Publié par Guy Millière le 4 janvier 2012
Les caucus de l’Iowa, au moment où j’écris ces lignes, donnent une quasi égalité à trois candidats : Ron Paul, Rick Santorum, et Mitt Romney. L’un des trois se détachera peu-être un peu, mais trop peu pour être proclamé vainqueur. Newt Gingrich sera quatrième, Rick Perry cinquième, et Michelle Bachmann dernière, Jon Huntsman ayant renoncé à faire campagne en Iowa.
 
Comment analyser ces résultats ? Le score de Ron Paul reflète une mobilisation et une organisation de campagne importantes : des étudiants sont venus de tout le pays pour faire participer des électeurs, et le résultat est là. Ron Paul gardera son pouvoir de nuisance pendant le reste de la campagne sans doute. Les autres candidats le traiteront avec égards pour ne pas risquer de s’attirer ses foudres. Cela dit, Ron Paul n’a et n’aura aucune chance de gagner. Il a, montrent les sondages, attiré très largement des électeurs qui ne votent pas républicain : c’est pour cela que je parle de nuisance. Un candidat qui ne peut gagner, qu’il faut ménager, et dont les positions en politique étrangère sont indéfendables sert surtout l’adversaire.
 
Le score de Mitt Romney montre que c’est un candidat faible, qui ne parvient pas à susciter l’adhésion, et moins encore l‘enthousiasme. C’est un échec pour lui, quand bien même la configuration générale des résultats lui rend service. Mitt Romney tient un discours tiède, modéré : ce n’est pas un conservateur, même s’il épouse un discours conservateur. Il n’attaquera sans doute pas Obama comme il conviendrait de l’attaquer. Il n’ose pas même dire qu’Obama est un socialiste. Il a une position de John McCain, en plus jeune et plus fringant, avec une expérience d’homme d’affaire comme un supplément positif, mais une image Wall Street venant annuler ce supplément.
 
Le score de Rick Santorum est une récompense apportée à une campagne menée sans beaucoup de moyens, avec conviction et opiniâtreté. Rick Santorum est un homme de qualité, mais il manque de moyens et d’infrastructure pour aller beaucoup plus loin de manière efficace.
 
Newt Gingrich a été affaibli par un tir d’artillerie de publicités négatives venant de Romney et Paul contre lequel il n’a pas riposté, faute de moyens et en raison de son positionnement, qui a consisté à dire que le seul adversaire était Obama. Il a relativement perdu, mais cela ne me semble pas une bonne nouvelle. Les électeurs cherchent désespérément un candidat conservateur solide et cohérent. Newt Gingrich est le plus solide et le plus cohérent. Dire qu’Obama est le seul adversaire est une position lucide stratégiquement : dans le contexte présent, cela s’est révélé une position stratégiquement perdante.
 
Rick Perry est un excellent gouverneur du Texas et lui-même un conservateur solide et cohérent. Mais il n’est pas à la hauteur dans les débats, à la différence de Gingrich. Il a les moyens financiers de continuer, et il va continuer.
 
Michelle Bachmann devrait, en toute logique, quitter la compétition, et ce qu’elle pourrait faire de mieux serait de se désister en faveur d’un autre candidat. Qui ? La question aura peut-être trouvé sa réponse au moment où ces lignes paraîtront.
 
Dans le New Hampshire la semaine prochaine, Romney va l’emporter, Jon Huntsman faire un score honorable, Newt Gingrich aussi sans doute. Le score de Santorum sera l’inconnue.
 
En Caroline du Sud et en Floride, Gingrich devrait améliorer son score, Paul se stabiliser ou baisser, sans disparaître. Romney devrait fléchir. Huntsman devrait disparaître. Santorum ?
 
La configuration globale indique Mitt Romney en position de favori pour la nomination, Paul à même de nuire jusqu’au bout, et le camp conservateur divisé entre trois candidats, Perry, Gingrich et Santorum sans que l’un des trois semble se détacher. Même si, ce qui reste amplement à démontrer, Gingrich parvenait à redresser la situation, les attaques qu’il a subi l’ont affaibli. Et il serait insensé pour le camp adverse de ne pas en profiter.
 
Le candidat républicain en ces conditions devrait être Mitt Romney, à qui je donne sept chances sur dix. Je laisse deux chances sur dix à Gingricht, et je donne une chance sur dix à Santorum. Je ne pense pas que Perry ira jusqu’au bout de la compétition.
 
Si, comme c’est probable, Mitt Romney est le candidat, je lui donne une chance sur cinq de gagner face à Obama. Le déficit d’enthousiasme qui s’attache à lui pèsera. Sa modération ne sera pas un atout. Son image Wall Street non plus. Les attaques du camp Obama sont déjà prêtes.
 
Si, comme c’est désormais assez improbable, le candidat est Gingrich ou Santorum, ses chances seront plus faibles encore que celles de Romney. Gingrich est affaibli, ai-je dit, et ses concurrents républicains ont fait le travail que le camp Obama n’aura pas à faire. Santorum a un déficit de notoriété nationale et d’organisation trop important, je pense.
 
C’est ce qui me conduit à dire que le vainqueur au terme des caucus de l’Iowa est Barack Obama, à qui je donne à ce jour quatre chances sur cinq de l’emporter en novembre.
 
Inutile de dire que ce que je viens d’énoncer n’est pas du tout une bonne nouvelle à mes yeux, et est même désastreux. Mais j’essaie d’être lucide.
 
La façon dont les élections primaires républicaines se sont préparées jusqu’à présent a été lamentable. Un commentateur a parlé de peloton d’exécution circulaire. La comparaison me semble assez bonne : les candidats se sont fusillés les uns les autres. Un redressement est-il possible ? Je l’espère très vivement. Vraiment très vivement.
 
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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