Publié par Guy Millière le 19 mars 2012
Il est encore trop tôt pour savoir ce qu’étaient les motivations de l’assassin qui a frappé à l’école Ozar Hatorah, à Toulouse ce matin. La seule chose claire est que l’homme concerné s’est exclu de l’humanité, mérite lui-même la mort et doit être mis au plus vite hors d’état de nuire. Vient-il d’une extrême droite nostalgique du nazisme ? Ce n’est pas impossible : des liens pourraient exister entre la tuerie de ce matin et les assassinats de militaires commis ces derniers jours dans la même raison : les militaires tués étaient maghrébins et antillais. Un individu d’extrême droite peut frapper tous ceux qui ne sont pas des blancs chrétiens. Vient-il de l’islam radical ? Un islamiste pourrait vouloir frapper des militaires français appartenant à un régiment impliqué dans la guerre contre les talibans en Afghanistan, a fortiori des militaires français de confession musulmane. Il pourrait aussi vouloir tuer des Juifs, tout particulièrement des Juifs franco-israéliens (le rabbin Yonatan Sandler et deux de ses enfants font partie des victimes, la quatrième victime est la fille du directeur de l’école Ozar Hatora). Que le tueur vienne de l’extrême droite ou de l’islamisme n’est pas l’important aujourd’hui.
Ce qu’on peut légitimement se demander est comment une école juive n’est-elle pas davantage protégée par la police dans le contexte français, européen et mondial actuel. Il n’y avait pas même un seul policier en faction ? Pourquoi ? Et qu’on ne me réponde pas que c’est parce qu’il n’y a pas de menaces antisémites : partout où je me rends dans un lieu culturel ou religieux juif en France, je ne peux que constater les extrêmes mesures de sécurité déployées, et celles-ci ne sont pas déployées par hasard. On sait qu’il existe tout particulièrement des menaces pesant sur les lieux de culture et les lieux culturels juifs, ainsi que sur les écoles juives en France. Des mesures de sécurité doivent être prises par la communauté juive. L’Etat français fait très mal son travail et manque au premier des devoirs d’un Etat vis-à-vis de ses citoyens : les protéger et garantir leur liberté. En l’occurrence, les Juifs de France ne sont pas protégés. J’écrivais récemment que l’Etat était presque partout où il n devrait pas être et quasiment nulle part où il devrait être : on en a une accablante démonstration.
Ce qu’on peut se demander aussi est comment se fait-il qu’un assassin puisse s’enfuir si aisément après avoir commis son acte. Que des soldats puissent être tués à la sortie d’une banque et que le tueur puisse partir, devant témoins, sans être retrouvé peu de temps après laisse déjà perplexe : aucun témoin n’a appelé la police avec un portable ? La police n’avait aucun moyen d’intervenir rapidement ? Mais que des enfants puissent être tués dans l’enceinte d’une école juive et repartir ensuite tranquillement passe l’entendement. Nul n’a appelé la police. Celle-ci a-t-elle des moyens d’intervention qui date d’avant l’ère des technologies modernes ? Je n’imagine pas une telle inefficacité aux Etats-Unis ou en Israël. Je sais que la France va très mal, mais tout de même ! Je sais aussi que la démultiplication des barrières, plots métalliques et parpaings de béton destinés à entraver « écologiquement » la circulation rend la poursuite de malfaiteurs en deux roues plus difficile, mais tout de même, oui !
Ce qu’on doit constater est qu’a suivi le cortège des paroles vaines de dirigeants politiques, tous, bien sûr, « indignés » et en deuil, mais aussi le cortège des antiracistes professionnels venant s’efforcer d’écarter l’idée de crime antisémite et user pour cela de l’amalgame entre les assassinats de soldats et la tuerie de ce matin : quand bien même l’assassin serait le même dans tous les cas, et quand bien même il aurait tué un antillais, des Maghrébins musulmans et des Juifs, il n’empêche que les assassinats de ce matin sont d’une autre nature. Tuer des militaires adultes désarmés est assassiner, c’est clair. Tuer des enfants et un rabbin dans la cour d’une école juive est pratiquer un assassinat antisémite, c’est tout aussi clair. Et la communauté juive est la communauté la plus menacée de France, et la plus agressée de France, c’est tout aussi clair. Je participais hier, dimanche, à un journée d’information du Consistoire de France en compagnie d’un homme exceptionnel et d’un courage remarquable, Sammy Ghozlan, qui dirige le Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme (BNVCA). Sammy a rappelé un ensemble de faits accablants, que je connaissais, hélas. Les faits d’aujourd’hui viennent s’ajouter à la liste.
Il va de soi que tous les racismes doivent être combattus, mais j’ajouterai pour terminer que l’antisémitisme serait moins présent dans la société française s’il était effectivement combattu, ce qui n’est pas vraiment le cas, et si les incitations à la haine anti-israélienne, qui conduisent toujours à la haine antisémite étaient moins présents dans les grands médias et dans divers discours politiques. Je trouve particulièrement hypocrite les réactions de certains de ceux qui se disent horrifiés de la barbarie de ce matin, mais qui participent jour après jour, à la diabolisation de l’Etat du peuple juif et des Juifs qui y habitent. Il n’existe pas de différence de nature entre l’assassin qui a tué ce matin un rabbin et deux de ses enfants, et une petite fille, et les assassins qui ont tué un rabbin, son épouse et ses enfants à Itamar voici un an. Les journaux qui ont insulté la mémoire de la famille Fogel l’an dernier devraient songer qu’en ayant insulté la mémoire de la famille Fogel, il y a un an, ils ont contribué à armer l’assassin de la famille Sandler ce matin.
Je sais qu’en écrivant que l’assassin de ce matin mérite la mort et doit être mis hors d’état de nuire, je ne suis pas politiquement correct. Je l’assume : entre l’assassin et les victimes, je suis résolument du côté des victimes et résolument favorable à l’élimination des assassins. En Israël et aux Etats-Unis, le port d’arme est bien moins limité qu’en France, et la sécurité des honnêtes gens est plus grande, c’est un fait. Les tueries aux Etats-Unis ces dernières années ont toujours eu lieu dans des zones où le port d’arme était interdit. Aux Etats-Unis, un assassin est condamné à la perpétuité réelle ou à la peine de mort, et l’immense gravité d’un assassinat est dès lors prise avec le sérieux qu’elle mérite.
Je sais, comme l’a écrit Jean-Patrick Grumberg, que si l’assassin est un islamiste, psychologues et psychiatre seront convoqués pour édulcorer, et que si l’assassin est d’extrême droite, une chasse aux sorcières va être organisée. C’est ainsi que l’aveuglement fonctionne en ce pays.
En 2011, il y a eu 389 agressions antisémites déclarées en France. Plus d’une par jour. Et c’est sans compter les agressions non déclarées. Ailleurs en Europe, ce n’est pas mieux. C’est parfois pire.
Qu’en déduire ? Je laisse la question en suspens. Vous trouverez aisément la réponse.
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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