au contraire dans la déstabilisation de la Libye puis son partage en autant de territoires tribaux livrés aux milices islamistes ? Sans parler des conséquences de notre calamiteux interventionnisme dans toute la zone sahélienne où, désormais, nos intérêts vitaux sont effectivement menacés, notamment au Niger, pays qui fournit l’essentiel de l’uranium sans lequel nos centrales nucléaires ne peuvent fonctionner…
RM : Votre conception du monde n’a-t-elle pas une influence sur vos analyses et prises de positions ?
BL : J’ai une conception aristocratique de la vie, je dis aristocratique et non élitiste, la différence est de taille, et alors ? Depuis 1972, soit tout de même 40 ans, je parcours toutes les Afriques, et cela du nord au sud et de l’est à l’ouest, ce qui me donne une expérience de terrain unique dans le monde africaniste ; c’est d’ailleurs pourquoi mes analyses ont du poids. Dès le mois de décembre 2010, dans ma revue, l’Afrique Réelle, j’ai annoncé ce qui allait se passer en Egypte trois mois plus tard. De même, dès le début, j’ai expliqué que le « printemps arabe » n’était qu’un mirage, un miroir aux alouettes autour duquel tournaient les butors de la sous-culture journalistique cependant que, méthodiquement et dans l’ombre, les Frères musulmans préparaient la construction du califat supranational qui est leur but ultime.
Reproduction autorisée, et même vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
Décolonisez l'Afrique !* de Bernard Lugan (Ellipses, novembre 2011)
* en achetant le livre avec ce lien, vous bénéficiez d'une remise de 5%, et vous soutenez Dreuz.info qui reçoit une commission de 5%.
Il y a du vrai dans ce que dit Lugan, mais aussi beaucoup d’apriori, et quelques fautes, probablement volontaire.
Ainsi la citation n’est pas de L. Blum mais de Jules Ferry, ce n’est ni la même époque, ni le même contexte culturel (Ferry était un farouche parpaillot) ; dans son esprit inférieure/supérieure est en relation avec le développement économique est social, rien d’autre.
Dire que l’on a commis un génocide culturel est une propagande du même ordre que celle de Jean Rouch (que j’ai fréquenté adolescent); c’est depuis la fin de la francafrique que la destruction des structures culturelles africaines est en marche, tout comme c’est depuis ce temps-la que le pillage des ressources et l’arrêt du développement tranquille est acté. Les colonies ont toujours couté cher à la France (contrairement à l’Angleterre). Par exemple jusqu’en 1983 nous achetions le cacao sénégalais au double de son cours, et le Sénégal se développait, lentement, il évoluait tranquillement au rythme du possible. (accessoirement les musulmans n’étaient pas majoritaires et avaient un islam animiste et presque christianisé !).
Dire que l’Asie arrive du même point est une contre-vérité ; les empires asiatiques n’ont rien à envier aux nôtres et rien en commun avec les quelques conquêtes sporadiques des royaumes africains.
En 1965 je suis allé dans une tribu qui ne faisait pas la relation entre le coït et l’enfantement, la roue était encore inutilisée dans nombre de lieux.
La technologie à une mesure historique, celle de la précision de l’usinage, les Africains (hors nord) ne sont jamais parvenus aux niveau des Étrusques (-700) ni même à celui des Incas, alors que l’Asie avec les Hittites par exemple, à précédé l’Europe.
Lugan à raison, les Africains sont “autres”, et cet autre à besoin de protection peu intéressée, ce n’est ni le cas des américains, ni celui des Chinois, c’est un peu plus dans notre pratique.
Lugan à tord, nous n’avions pas (jusqu’à Mitterand) l’intention de les transformer en “blancs”, même si l’universalisme tendait parfois à cela ; mais leurs élites, il faut lire les affres de Senghor, on fait ce choix, qu’ont-il trouvé en eux et en nous pour renoncer à leur soi-ancien ?
La citation est effectivement de Jules Ferry, pas de Léon Blum. Mais Jules Ferry ne pensait pas seulement à l’économie et au politique, mais aussi à la culture. J’ai écrit un texte sur le sujet dans le recueil “Aux sources du libéralisme français”, dirigé par Alain Madelin. La colonisation française a tenté d’imposer les préceptes culturels français, sans y parvenir. La décolonisation en Afrique a tracé des frontières arbitraires sans effacer le tribalisme et a prétendu imposer un modèle démocratique qui a suscité de multiples désastres. L’aide à l’Afrique a souvent surtout alimenté la corruption, et elle est très largement une imposture. Bernard Lugan pêche effectivement par optimisme quand il dit que l’Afrique pourrait avoir suivi le chemin de l’Inde et de la Chine. Il n’y a pas eu “génocide culturel”, mais superposition d’éléments venus de l’Occident à des éléments tribaux anciens qui résistent, et en résultat, des guerres tribales et des détournements de fonds massifs. L’Afrique subsaharienne est dès lors dans une situation monstrueuse et destructrice. L’ingérence humanitaire n’est pas à condamner systématiquement. Il est des cas où elle est fondée, des cas où elle ne l’est pas du tout. La guerre en Irak n’était pas une ingérence humanitaire, mais elle était fondée. L’intervention française en Cote d’Ivoire n’avait rien d’une ingérence humanitaire. L’intervention en Libye correspond à ce que Bernard Lugan en dit, mais cela, c’est impossible de le dire sur une chaîne de télévision française, tout comme il était impossible de dire en Union Soviétique que le modèle communiste ne marchait pas. L’information en France a quelque chose de soviétique, et Bernard Lugan vient d’en être la victime. C’est scandaleux, mais hélas, logique.
Mais pourquoi ne pas considérer ce Monsieur tout autant expert “fumeux” que ceux qui disent autre chose.
Je vous invite à consulter le site très politiquement correct: Wikipédia. A la rubrique “tests de QI”
Et sans avoir besoin d’être un spécialiste de la sémantique, vous lirez, malgré les circonvolutions alambiquées que tente de faire cette publication, que tous les scientifiques qui se sont penchés sur la question des QI, en relation avec les origines de chacun, que les résultats économiques actuels sont parfaitement correspondants aux niveaux de QI des pays.
Et nous avons du souci à nous faire, nous, européens, puisque nos lointains voisins asiatiques sont plus intelligents que nous.
Et effectivement, nos proches voisins africains sont différents.
A bien d’égard, cette interview est hallucinante. Décidément, dans le mot “expert”, on peut mettre tout ce qu’on veut. Je suis navré du racisme qui fonde les propos du fumeux “expert” de l’Afrique. Ainsi donc, la démocratie, les libertés économiques, l’égalité de droit homme-femme, l’évolution scientifique et technologique, la constitution d’entités juridiques plus grandes et plus cosmopolites -appelés “Etats”-, et j’en passe bien d’autre, ne seraient pas bon pour l’Afrique. Très navrant, toutes ces inepties. Cela ne me donne aucune envie de lire son “torchon” L’Afrique Réelle.
Merci à Guy millière pour son intervention.
On peut ne pas être d’accord avec tout ce que dit Mr Lugan ( sur l’Europe par exemple, il a des opinions bien particulières), mais le censurer de cette manière… D’autant plus qu’ils l’avaient déjà invité une fois et il n y avait pas eu de problème.
Oui, Mr Lugan est un spécialiste car il voyage beaucoup. Il connait chaque pays africain sur le bout des doigts. Si l’on sait faire la part des choses entre ses analyses et son opinion personelle, on se rend compte que c’est le seul bon africaniste français encore en vie.
Cher charly,
Il y a des choses erronees chez lugan, mais il n est pas raciste. Il est exact que la decolonisation a laisse derriere elle des pays delimites de maniere arbitraire. Il est exact qu on a voulu imposer des criteres europeens a des cultures tres differentes, et la greffe n a pas pris. Parler de genocide culturel est excessif. Mais des erreurs monstrueuses ont ete commises. L aide a l afrique a surtout nourri la corruption. J ai travaille au sud du sahara, et je sais de quoi je parle. Ce que lugan dit de la Libye est tout a fait exact.
« On dit quoi ? : merci Internet. »
On dit surtout : merci Jean-Patrick Grumberg.
Mon dieu que vos commentaires sont généreux.
En effet pour moi la France n’est pas une dictature militaire dans le sens ou on l’entends de manière classique.
Cependant la France par l’intermédiaire de ses responsables politiques,de ses administrations toutes puissances,de ses médias à la botte des divers pouvoirs qui se succèdent depuis longtemps soit par conviction soit par lâcheté et bel et bien devenu une dictature que je nommerais Administrative
une Nomenclatura Soviétique qui dont la puissance peut vous broyer définitivement sur son seul bon vouloir.Des politiques et des médias assistés par cette administration adoptent couramment le mensonge, la désinformation etc etc cela est réalisé de manière diffuse et sournoise, mais les citoyens ayant gardé le yeux ouverts et leur indépendance mentale s’en rendent compte chaque jour
Mon dieu que vos commentaires sont généreux.
En effet pour moi la France n’est pas une dictature militaire dans le sens ou on l’entends de manière classique.
Cependant la France par l’intermédiaire de ses responsables politiques,de ses administrations toutes puissantes,de ses médias à la botte des divers pouvoirs qui se succèdent depuis longtemps soit par conviction soit par lâcheté et bel et bien devenue une dictature que je nommerais Administrative
une Nomenclatura Soviétique dont la puissance peut vous broyer définitivement sur son seul bon vouloir.Des politiques et des médias assistés par cette administration adoptent couramment le mensonge, la désinformation etc etc cela est réalisé de manière diffuse et sournoise, mais les citoyens ayant gardé le yeux ouverts et leur indépendance mentale s’en rendent compte chaque jour