Publié par Michel Garroté le 4 janvier 2012

 

 

Michel Garroté – Apparemment, François Hollande, ne dit pas, en privé, que Sarkozy est un « sale mec ». Apparemment, tout ceci n’est qu’un malentendu électoral à tendance présidentielle. Du reste, un citoyen avait fait l’objet, de la part de Sarkozy, en public et non en privé, d’un aimable « casse-toi pauv’ con ! ». Mais la thèse, apparemment fausse, du « sale mec », fait déjà le tour de la classe politico-médiatique parisienne, et, dans la foulée, de l’Internet, fessebouc et touiterre inclus.

Ainsi, sur lepoint.fr, CLAUDE ASKOLOVITCH écrit avec humour et pertinence : « 1. Pour François Hollande, Nicolas Sarkozy est un "sale mec" (Le Parisien). 2. Les indignés de droite (Guéant, Morano, etc.) se déchaînent sur l'indignité de la remarque. 3. La vérité se fait jour. Hollande n'a pas traité de sale mec le président, mais, pour une tablée de journalistes, a imaginé celui-ci faisant campagne. "Il va se présenter devant les Français et leur dire : "Je suis un président en échec depuis cinq ans, je suis un sale mec, mais réélisez-moi parce que, dans cette période difficile, je suis le seul capable". 4. Haro (sur la toile et à gauche) sur Le Parisien. 5. Léger sentiment d'écoeurement démocratique. Moralité (si l'on ose) de cet instant de rien. Une fois remisées les considérations sur la fiabilité journalistique ou les connivences coupables, le off et le on, la violence des sentiments (Hollande n'estime aucunement Sarkozy, Le Parisien l'a dit, belle affaire !), il reste ceci de fascinant. François Hollande, avec les journalistes, ne parlait pas de lui, ou de la France, ou de son programme, ou des urgences, quand il a suscité l'intérêt. Il parlait de l'autre, l'adversaire, et il en parlait tactiquement, supputant l'impossible campagne du président sortant. C'était du badinage innocent d'expert en com, du commentaire sur le commentaire, à l'usage d'autres commentateurs, les journalistes convives. C'étaient des agapes d'experts en politique, des insiders, Hollande avec les siens. Le risque, pour ce candidat socialiste, n'est pas sa mollesse supposée – c'est un dur – ni son absence de convictions – elles sont fortes, sociales-démocrates et européennes. Mais caractère et convictions restent ensevelis sous une gangue d'habitudes, ce qu'une vie de chef de parti et porte-parole a fait de Hollande : un homme politique à journalistes, goûtant leur compagnie, s'abandonnant à eux, parlant pour eux, rivalisant d'analyses avec eux, confondant le réel et notre miroir, pensant convaincre la France en captant notre attention… De ce fameux déjeuner, au fond de nulle importance, il reste le sentiment de la politique prise comme une bulle, un jeu de positionnements, et de slogans, et de formules. Un jeu à somme nulle. Nulle ? ».

Peu avant, dans la confusion générale, Ivan Rioufol, sur lefigaro.fr avait écrit : « Les insultes que jette la gauche au visage de Nicolas Sarkozy montrent, par leur outrance, la régression intellectuelle qui habite les "progressistes". Ils donnent le sentiment de ne plus savoir argumenter autrement que par la violence des mots. Ce mercredi, Le Parisien révèle que François Hollande, lors d'un déjeuner hier avec la presse, a qualifié le chef de l'Etat de "sale mec". "Délinquant constitutionnel", "Voyou de la République", "Fou", auront été quelques-uns des jugements portés par les médias qui ne sont jamais aussi courageux que quand ils chassent en meute. Comme le relève mon confrère Eric Brunet (Pourquoi Sarko va gagner, Albin Michel), ces cinq années auront été celles d'une "détestation savamment entretenue". Aucun autre homme politique n'a eu à subir un tel acharnement » (ndmg – c’est vrai que le « tout sauf Sarkozy » est « hénorme » ; cela dit, Sarkozy et son « casse-toi pauv’ con » y est en partie pour quelque chose).

Lemonde.fr apporte lui aussi son grain de sel et ses précisions : « D'autres journalistes (ndmg – autres que ceux du Parisien) participant à ce déjeuner "off" – les déclarations faites dans ce cadre sont destinées seulement aux journalistes –, parmi lesquels Patrick Jarreau du Monde, ont compris autrement les propos de M. Hollande. Selon eux, le candidat socialiste, décrivant la démarche de Nicolas Sarkozy en se mettant à sa place, lui a prêté le discours suivant : "Je suis le président de l'échec, je suis un sale mec, mais, dans cette période difficile, je suis le seul capable, j'ai le courage…". "Il va se présenter comme le capitaine courage recherchant l'impopularité", a ajouté M. Hollande, se référant notamment au projet de TVA sociale. Les journalistes du Monde, de France Inter, d'Europe 1, celle de l'AFP, du Point, la plupart des journalistes présents ont démenti la version du Parisien, expliquant que les propos de M. Hollande ont été mal interprétés, en étant sortis de leur contexte. Une version corroborée par l'auteur de l'article du Parisien, qui explique en début d'après-midi sur son site pourquoi il a choisi de publier les propos qu'aurait tenus le candidat PS. "Le candidat socialiste n’a donc pas officiellement traité le chef de l’Etat de 'sale mec'. Mais le choix de ce qualificatif pour appuyer son raisonnement en dit long sur l'estime qu'il porte à son adversaire. Raison pour laquelle nous avons décidé, ce matin, de le publier", explique-t-il ».

Michel Garroté

Rédacteur en chef

www.dreuz.info

Sources :

http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/claude-askolovitch/instant-de-rien-04-01-2012-1415275_417.php

http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2012/01/attention-gauche-mechante.html?xtor=RSS-19

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/01/04/l-ump-accuse-hollande-d-avoir-insulte-sarkozy_1625431_1471069.html#ens_id=1590109

   

   

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