Publié par Guy Millière le 17 janvier 2012
Les vendredi 13, dit-on, sont des jours fatidiques. Certains disent aussi que ce sont des jours de chance. Je ne suis l’adepte d’aucune superstition, donc je ne me prononce pas sur la question. Vendredi 13 janvier, cela dit, a ressemblé pour l’Europe davantage à un jour fatidique qu’à un jour de chance. C’est ce jour là que Standard and Poors a annoncé ses notations pour l’ensemble des pays de la zone euro, et ses notations, très prévisibles, ont ressemblé à une douche glacée. 
 
Comme prévu, la France a perdu son triple A, ce qui signifie (inutile de procéder à des circonlocutions) qu’elle aura davantage de difficultés pour emprunter, que le coût de ses emprunts va s’accroître considérablement, que les taux d’intérêts pratiqués dans les crédits à la consommation vont monter, et que la spirale descendante enclenchée va se poursuivre. Cela signifie aussi que les chances de réélection de Nicolas Sarkozy déjà très faibles s’approchent du niveau zéro, ce qui offre toutes ses chances à François Hollande, grâce à qui, sans doute, s’il est élu, la note de la France sera encore abaissée : pour peu qu’on regarde le programme socialiste, on voit, de fait, que celui-ci ressemble à un livre de recettes pour préparer un dépôt de bilan.
 
Comme prévu aussi, les autres notes ont été à l’avenant : l’Autriche passe de AAA à AA+ comme la France, l’Espagne de AA- à A, Malte de A à A-, l’Italie de A à BBB+, le Portugal de BB- à BB, Chypre de BBB à BB+, la Slovénie de AA- à AA+, la Slovaquie de A+ à A. 
 
En langage simple, il s’est agi là d’une baisse de deux crans pour Chypre, le Portugal et l’Espagne, et d’une baisse d’un cran pour l’Autriche, Malte, la Slovaquie et la Slovénie et pour la France. 
 
La France ne sera donc pas seule à avoir des difficultés et à se trouver confrontée à des surcoûts. Mais cela n’a rien de réconfortant. 
 
La note du Portugal et de Chypre fait que les emprunts de ces pays sont désormais considérés sur les places financières comme des obligations pourries (junk bonds), l’Espagne et l’Italie ne sont plus très loin de ce peu enviable statut et en seront dotées dans quelques mois. Je n’ai pas cité la Grèce, car elle est, depuis des mois, dans les C, ce qui signifie que ses emprunts sont pires que des obligations pourries. 
 
Le fonds de stabilité européen se trouve ainsi, comme prévu là encore, fortement menacé. Sa note vient elle-même d’être dégradée, ce lundi.
 
Des obligations du Portugal, de l’Italie, de la Grèce, de l’Irlande et de l’Espagne arrivent à maturité lors du premier trimestre 2012, et ce qui va se passer sera intéressant à regarder. 
 
Quatorze pays de la zone euro sont placés sous « observation négative » par Standard and Poors, qui semble aussi penser que ce qui va se passer sera intéressant à regarder. 
 
Seuls l’Allemagne, le Luxembourg, la Finlande et les Pays Bas conservent leur triple A pour le moment, je dis bien : pour le moment. 
 
La Grèce devrait, dans un proche avenir, être le premier pays du monde développé à faire faillite depuis soixante ans. D’autres suivront sans doute : le Portugal, l’Italie, l’Espagne ? Après ?
 
Comme l’a dit François Fillon, la situation ne doit pas être dramatisée. Non, bien sûr : la situation se dramatise très bien toute seule. 
 
Comme l’a ajouté Nicolas Sarkozy aujourd’hui, « cela ne change rien ». C’est évident, non ? 
 
Quelques gauchistes ont organisé ici ou là des manifestations contre les agences de notation et la dictature des marchés financiers. Ils ont la réponse : vous avez la fièvre ? Cassez le thermomètre, et vous irez mieux. Génial, non ? Vous êtes endettés ? Ne remboursez rien ! Qui vous prêtera ensuite ? Pourquoi vous en préoccuper ? Dans une société communiste, on peut vivre de rien. Demandez à la Corée du Nord. Jean-Luc Mélenchon, en France, avec ce genre d’idées attire environ 8 pour cent des intentions de vote. Un candidat libéral aujourd’hui atteindrait péniblement un pour cent, mais tout va bien. 
 
L’Union Européenne lance des appels insistants au FMI pour éviter un cataclysme européen qui entraînerait le monde entier vers le pire, mais tout va bien. 
 
Les dirigeants européens persistent à tenter de réparer un système monétaire européen qui n’est pas réparable et, par dogmatisme, le conduisent plus sûrement encore vers l’explosion, mais tout va bien. 
 
En Grèce, des parents abandonnent leurs enfants dans la rue faute d’argent pour les nourrir. En parallèle, le gouvernement grec vient de placer sur la liste des gens victimes de handicaps et pouvant recevoir des allocations sociales les pédophiles, les pyromanes et les kleptomanes. Tout va bien en Europe, indéniablement. 
 
D’ailleurs, cela n’empêche pas l’Europe de faire la leçon à Israël sur un ton arrogant, et de financer massivement l’Autorité Palestinienne. Il est vrai que les finances d’Israël sont saines, ce qui n’est pas très européen, alors que celles de l’Autorité Palestinienne… 
 
Et puis Israël est une démocratie, alors que l’Autorité Palestinienne… 
 
Quand le naufrage économique s’accouple à la dépravation morale et à l’imbécillité crasse, on peut en déduire que la fin est proche.
 
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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