Publié par Guy Millière le 20 avril 2012

Le 19 avril était le jour de souvenir de la shoah. Toute la population d’Israël s’est figée pendant quelques instants, en signe de recueillement. En Europe, seuls les Juifs se sont recueillis, et les Juifs sont de moins en moins nombreux sur le continent où a été perpétrée la shoah. Les descendants de ceux qui ont perpétré la shoah avaient mieux à faire qu’à se recueillir. D’ailleurs, c’est à peine si les journaux et les télévisions en ont parlé.
 
J’ai cessé de trouver étrange que seuls les Juifs perpétuent le souvenir de la shoah. J’en suis venu à comprendre que c’était logique. Si les Européens veulent pouvoir détester Israël sans se poser de questions, il leur faut oublier la shoah, ou la classer sur une étagère parmi d’autres génocides. Il leur faut, surtout, en relativisant la shoah s’exonérer du grand crime commis en commun par des millions d’Européens qui ont exterminé ou contribué à exterminer six millions de Juifs et, pour mieux s’exonérer, diaboliser Israël, traiter l’armée israélienne d’armé digne du nazisme, présenter les « Palestiniens » comme les Juifs de l’ère contemporaine.
 
J’ai expliqué la logique à l’œuvre dans un petit livre publié voici un an, Comme si se préparait une seconde Shoah*. J’ai écrit ce livre pour inciter les Européens à avoir honte, à retrouver un peu de décence et à discerner les engrenages auxquels ils contribuent. C’était une entreprise vaine : la honte est, en Europe, un sentiment qui disparaît. J’ai écrit ce livre aussi pour les Juifs d’Europe qui n’auraient pas conscience de ce qui se joue en Europe, car, je le sais, nombre de Juifs d’Europe n’ont pas conscience de ce qui se joue.
 
En regardant l’Europe telle qu’elle devient, je ne puis m’empêcher de donner raison à cet écrivain espagnol qui écrivait, voici quelques années, que l’Europe était morte à Auschwitz. Les Européens ont tué ou laissé tuer à Auschwitz six millions d’hommes, de femmes, d’enfants innocents. L’Europe ne s’en est jamais relevée.
 
Il lui a fallu des années pour regarder la shoah en face. Et il lui a fallu ensuite peu de temps pour commencer à l’oublier, pour la relativiser, et pour faire comme si la haine d’Israël n’avait rien à voir avec l’antisémitisme, et juste à voir avec la « cause palestinienne ».
 
J’ai publié voici cinq ans un autre livre, consacré très précisément à lutter contre l’oubli, Survivre à Auschwitz*. Je l’ai dédié à un survivant des marches de la mort. C’est, de tous mes livres, celui qui s’est le moins vendu.
 
Les jeunes Européens ont d’autres soucis, et la « cause palestinienne » est sacrée pour un nombre croissant d’entre eux. Au rythme actuel, elle sera bientôt plus sacrée pour eux que pour les Arabes de Judée-Samarie.
 
Je n’ose, au vu de ce que devient la jeunesse européenne, imaginer ce que sera l’Europe dans trente ou quarante ans.
 
Je sais que malgré la haine d’Israël en Europe, Israël vit, et je sais que l’avenir d’Israël est plus fécond que celui de l’Europe (c’est l’objet de ma chronique dans le prochain numéro d’Israël Magazine). Je sais dès lors qu’il n’y aura pas une seconde shoah. Et je me dis que c’est un point capital.
 
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© Guy Millière pour www.Dreuz.info
 
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