Publié par Guy Millière le 18 février 2012
 
 
Guy Millière – Il va de soi que je n’ai aucune envie de voir la gauche française revenir aux affaires.
 
J’ai écrit ailleurs un article appelé « le cauchemar Hollande », et je pense, effectivement que, si nous sommes dans une situation pré-totalitaire où on incrimine Christian Vanneste pour avoir osé rappeler qu’il n’y avait pas eu d’homosexuels français déportés en tant qu’homosexuels (hors d’Alsace-Lorraine) et qu’Abel Bonnard était surnommé « gestapette », et où on essaie de détruire Riposte laïque tout en attaquant Renaud Camus pour avoir osé écrire qu’il voyait s’opérer en France un « grand remplacement », cela risque d’être bien pire si la gauche française, qui dispose déjà des municipalités des grandes villes, des régions, du Sénat, de la plupart des départements, de l’essentiel des médias et des maisons d’édition, dispose aussi de l’Assemblée National, de la Présidence et de tous les ministères. L’air, déjà irrespirable en France, deviendra beaucoup plus irrespirable encore. Nous serons dans un mixte de 1984 et du Meilleur des mondes.
 
Mais si je n’ai aucune envie de voir la gauche française revenir au pouvoir, je dirai que ce retour programmé est le fruit émétique et empoisonné des cinq années de présidence de Nicolas Sarkozy. 
 
S’être fait élire en portant autant d’espoirs et en arriver à cette situation en 2012 est absolument consternant. Si Nicolas Sarkozy avait été un homme d’Etat, il aurait agi. Vraiment. Dès le départ. Il aurait parlé comme Winston Churchill en 1940, comme Ronald Reagan en 1980, comme Margaret Thatcher en 1979. Il aurait marqué l’histoire.
 
Au lieu de cela, il n’a pas dit la vérité sur l’état économique, politique, culturel et mental de la France. Il a fait une succession de « coups » de politique politicienne qui l’ont conduit dans à peu près toutes les directions imaginables. Il a réussi à être tout à la fois autoritaire et bonapartiste, voire xénophobe, à certains moments et écologiste façon Al Gore à d’autres moments, capable de tenir un discours façon Mélenchon un jour, et capable de parler comme Le Pen père un autre jour. Il s’est présenté comme ami d’Israël et a entériné l’admission d’un Etat Palestinien à l’Unesco en ayant, entre temps, quasiment comparé Mahmoud Abbas à Benoît XVI. Et comme si ses irresponsabilités en politique étrangère n’avaient pas suffi, il s’est agité pour que Kadhafi soit remplacé par des islamistes en Libye, sur les conseils d’un géopolitologue du dimanche façon Café de Flore.
 
J’ai dénoncé tout au long de ce parcours les erreurs lamentables, les bévues consternantes, les imbécillités honteuses, et certains ont pensé que j’oeuvrais contre Sarkozy. 
 
Ils n’ont pas compris : non, j’aurais préféré que Sarkozy réussisse, et il n’a cessé, quand je pensais qu’il ne pourrait pas faire pire, de me montrer que si, il pouvait rajouter du pire au pire. J’aurais préféré que les choses se passent autrement et que quelqu’un autour de Sarkozy lui fasse entendre raison, et l’incite à se ressaisir. Mais nul n’a fait entendre raison à Sarkozy.
 
Et nous voilà dans une campagne pitoyable. 
 
Les gens de l’UMP semblent ne croire ni à ce qu’ils disent, ni aux chances de Sarkozy. Quant à Sarkozy, il montre qu’il est prêt à vouloir faire demain, ce qu’il n’a pas fait au cours de cinq années, où il aurait pu faire ce dont il parle, s’il avait une épine dorsale, et une vision du monde qui ne soit pas celle d’un joueur de poker. Il montre une qualité : il est fidèle à ses promesses. Il les avait faites il y a cinq ans. Il peut les faire à nouveau. Elles sont intactes et ne sont pas des promesses d’occasion : nul n’a jamais cherché à les faire passer dans la réalité.
 
Sarkozy pense qu’un nombre de gens suffisant votera pour le moins pire. C’est un calcul très myope. En apportant des demi satisfactions accompagnées de demi déceptions, Sarkozy a déçu son électorat sans séduire l’électorat des autres. Et il s’est attiré ainsi beaucoup d’animosités et de sentiments d’amertume.
 
Sarkozy ressemble, en termes politiques, à Giscard : il entend rassembler façon puzzle, en accolant la carpe et le lapin. Il est une décalcomanie d’un candidat socialiste qui aurait flirté avec une candidate du Front National. Il se peut fort bien, comme me l’écrivait un ami africain, Charly Ekoué Maneng, que les électeurs préfèrent l’original, ou les originaux à la copie. S’il est réélu, cela montrera que les électeurs français ne sont vraiment pas difficiles. Si, dans un restaurant, on m’offrait le choix entre diverses pièces de viande avariée, je deviendrais végétarien, et je quitterais le restaurant en disant que c’est une gargote infâme. C’est ce que je fais en répétant que je ne voterai pas, et en mettant, pour quelques jours, dix mille kilomètres entre moi et cette triste comédie.
 
Los Angeles va mal, mais je n’y entendrai pas parler de Sarkozy, et j’y trouverai des rues sans les coulées de béton asphyxiantes qui font le charme éteint et maladif de Paris. C’est déjà çà.
 
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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