Publié par Guy Millière le 22 décembre 2011

 

Deux hommes sont morts cette semaine qui incarnaient l’un et l’autre des principes, mais les principes en question étaient diamétralement opposés. 
 
L’un, Vaclav Havel, était un dissident tchèque qui, à la chute de l’empire soviétique, est devenu Président de son pays. L’autre, Kim Jong Il, était fils de dictateur communiste, et dictateur communiste lui-même.
 
Vaclav Havel a vécu une grande partie de sa vie en écrivant des pièces de théâtre dans lesquelles il utilisait l’arme de l’humour contre la criminelle absurdité communiste : cela lui valu plusieurs années de prison. Quand la Tchécoslovaquie a retrouvé la liberté, la population l’a choisi et l’a porté au pouvoir, sans qu’il l’ait lui-même cherché ou demandé. Lorsque la Slovaquie est entrée en conflit avec la Tchéquie, il a accepté le principe d’un divorce à l’amiable, ce qui a évité un conflit fratricide, et montré que des unions un peu forcées n’étaient pas nécessairement irréversibles. 
 
La République tchèque est aujourd’hui un pays prospère, démocratique, capitaliste, paisible. A Vaclav Havel a succédé un autre homme remarquable, pour qui j’ai une profonde estime, Vaclav Klaus. Vaclav Havel était un homme de centre gauche, Vaclav Klaus est un libéral classique, admirateur de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher et, sans aucun doute, l’homme politique le plus lucide présentement en Europe, concernant les impasses dans lesquelles est enfermée l’Union Européenne. 
 
En un temps où une pensée monolithique, le politiquement correct, et une langue de béton pèsent sur la France, il manque l’humour d’un Vaclav Havel pour tourner en dérision la suicidaire absurdité dans laquelle nous sommes. Il manque à la France un homme de la qualité de Vaclav Klaus pour sortir le pays de l’ornière dans laquelle il s’enfonce, ou, plus exactement, il manque les conditions permettant qu’un homme de la qualité de Vaclav Klaus puisse émerger. 
 
Lorsqu’Alain Madelin a été candidat à l’élection présidentielle, il n’a obtenu qu’un peu plus de quatre pour cent des suffrages, et ses idées et celles de Vaclav Klaus sont proches. 
 
La prochaine élection présidentielle en ce pays se jouera entre Nicolas Sarkozy, qui s’est révélé être aux idées du libéralisme classique ce que la grippe est à la bonne santé, François Hollande, l’incarnation du socialisme à la française, et Marine Le Pen, plus nationaliste et socialiste que son père, quand bien même elle est moins marquée par l’antisémitisme que lui, et je dois dire que l’accolement du nationalisme et do socialisme me laisse de très mauvais souvenirs. Les dissidents en France ne sont pas jetés en prison : on les ignore et on les condamne au silence, ce qui est plus efficace que les peines de prison, et moins visible.
 
Kim Jong Il, lui, n’a rien fait de sa vie, sinon être l’incarnation de ce qui n’a existé nulle part auparavant : le communisme dynastique. Sa seule et minable qualité était d’être le fils de son père, et d’avoir pris goût aux activités totalitaires et criminelles quand il était enfant, ce qui lui a permis d’être aussi abominable que son père. 
 
Son nom figurera dans les nomenclatures au côté d’autres grands criminels contre l’humanité : Lénine, Hitler, Staline, Mao. 
 
Comme il exerçait ses activités dans un pays plus petit, il a fait moins de victimes que ceux dont je viens de citer le nom. Il laisse un pays exsangue, touché par des années de famine et de destruction de toute forme d’activité économique. La dictature nord coréenne a survécu jusqu’à ce jour par le chantage nucléaire, l’exportation de missiles et d’installations atomiques, l’extorsion de fonds au Japon, à la Corée du Sud et aux Etats-Unis, le kidnapping, le lavage de cerveau intensif, la transformation du pays tout entier en un grand camp de concentration. 
 
Depuis quelques mois, Kim Jong Il préparait son fils à devenir dictateur et criminel contre l’humanité comme papa. Et son fils deviendra dictateur et criminel : il l’est déjà. Il a fait procéder à ses premières purges et éliminations physiques en 2010. 
 
Ceux qui imagineraient que la Corée du Nord va s’ouvrir devront vite déchanter. C’est un pays tenu par une forme de mafia enfermée dans une psychose paranoïaque. C’est un régime qui, s’il s’effondrait, pourrait créer un cataclysme sans précédents autour de lui. C’est un régime qui ne connaîtra vraisemblablement pas une transition à la chinoise, et il y a un pays qui fera tout pour que la Corée du Nord ne connaisse pas une transition à la chinoise : la Chine elle-même qui, depuis des années, veille à ce que la Corée du Nord reste ce qu’elle est, et serve à créer un abcès de fixation menaçant la Corée du Sud et le Japon.
 
Divers chefs d’Etat se rendront aux funérailles de Vaclav Havel : pas Barack Obama, qui a une partie de golf à finir à Hawaii, bien sûr. Aucun dirigeant présent ou passé du monde occidental ne se rendra aux funérailles de Kim Jong Il, sauf, peut-être Jimmy Carter, qui vient d’envoyer ses condoléances attristées à la famille Kim. 
 
Puis-je l’ajouter ? Tous ceux qui ont passé des alliances et en passent encore avec des communistes ont, ce faisant, passé des alliances, et en passent encore, avec des gens dont les idéaux essentiels sont ceux qui ont formé l’armature intellectuelle de Kim Jong Il, et celle de Kim Jong Un. 
 
Un représentant du Parti socialiste se rendra-t-il aux funérailles de Kim Jong Il ? Prendra-t-il l’avion en compagnie de Jean-Luc Mélenchon ?
 
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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