Publié par Jean-Patrick Grumberg le 15 mars 2012
 
Le rapport Perruchot de l’Assemblée Nationale sur le financement des syndicats est un collector : après six mois d’enquête, il a été rejeté et interdit de publication pour trente ans – et encore, en supposant que quelqu’un s’en souvienne et qu’il ait la moindre signification à ce moment là, la plupart des exemplaires papier ont déjà été officiellement passés à la broyeuse.
 
Voici le rapport perruchot sur le financement des syndicats (merci au magazine Le Point) : imprimez le, lisez-le bien, et conservez-le car il vous appartient : vous l’avez payé, ce sont des élus à votre service qui l’ont établi, et il a été décidé que vous n’avez pas le droit d’en prendre connaissance. Raison de plus pour le lire.
 
Nicolas Perruchot, le député rapporteur de la commission, a d’ailleurs affirmé au Parisien : « Je persiste à penser que les gens regrettent, comme moi, ce déni de démocratie », en constatant l’enterrement du dossier – fait rarissime dans la Ve République, exigé à la fois par l’UMP, les socialistes, les Verts et l’Elysée.
 
Mais le déni de démocratie va encore plus loin. 
 
Perruchot risque des poursuites judiciaires, expliquait-il dans le Point en décembre 2011, s’il dévoile les budgets et les circuits de financement des syndicats. On pourrait croire à une affaire de Mafia, de racket et de trafic de drogue. On aurait bien raison.
 
D’ailleurs, sans contrevenir à la loi, le rapporteur avoue que ce sont « des chiffres qui, mis bout à bout, peuvent surprendre par leur ampleur ». C'est à dire combien ?, s'est demandé Valeurs Actuelles. Réponse : 4 milliards d’euros par an, pour l’ensemble des syndicats.
 
Nous avons pris l’habitude de lire un peu partout que les syndicats ne représentent que 6% des travailleurs, mais je préfère dire les choses plus clairement : 94% des salariés français ne font pas confiance aux syndicats, trouvent qu’ils ne servent à rien, et qu’ils ne sont pas capables de défendre leurs intérêts.
 
Dimanche dernier à Villepinte, lors du meeting de campagne de Sarkozy, 80.000 personnes, 80.000 salariés, ont hué les syndicats. 
 
Donc l’Etat impose leur maintien sans rien exiger d’eux en retour, voire même, et c’est l’objet du rapport Perruchot, en leur donnant des moyens financiers démesurés (pendant que des restrictions sont imposées aux citoyens). Pour quoi faire, pour servir qui et quels intérêts ?
 
Une toute petite partie de la réponse se trouve dans ce constat : la presque totalité de nos députés et sénateurs sont des fonctionnaires. Ils ne votent pas de lois contre leur corporation. Sur 1.8 million de syndiqués Français, 1 million sont des fonctionnaires (sur un total de seulement 5.2 millions de fonctionnaires pour 20 millions de salariés) chiffre auquel il faut ajouter les dizaines de milliers de permanents « cachés » qui infiltrent les administrations et les collectivités locales, comme les permanents payés par la Mairie de Paris, ainsi que les syndiqués des deux millions de salariés du secteur parapublic. 
 
En somme, nous avons des syndicats magouilleurs et corrompus, jamais inquiétés par la justice (Sea France est le dernier exemple en date), rejetés par la quasi totalité des salariés français, et pourtant financés – mais l’on devrait dire gavés – avec votre argent, sans qu’il ne leur soit demandé le moindre compte (dans le rapport, vous lirez que certains tiennent leur comptabilité au stylo sur des cahiers) et pour couronner le tout, le seul rapport parlementaire jamais produit, ce grâce à une petite fenêtre de tir d’un groupe parlementaire centristes, a été enterré.
 
Que font les syndicats de tout cet argent ? Pour une part, ils achètent les plus belles demeures et châteaux de France, en direct où par l’intermédiaire des Comités d’Entreprises qu’ils tiennent d’une poigne de fer. 
 
Chateau de Fontenay-les-Briis de la CGT
 
– Voici le château de Fontenay-les-Briis propriété de la branche CGT de la RATP, le jour de la fameuse fête de printemps du CE de la RATP (qui vous a coûté 447 000 euros).
 
Chateau de Fontenay-les-Briis de la CGT
 
Ce château, situé aux portes de Paris, a un parc de 74 hectares, dont près de 40 hectares de forêt, deux cours de tennis, deux restaurants, un mini-golf et un étang à truites, et trente chambres
 
 
– Celui-ci est le château de La Brévière, au coeur de la forêt de Compiègne. Il appartient à FO qui dit l’utiliser pour former ses stagiaires (à manœuvrer un photocopieur ?).
 
 
– Avec ses 36 hectares de vignes dans le Sauternes, voici le château Lafaurie-Peyraguey du CE de GDF-Suez.

– Le château du Plat, à Vallière dans la Creuse, entouré de plusieurs bâtiments, et qui appartient au Comité d’Entreprise de la RATP, possède 114 hectares de terres forêts et prairies, des écuries avec une trentaine de chevaux. Le CE vient de faire d’énormes travaux, auto-financés sur son pactole de 50 millions d’euros par an.  

Château de Montreul Federation œuvres sociales PTT
 
– Ici, c’est le château de Montreul de la Fédération des Organisations Sociales des PTT.
 
le-chateau-de-pretreville de la CAF du Val d'Oise
le-chateau-de-pretreville de la CAF du Val d'Oise
 
– A seulement quelques kilomètres des superbes plages de Honfleur, Trouville et Deauville, dans un parc boisé de 3 ha, le Château de Prêtreville appartient au Comité d’Entreprise de la Caisse d’Allocations Familiales du Val d’Oise. Il est composé de 8 bâtiments.
 
 
– Au cœur de la Bourgogne, le château de Ragny est un véritable château médiéval du XIIe siècle, il appartient au Comité d’Entreprise de la Banque de France en 1974 qui l'a confié à son comité d'entreprise. Aujourd'hui, il accueille des centaines d'enfants tous les ans pour des colonies. Tennis et piscine font naturellement partie des prestations de base.
 

– L’association Ageforel (Association de Gestion des Foyers de la Région Ferroviaire de Lyon) gère le château de La Bachasse. Propriété de la SNCF depuis 1947, cette jolie bâtisse du XIXe siècle et son parc de 8 hectares au cœur de Sainte-Foy-Lès-Lyon profite donc aux cheminots. 

Chateau du Verney - CE SNCF

Chateau Plagny Vernay - CE SNCF

– Le comité d'entreprise de la SNCF est également propriétaire du magnifique château du Vernay, à Challuy, au sud de Nevers, qui comprends terrains de tennis, piscines, parc privé et forêt.

– Dans le Nord, le Comité d’Entreprise d’EDF GDF à majorité CGT et à qui vous versez la modique somme de 471 millions d’euros inclus dans vos factures, est propriétaire du château de Cappelle-en-Pévèle, dit aussi château du Béron. Il sert de « centre de loisirs » à ses membres qui profitent d’une piscine couverte chauffée et de deux tennis. Riche propriétaire terrien et foncien, ce CE possède également les châteaux de Sainte-Croix dans l’Ain, d’Agecroft sur la Côte d’Azur, de Blomard dans l’Allier, et de Vaux à Argenton-sur-Creuse.
 

– La CGT possède le très beau château de Courcelle-sur-Yvette, dans l’Essonne, dont n’est pas jalouse la CFDT, qui possède le château de Bierville à Boissy-la-Rivière, non loin d’Etampes. Vous noterez que les deux châteaux sont situés en région parisienne afin d’être tout près du terrain d’action des manifestations pour défendre les prolétaires.

 
Je suppose que depuis ces châteaux, la CGT s’entraine à préparer les grèves.
 
Reproduction autorisée, et même vivement encouragée, avec la mention suivante et impérativement le lien html ci dessous : 
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
 
 
http://www.lepoint2.com/pdf/rapport-perruchot.pdf
http://www.journaldunet.com/chateaux-des-ce-et-syndicats/
http://www.lepoint.fr/economie/argent-des-syndicats-le-rapport-interdit
http://www.lepoint.fr/argent-des-syndicats-polemique-autour-d-un-rapport-enterre
http://www.tree-logic.com/

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