Publié par Gilles William Goldnadel le 21 février 2012
 
A chacun ses soucis : François Hollande doit faire face à la colère de Jean-Luc Mélenchon pour avoir indiqué qu'il n'y avait plus de communistes en France. Patrick Buisson doit répondre de son CV passé au crible du Nouvel Obs.
 
Cette semaine, François Hollande a été contraint de calmer l’ire de Mélenchon et du PCF pour avoir prétendu dans les colonnes du « Guardian » qu’il n’y avait plus de communistes en France. Si le prétendant socialiste n’avait pas fait amende honorable, il aurait pu craindre ne plus pouvoir  engranger au second tour la quasi-totalité des voix d’une opinion postcommuniste, acquise à la cause de l’anti-sarkozysme, et qui ne le vouera aux gémonies anticapitalistes qu’une semaine après son élection.
 
Contrairement à l’opinion répandue, l’idéologie communisante existe encore, aussi sommairement qu’impérieusement, dans toutes les strates de la société française. Si Hollande s’apprête à la trahir à demi en matière économique, il devrait moins la décevoir en matière sociétale et identitaire.
 
Étrange pays que le nôtre, qui voit la gauche socialiste s’excuser auprès de son extrémité de ne pas être suffisamment une alliée docile, tandis que la droite républicaine passe son temps à s’excuser de ne pas être suffisamment éloignée d’extrêmes qu’elle s’interdit de fréquenter.
 
Patrick Buisson : un passé vraiment sulfureux ?
 
A ce sujet, la dernière livraison du Nouvel Observateur aura déçu quelque peu mon attente en promettant sur sa couverture des « révélations sur le gourou de Sarkozy », j’ai nommé Patrick Buisson, dont il brocarde « le passé sulfureux » pour avoir fréquenté notamment Le Pen et de Villiers. En dépit d’investigations minutieuses, l’hebdomadaire n’aura pas trouvé une phrase, un tréma, une virgule qui pourraient faire s’empourprer l’austère visage de celui dont je m’honore d’être l’avocat.
 
Étrange pays que le nôtre qui voit fouillé sans relâche le passé imprescriptible des gens de droite et qui confère, d’Edgar Morin à Stéphane Hessel, une aura supplémentaire pour peu que leur CV justifie du séjour dans le parti le plus stalinien d’Europe.
 
Avec une belle cohérence idéologique, le même hebdomadaire tresse sans rire les lauriers de Mélenchon pour avoir constitué un front résolument « antifasciste » contre Marine Le Pen. Décidément, on est bien loin de la une plus mesurée du « Monde » qui a su renvoyer dos à dos les deux « populismes ».
 
Les soucis français en matière de liberté d'expression 
 
Curieusement, l’hebdomadaire de gauche, dans son enquête méthodique sur le conseiller de Sarkozy, n’a pas cru devoir seulement mentionner son œuvre maîtresse consacrée aux « Années Érotiques » sous occupation allemande. Ceux qui ont eu le plaisir de la lire auront pu constater l’évidence qu’il n’y a pas que les hétérosexuels qui ont pris le parti de la collaboration. Les homosexuels français n’étaient donc pas uniquement du coté des victimes.
 
Dans le climat de terrorisme victimaire qui sévit actuellement, ce simple lieu commun peut valoir la potence. Elle l’a d’ailleurs valu à Christian Vanneste, en passe d’être exclu de l’UMP pour avoir rappelé avec effronterie une vérité, validée par mon ami Serge Klarsfeld, sur l’absence de la déportation systématique des homosexuels français. Est-ce si terrible à entendre ? En quoi est-ce faire injure aux homosexuels ?
 
Mise au point : l’une des retombées les plus positives et les plus émouvantes du, par ailleurs calamiteux, mois de mai 68 aura été certainement de faire sortir les homosexuels d’Europe du terrible ghetto de honte et d’hypocrisie dans lequel ils croupissaient sans bruit. De faire admettre que s’il existe une norme génitale et reproductrice, il ne saurait y en avoir dans la pratique de la sexualité et de l’amour entre adultes consentants. Ayant écrit cela de très bon cœur, je n’admets pas que cette libération magnifique entraîne une manière de tyrannie.
 
Je renverrai donc ceux qui veulent savoir sans être intoxiqués au gaz de l’intolérance à la lecture du magistral Holocauste dans la vie américaine de Peter Novick, dans lequel celui qui fait autorité en la matière, par ailleurs peu amène envers certaines associations juives américaines devenues doloristes, règle son compte au mythe du million d’homosexuels déportés ès qualités, véhiculé par un certain communautarisme gay. Le triangle rose n’est pas une chimère, raison de plus pour ne pas en faire une lubie.
En conséquence de quoi, l’exclusion de Vanneste me paraît être une injustice doublée d’une sottise. Puis-je faire remarquer à mon cher Jean-François Copé qu’il ne me paraît pas de très bonne politique de tenter de concurrencer la gauche sur le terrain de l’intolérance ?
 
A ce sujet, venir reprocher comme il l’a fait (Le Monde du 18 février) à François Hollande l’utilisation des vocables « camps » ou « solutions » appliqués aux Roms, fait partie des mauvais procès post-shoatiques que la droite démocratique devrait s’interdire d’instruire. D’autant plus, qu’ainsi que le fait remarquer le quotidien du soir, le mot « camps » est utilisé par tous les spécialistes pour désigner les bidonvilles dans lesquels vivent les Roms.
Le patron de l’UMP aurait été mieux inspiré, ce me semble, de constater, à l’instar du Monde, que le candidat socialiste était bien en peine de proposer des solutions réalistes, quelques mois après les imprécations de la gauche à l’encontre du discours de Grenoble.
 
Omerta sur le financement des syndicats
 
Dans la foulée du dossier du Figaro-Magazine que je signalais dans un précédent bloc-notes, le Point, à son tour, publie l’intégralité du rapport Perruchot sur le financement des syndicats. Jamais omerta n’aura autant réconcilié l’ensemble de la classe politique française pour jeter un voile pudique sur un scandale total et permanent.
 
C’est ainsi que l’on constate que les syndicats ouvriers ne perçoivent que 4% de leurs ressources des cotisations de leurs adhérents, alors qu’elles représentent 80% des rentrées en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Italie. Comme l’écrit Patrick Bonazza : « En France, 8 syndicats se disputent 8% de syndiqués. Ils ont donc choisi de vivre sur la bête. »…
 
Mais pas question de commission d’enquête. Comme le dit avec candeur le député PS Jean Mallot (mais il pourrait tout aussi bien être UMP) : « Une commission d’enquête, c’est utile pour obliger Servier à venir s’expliquer devant les parlementaires, pas forcément pour explorer le monde de la représentation sociale, surtout quand on décide de procéder à des auditions à huis clos. Cela donne une connotation sulfureuse à la démarche ».
 
Autrement dit, pour se faire publiquement un horrible laboratoire, pas de problèmes (et je ne suis pas le plus mal placé pour écrire, sans la moindre illusion d’être cru, que l’affaire n’est pas si simple) mais touche pas à mon syndicat !
 
Un journaliste saoudien, accusé « d’apostasie »
 
Un journaliste saoudien, accusé « d’apostasie », a été arrêté à Kuala Lumpur (Malaisie), puis extradé vers Ryad, il risque la peine de mort. (Le Figaro du 13 février). Le ministre de l’information saoudien lui a interdit de poursuivre toute activité professionnelle
 
Dans une interview télévisée, le cheikh fondamentaliste Nasser al Omar dénonce, en larmes, « l’outrageuse insulte publique ». Il est vrai qu’Hamza Kashgari avait osé publier sur Twitter le message suivant à l’attention du prophète : « Le jour de ton anniversaire, je te trouve où je me tourne. J’aimais certaines choses en toi, mais j’en ai abandonné d’autres, et je n’ai pas compris beaucoup de choses à ton sujet. »
 
Pendant que la Malaisie extradait l’apostat, la Cour de Strasbourg refusait de faire droit à la demande des autorités jordaniennes de voir extrader Abou Qatada, d’Al Qaida. La presse française s’est passionnée autant pour l’un que pour l’autre.
 
La « Dame de fer » vs. le Che
 
Vu ce week-end la « Dame de fer » interprété par la merveilleuse Meryl Streep. Celle-ci n’a pas manqué de faire observer que le fait d’incarner l’ancien Premier ministre conservateur du Royaume-Uni avait été diversement apprécié par les progressistes d’Hollywood.
 
Notre presse hexagonale, du moins la plus à gauche, de Libération aux Inrockuptibles, n’a pas beaucoup goûté au charme d’une œuvre dont elle critique les atteintes à l’Histoire.
 
Notons, toutefois, que les mêmes s’étaient montrés moins exigeants en matière d’historicité, par exemple, à l’égard de Che Guevara. Les derniers films hagiographiques le concernant n’ont pas montré le Che diriger dès 1959 la sinistre prison de La Cabana où il avait acquis le tendre sobriquet de « Carnicerito » (petit boucher). Selon Stéphane Courtois, auteur du Livre noir du communisme, et Marie-Laure Buisson pour de précieuses recherches complémentaires, ladite prison était un lieu où la torture et les mutilations étaient quotidiennes. En conséquence, je suis décidé moi aussi à faire mon coming out : je préfère Lady Thatcher.
 
Petit courrier personnel : un lecteur me fait reproche d’avoir utilisé un sondage de Marianne, datant déjà de 10 ans, pour faire valoir que 80% des journalistes français se situent à gauche ou à l’extrême gauche. Malheureusement, je ne dispose pas d’outil statistique plus récent. La situation se serait-elle aggravée ?
 
Les mensonges de Stéphane Hessel (suite) :  après avoir répondu à Rue 89 qui me reprochait d’avoir incriminé injustement l’auteur « d’Indignez vous ! », dans mon « Vieil homme m'indigne*» pour s’être vanté indument d’être le corédacteur de la Déclaration des droits de l’homme en faisant observer que la quatrième couverture de son best-seller planétaire le revendiquait (alors que cette vantardise n’aurait émané que de ses thuriféraires les plus zélés), un lecteur particulièrement indulgent m’a objecté que celle-ci n’avait peut-être pas été portée à la connaissance de l’auteur…
 
Malheureusement pour celui-ci, son nouvel ouvrage à paraître (mais imprimé avant la sortie du mien) et coécrit avec le plus estimable Elias Sanbar, ambassadeur de Palestine à l’Unesco, intitulé « Le rescapé et l’exilé » présente encore Stéphane Hessel avec la même « hyperbole flatteuse » pour reprendre l’euphémique expression de rue 89.
 
Mais peut-être mon lecteur considèrera encore que M. Hessel est entouré de flagorneurs empressés qui œuvrent à son insu.
 
© Gilles William Goldnadel
 
L'article original peut être consulté sur le blognadel
 
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