C'est un étrange livre propagandiste à deux voix que le Rescapé et l'Exilé. Apparemment, à front renversé, le respectable Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine auprès de l'Unesco, se fait moins propalestinien, ou en tout état de cause, moins anti-israélien, qu'un Stéphane Hessel, qu'on ne présente plus et à qui j'ai consacré mon livre Le vieil homme m'indigne !*.
Pour comprendre la modernité du propos et de ses desseins, il faut le resituer dans le contexte politique du moment. Les Arabes de Palestine ne sont plus intéressés, à supposer qu'ils l'aient été, par un règlement politique avec Israël, en tant qu'État du peuple juif, décrété par l'Onu lors du partage de 1947. Au rebours de l'analyse tactique à laquelle s'était livré Yasser Arafat et qui a accouché des accords d'Oslo, la direction de l'OLP, à tort ou à raison, croit pouvoir espérer un délitement plus rapide de l'adversaire. En Orient, la poussée irrésistible des Frères musulmans laisse peu de place à un accommodement avec Israël. En Occident, la détestation médiatique et intellectuelle de tout État-nation occidental en général et de l'État juif, occidentalissime par sa pugnacité et ses prouesses techniques, laisse augurer un abandon que toute prochaine crise accentuera.
Stéphane Hessel incarne de manière caricaturale la figure de "l'intellectuel humaniste critique" ayant le plus contribué à cette situation. Dans son bréviaire indigné à succès planétaire, sa seule indignation, en matière de politique étrangère, concerne les crimes attribués à Israël à l'encontre de la population de Gaza. C'est dans ce cadre que Hessel tente de convaincre son interlocuteur de Palestine de ce que l'édification d'un État pour les juifs, finalisé dans l'émotion de la Shoah, était une funeste idée.
Disons-le tout de suite, il est rare qu'un Arabe de Palestine s'exprime avec aussi peu d'acrimonie à l'égard d'Israël. Toutefois, l'exercice a ses limites, et on ne trouvera dans les propos d'Elias Sanbar aucune condamnation d'un Hamas et de ses méthodes terroristes, avec lequel son Fatah s'apprête à se réconcilier et qui, au moment où ces lignes sont écrites, a envoyé de nouvelles roquettes sur le territoire israélien.
Mais ce sont les propos de Stéphane Hessel qui pourraient inspirer la consternation, si nous ne connaissions déjà leur auteur qui déclarait dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung du 22 janvier 2011 que l'occupation allemande était « relativement inoffensive » si on la compare « avec la politique d'occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens ». C'est dans ce contexte délirant qu'il convient d'inscrire ces propos très hesseliens (page 42) : « Il y a encore un peu partout, et particulièrement en Allemagne autour de Francfort, autour de Munich, beaucoup de juifs, souvent revenus d'Israël, qui retrouvent dans le contact avec les "goys" quelque chose qui fait partie de la joie de vivre. » Pour se persuader, si besoin était, que le nonagénaire encensé considère que l'avenir des juifs se trouve dans leur passé sans État refuge, on lira encore : « Les juifs intelligents sont, selon moi, ceux qui disent : "Nous ne sommes pas un peuple attaché à une terre » (page 40). Inutile de dire qu'il n'attend pas pareille qualité intellectuelle du peuple arabe de Palestine dont il soutient chaque mètre carré, Jérusalem compris, de revendications territoriales.
Pour expliquer l'impasse du sionisme, Hessel proclame (page 54) : « C'est cette conception de la singularité juive qui explique selon moi l'évolution dangereuse de l'État d'Israël. Si un peuple quelconque, mettons les Pakistanais, avait décidé de s'implanter en Afghanistan, qu'aurait-il pu arriver? Ce peuple aurait certainement fait du tort aux tribus afghanes, mais des Afghans, sur le long terme, seraient devenus pakistanais ou, inversement, des Pakistanais seraient devenus afghans, il n'y aurait pas eu de séparation nette entre les deux peuples. Alors qu'un tel brassage des populations est inconcevable dans l'imaginaire des Israéliens et, disons-le, des Juifs. Il leur est impossible d'admettre que les autres puissent partager avec eux ce quelque chose de fondamental qu'ils considèrent comme exclusivement leur. » Au-delà de cette remarque dont le philosémitisme ne semble pas être la marque première, l'exemple pris du Pakistan musulman, dont la création a nécessité le déplacement forcé de 17 millions de réfugiés pour lui donner une cohérence territoriale, est assez cocasse.
Si je me suis permis d'utiliser le terme peu gratifiant de "propagandiste" pour qualifier un ouvrage dont j'estime au moins l'un des auteurs, c'est parce qu'il comporte certaines contrevérités que l'on appelle, lorsqu'on est franc, mensonges. Ainsi, Stéphane Hessel poursuit l'imposture que j'ai dénoncée de se présenter faussement comme le corédacteur de la Déclaration universelle (quatrième de couverture), carte de visite aussi prestigieuse qu'imméritée, raison pour laquelle j'ai dédié le vieil homme m'indigne ! à René Cassin, son véritable, mais plus discret, rédacteur. Stéphane Hessel, essayiste.
Dernier ouvrage paru : Le vieil homme m'indigne !*, éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2012.
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J’aime bien Goldnadel mais ce que je trouve un peu navrant, et même un peu triste, ce sont les personnalités qui essaient médiatiquement d’exister en opposition à une autre. Je pense que Goldnadel vaut mieux que ça, il serait beaucoup plus intéressant, plutôt que constamment s’opposer aux analyses d’Hessel,que Goldnbadel présente ses propres analyses, qu’il ne soit pas obligé de sa comparer à une autre figure médiatique pour exister parce qu’en continuant ainsi il piège lui-même son image et l’appauvrit, d’autant qu’il n’est même pas écouté dans les médias, c’est dommage. Le plus grand service que Goldnadel peut rendre à Israël c’est d’oublier un peu Hessel au lieu de contribuer lui aussi à lui donner cette importance démesurée.
Aider Israël en oubliant Hessel qui a vendu 1 million d’exmplaire + ceux téléchargé gratuitement par des gens comme moi qui souhaitent s’informer à la source sur ses dires sans devoir lui payer 1 centimes !
JW Goldnadel a au moins le mérite de permettre à chacun de s’informer sur la réalité vs ce que Hessel écrit ; il est juste dommage que JWG ne mette pas son livre gratuitement sur internet afin qu’il soit très largement diffusé
Cdt
Michel
Pour l’Afghanistan, mauvaise pioche. Les anglais puis les pakistanais leurs successeurs ont enlevé à l’Afghanistan, il y a plus d’un siècle, ce qu’ils appellent les zones tribales ( Ligne Durant) et que les Pachtounes afghans considèrent comme à eux ; la guerre y est toujours présente à ce jour;Avec qui les pachtounes sont-ils prêts à se mélanger ?
Au moins M° Goldnadel a le mérite de décortiquer le ramassis de contre-vérités écrites par le sénile vieillard, et en révéler les impostures. Devant le silence étourdissant des médias, absents de critiques, toutes les oppositions et mises au point doivent impérativement signalées.
Contrairement à Raphael, je partage l’avis de Crapouillot: Goldnagel mérite bien mieux que de jouer le rôle d'”anti-hessel”, mais en attendant, il n’y a pas grand monde d’autre pour remettre cet antisémite façon Drumont à sa place, et nous devons une fière chandelle à Goldnagel de se charger si volontiers et si talentueusement de ce répugnant mais nécessaire travail de salubrité. Les remarques de Raphaël ne manquent pas de sagacité, mais en attendant, merci, Monsieur Goldnagel !
prochaine prestation de STEPHANE hessel
GRAND RASSEMBLEMENT CONTRE LA CENSURE
ET POUR LA LIBERTE D’EXPRESSION
Le 29 février à 19h à la Bourse du Travail de Paris
3 rue du Château d’Eau
75010 Paris
Métro République
En présence de :
Stéphane Hessel, Ivar Ekeland, Omar Barghouti, Mbuyiseni Ndlozi
et de nombreux-ses professeurs et étudiant-e-s de l’ENS,
de l’Université Paris 8 et de l’EHESS.
si william goldnadel y va qui est pret à l”accompagner ?
Maître Goldanel,merci pour votre ouvrage. Je ne crois pas d’ailleurs qu’il faille attacher trop d’importance à l’opuscule que vous attaquez, sinon qu’il est éventuellement inquiétant qu’il s’en soit autant vendu.
A titre personnel, je suis quand même choqué par le titre de votre ouvrage “Le vieil homme…..”
Qu’avez-vous contre les vieux ?
J’ai moi-même entre 65 et 66 ans. Comment dois-je considérer ce titre?
Si vous aviez écrit un livre sur Georges Loinger, plus âgé que l’indignateur de 9 à 10 ans, quel titre auriez-vous choisi ?
Enfin n’oubliez-pas les paroles d’une chanson d’un chanteur belge dont je ne me souviens plus du nom, vue l’état de déliquescence cérébral causé par mon âge avancé : “Je voudrais être jeune, beau et con à la fois”
Vous n’avez sans doute pas lui, ou pas fait attention à ce que dit Me Goldnadel dans l’introduction de son opuscule : “Dans mon dernier livre, je confesse bien volontiers que j’ai toujours aimé les vieux… Je vais donc devoir contraindre ma nature, …”.
Si j’avais bien lu cette phrase. Je me demande comment elle aurait fait pour m’échapper étant en tête de l’ouvrage. Mais pour moi elle ne suffisait pas à effacer le titre qui est beaucoup plus visible !
Mea culpa, la vieillesse m’a complétement effacé la mémoire.
L’auteur belge n’employait pas le terme jeune. bien qu’il cite le fait de redouter de devenir chanteur pour femme vieillissante, donc peut-être est-ce une allusion à son jeunisme ?
Son refrain exact est reproduit ci-dessous :
Etre une heure, une heure seulement
Etre une heure, une heure quelquefois
Etre une heure, rien qu’une heure durant
Beau, beau, beau et con à la fois
Mille excuses pour ma citation inexacte, mais merci de répondre sur Georges Loinger !
Je viens de terminer « Le vieillard m’indigne » de M. Goldnadel où l’on voit exposées la malhonnêteté et l’hypocrisie de M. Hessel. N’ayant jamais eu l’avantage de faire connaissance avec l’image de M. Hessel (mais je m’en console aisément, à présent) j’ai eu la curiosité de regarder la vidéo de son «échange» avec M. Taieb au Salon du Livre le 18 mai dernier, au cours duquel son argument de choc a consisté à répéter «Fichez-moi la paix» tout en poussant son interlocuteur à l’épaule.
Mais il est gâteux ce pauvre bonhomme, ça se voit comme le nez au milieu du visage ! Son élocution est laborieuse, son équilibre incertain, il lui faut plusieurs secondes pour comprendre ce qu’on lui dit, il a du mal à rassembler ses idées pour répondre – ce qui prolonge l’échange et le malaise de ceux qui y assistent, car franchement, ce n’est pas plaisant de le regarder. Qu’il s’obstine si près de la tombe à rester dans l’œil du public au lieu de se préparer au jugement qui l’attend dans l’au-delà, c’est un signe supplémentaire de décrépitude. S’il croit se réchauffer à l’adulation des foules, il n’a sans doute jamais réfléchi (à moins qu’il l’ait oubliée) à la réponse de Charles Chaplin à Einstein qui lui demandait ce que signifiait la foule enthousiaste qui les ovationnait depuis plusieurs minutes sur le campus de Princeton, NJ : «Absolutely nothing!»
Eh bien franchement, si c’est à ce spécimen de vieux gâteux que les Européens font confiance pour sortir de l’ornière, je les vois mal partis ! Il est encore pire que Pétain (en fin de carrière) et l’ancien Président U.S. Jimmy Carter.
Je ne sais pas si le “Grand Rassemblement Contre La Censure Et Pour La Liberté d’Expression» qui devrait se tenir ce soir à la Bourse avec la participation, entre autres, de M. Hessel, aura bien lieu, mais quelqu’un devrait avoir le courage de lui conseiller d’éviter désormais de se donner en spectacle. A moins que quelqu’un dans son entourage ait réalisé que ce type de sorties nocturnes prolongées avec le froid qui sévit pourrait bien prochainement régler le problème une fois pour toutes.