Publié par Michel Garroté le 29 mars 2012

 

   

Le vieux pape et le vieux singe

   

  

Michel Garroté – Finalement, Fidel Castro a non seulement rencontré le pape pendant trente minutes à La Havane, dans les salons de la nonciature, mais il l'a fait à deux reprises (voir lien vers la source en bas de page). Seule la seconde rencontre a eu lieu officiellement, mais dans le première, il aurait réussi à entraîner son ami et camarade le président vénézuélien, Hugo Chavez, comme l'écrit sur son blog <runrun.es> (article en espagnol ici : runrun.es/runrunes/..en-5-minutos-bendicion-y-rosario-papal-recibio-chavez-de-su-santidad.html) Nelson Bocaranda, journaliste vénézuélien antichaviste, célèbre parce qu'il obtient toujours des informations confidentielles. Pendant des jours, le Vatican et les évêques cubains ont réaffirmé que la rencontre entre l'ancien commandant en chef et Benoît XVI était probable, mais que le caudillo de Caracas n'était pas prévu. Chavez lui-même, parlant à la télévision de Cuba, a reconnu qu'il serait difficile de trouver du temps. Dans la matinée, à travers son site web, Fidel avait finalement annoncé que la rencontre se ferait (cf. Le site <Cubadebate> et la requête de Fidel).

À ce moment-là, selon Bocaranda la première rencontre avait déjà eu lieu. La rumeur s'est répandue vers 14h (heure française). Sur son blog, le journaliste vénézuélien a écrit que le pape, Raúl, Fidel et Chavez se seraient vus pendant cinq minutes à la fin de la rencontre de quarante minutes entre Benoît XVI et Raúl. Et à Chavez, le pape aurait adressé ses vœux pour un prompt rétablissement et donné un Rosaire béni. Dans les milieux diplomatiques, on avait signalé la mauvaise humeur de Raul devant l'insistance de son frère, à satisfaire la demande de son ami pour voir Benoît XVI, mais le même Bocaranda dit que juste pour obtenir cette rencontre, la famille Chavez avait envoyé au Mexique, "un citoyen mexicain-vénézuélien de confiance et entretenant d'excellentes relations avec le Saint-Siège. D'ex-diplomates vénézuéliens accrédités près le Saint-Siège auraient favorisé des contacts ultérieurs avec les milieux cardinalices, et finalement, un accord avait été trouvé: une brève rencontre, avec aucun média, juste le temps pour la bénédiction apostolique.

Bocaranda soutient également que dans l'opération, l'épiscopat vénézuélien n'a pas été impliqué, étant donné les mauvaises relations avec le gouvernement de Chávez. La situation est curieusement spéculaire (càd une image inversée) à celle de Cuba, avec le cardinal Ortega qui dans une interview accordée à L'Osservatore Romano avait non seulement fait l'éloge des réformes économiques de Raul, mais avait également dit qu'après les libérations obtenues grâce à sa médiation, à Cuba, il n'y a plus de prisonniers politiques – alors qu'au moins 150 personnes avaient été mises préventivement en prison, selon Amnesty International et que le Comité pour les droits de l'homme d'Elizardo Sanchez publiait une liste de 46 prisonniers. Aux yeux de l'Amérique du Sud, Benoît XVI est apparu plus chaviste que les évêques vénézuéliens, mais moins castristes que les Cubains, alors qu'a implicitement rappelé que des prisonniers politiques à Cuba, il y en a et qu'il a demandé leur libération (en plus de rappeler que le communisme avait fait son temps).

Contrairement à ce qui avait été anticipé, non seulement Raúl a rappelé que sa réforme est uniquement d'ordre économique, pas politique, mais Fidel ne s'est pas converti. L'antichambre qu'il a dû subir est toutefois une nouveauté surprenante, pour un vieux caudillo qui avait l'habitude, lui, d'imposer des heures d'antichambre – et même des journées entières – aux invités, pour les recevoir ensuite dans les conditions les plus inattendues. Légendaires sont les maux qu'il provoquait à ses interlocuteurs, qui se présentaient avec des vêtements légers imposée par le climat de Cuba, et se retrouvaient dans les températures glaciales de l'air conditionné que le lider maximo imposait pour garder sa charismatique tenue de camouflage. Célèbres aussi les interviews où il répondait aux questions en montrant combien il était bon au tir ou faisait visiter ses écuries.

Mais une telle discrétion est également inhabituelle: Chavez, au moindre événement dont il est protagoniste, a l'habitude d'appeler les caméras. En somme, on ne peut pas dire que Benoît XVI ait réussi à faire aller les deux caudillos à Canossa. Mais il a au moins un tout petit peu redimensionné les choses. Le Pape a vu 5 mn Chávez, c'est bien pour Chávez, qu'il réfléchisse pendant sa chimiothérapie à Cuba à ce qu'il fait endurer à l'Église catholique au Venezuela (ci-dessous lien vers la source).

http://benoit-et-moi.fr/2012-I/0455009fcb0e2340d/045500a0250798e19.html

Copyright Michel Garroté 2012 & Sources citées

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