Publié par Les amis de Rachel Franco le 19 avril 2012

Depuis hier-soir, de nouvelles cérémonies s'ajoutent à celles des années précédentes, pour se souvenir de six millions de Juifs assassinés par les nazis, avec la complicité active ou silencieuse et lâche de l'ensemble des nations où les Juifs résidaient, dans la paix et la concorde.

Chaque jour consacré à la mémoire me pose question, et chaque cérémonie laboure mon être en profondeur. La tristesse, le dégoût, la colère, le ressentiment, puis de nouveau la tristesse et le dégoût nous figent durant ce temps que le peuple Juif sacralise pour l'élévation de ces six millions de frères et sœurs de notre peuple, partis en fumée dans le ciel si bleu d'une humanité perdue, ou que la terre a avalés sans une seule sépulture.
 
C'est comme si la nature elle-même avait été complice de la pire des ignominies humaines. Elle n'a pas protesté, n'a pas refusé de participer au massacre programmé de six millions d'êtres arrachés à la vie. La nature n'a t-elle pas été témoin de la création de l'Humain appelé à participer au projet divin d'une humanité fraternelle où le Nom peut vivre au milieu de nous ?
 
De ces six millions de corps, il reste sept tonnes de cendres gardées en Pologne et une petite caisse noire, posée discrètement dans l'une des salles de la mémoire de Yad Vashem.
 
Mais six millions d'âmes vivent en nous sans qu'une seule d'entre elles ne manque au rendez-vous.
 
C'était hier et notre esprit ne peut imaginer la chose que si elle avait été accomplie dans des temps historiques fort lointains.
 
C'était hier or l'animalité bestiale de l'idéologie nazie n'a pas honte aujourd'hui de s'exprimer par la voix de l'islamisme, et de reprendre le même refrain morbide. Oui, ce sont les mêmes qui reviennent, ceux que la Bible nomme Amalek et dont le projet et le but est d'appliquer une solution finale pour effacer le peuple Juif de la carte des peuples.
 
C'était hier et les nations ne retiennent pas les leçons de l'histoire. A nouveau, silence, complicité, lâcheté égrènent les discours des dirigeants politiques qui ont pour devoir de veiller au bien et à la paix de leurs pays. Ils se couchent, pourtant, devant la menace islamiste, et baisent les pieds des États arabes qui pratiquent la charia et assassinent sans vergogne tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule du dogme religieux d'un islam conquérant.
 
C'était hier, mais aujourd'hui en conformité absolue avec la parole de la Bible, le peuple Juif est revenu sur sa terre, et l'Etat d'Israël est lieu de refuge pour les Juifs souhaitant vivre en harmonie avec leurs racines spirituelles et physiques.
 
C'était hier, et aujourd'hui se pose plus que jamais la question du témoignage, de la transmission aux générations suivantes et de la mémoire en action.
 
À cet instant où je m'interroge sur le concept de témoignage, l'image de la déclaration de foi de l'Unité de l'Éternel, prononcée chaque jour par le peuple Juif, me vient à l'esprit et ce n'est pas un hasard. Ce que nous déclarons avec force et fidélité depuis des millénaires est le « Shéma » que nous pouvons aussi traduire ainsi « Écoute Israël, l'Eternel est notre Dieu, l'Eternel est Un ».
 
Dans le texte hébreu, deux des lettres de cette déclaration de foi sont plus grandes que les autres (la dernière lettre du premier mot et la dernière lettre du dernier mot) et ces deux lettres (Ayin et Dalet) écrivent le mot Témoin.
 
Israël est par nature spirituelle, mais aussi dans sa chair, peuple-témoin de l'Unité de Dieu, et il accepte de porter le joug de ce témoignage en le déclarant deux fois par jour et ce depuis des millénaires, et en prononçant cette déclaration encore à l'instant même où la mort nous emporte vers un Ailleurs qui nous attend.
 
Cette déclaration de foi du peuple-témoin est dite en posant certains doigts de notre main sur les yeux selon un mode qui écrit l'un des noms de Dieu. On ferme ainsi les yeux au visible et à ce monde tel qu'il se laisse voir, pour mieux s'ouvrir à l'Infini divin qui nous traverse et nous appelle, raison pour laquelle l'écoute (Écoute Israël…) est privilégiée à une vision qui, pour la plupart des hommes, s'en tient à l'extériorité du monde.
 
La manière dont les doigts sont d'ailleurs posés sur le visage pour fermer les yeux écrit aussi l'un des noms de Dieu, mais le présent article n'ayant pas pour objet de pénétrer les arcanes de l'ésotérisme hébraïque, je m'en tiendrai là ; pourtant il y aurait fort à dire, ne serait-ce que sur les deux lettres hébraïques qui écrivent le mot Témoin, afin de saisir la texture spirituelle d'un témoin.
 
Mon intention est ici de dire que six millions de Juifs sont vivants, plus que jamais, pas seulement à l'occasion de jours consacrés à leurs mémoires, mais à chaque instant où la déclaration de foi de l'Unité de Dieu est prononcée, car ils sont morts parce qu'ils appartiennent à un peuple fidèle à l'Unité de l'Eternel, et ce peuple est lié, attaché à un livre, à une promesse, à une terre et à une Parole qui donnent sens à la vie pour l'ensemble des peuples.
 
La mémoire n'est pas un lieu accidentel ou passager de l'esprit que nous réveillons à l'occasion d'une cérémonie annuelle. La mémoire est esprit en mouvement. Le travail d'Adam est de cultiver et garder le jardin d'Eden au centre duquel se tient l'arbre de vie, ainsi que l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal.
 
Pour garder un jardin, il faut le travailler, arracher les mauvaises herbes, arroser la terre. En goûtant le fruit de l'arbre de la connaissance, Adam et Hava ont fait pénétrer dans leur intériorité un mélange des valeurs de Bien et de Mal car ils se sont attachés au visible (l'arbre de la connaissance était beau à voir et attrayant).
 
En chacun de nous, Adam doit travailler sa terre intérieure et réparer la faute d'une vision qui s'attache à l'extériorité d'un monde, où le Divin se voile (en hébreu, les mots Monde et Voilé s'écrivent avec les mêmes lettres), pour entendre l'appel à une transcendance qui donne sens et oriente vers notre Centre, Arbre de Vie éternel. 
 
Dans ce lieu de l'esprit, le travail de l'Adam est d'attacher ensemble la symbolique de ces deux arbres dans une harmonie parfaite et équilibrée.
 
Dans ce lieu de l'esprit, six millions d'âmes nous éclairent de leurs douleurs.
 
Paix à leurs âmes !

 
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© Rachel Franco pour www.Dreuz.info

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