Publié par Gilles William Goldnadel le 22 mai 2012

La semaine Goldnadel

Cette semaine : Manuel Valls bientôt désavoué, Jean-Marc Ayrault inégal face au devoir de mémoire, Christiane Taubira et la justice des mineurs…

“Le mariage de la carpe Taubira et du lapin Valls promet de beaux enfants.” Crédit Reuters

Étrangement, ce sont sans doute les personnalités les plus policées du nouveau pouvoir en place qui se seront conduites le plus grossièrement lors de la transmission du sceptre et des clés.

François Hollande, au rebours de tous les usages, n’aura donc trouvé aucune qualité, ne serait-ce que l’énergie, à son prédécesseur. Il n’aura pas non plus estimé nécessaire de le raccompagner jusqu’à la porte.

Manuel Valls, se sera senti obligé d’indiquer devant Claude Guéant qui ne pouvait lui répliquer, qu’en ce qui le concerne, il ne pratiquerait aucune stigmatisation. Quand bien même, par hypothèse, aurait-il eu raison, qu’il aurait pu attendre que l’ancien ministre de l’Intérieur tourne au coin de la rue du Cirque, pour décocher son trait. Si le nouveau ministre espère ainsi désarmer la gauche lorsqu’il faudra mener la politique de fermeté qu’il se dit déterminé à entreprendre, il y a fort à parier que l’humiliation gratuite infligée au perdant aura été inutile. Au premier sans-papier expulsé, on rappellera au fils de républicains espagnols qu’il aime légitimement se dire, les temps mauvais du caudillo.

Si la réconciliation annoncée et la fin des discours «clivants» passent seulement par la glorification extatique des étendards étrangers de la Bastille et la poursuite de la fascisation de l’adversaire, alors l’apaisement célébré sur tous les tons risque de ressembler à la politique d’«apeasement» de M. Chamberlain.

Cette fascination présidentielle pour la droite remerciée, est également passée par le contre-pied systématique de la période précédente, présentée uniment comme le modèle honni du stupre et de la pose.

C’est ainsi, que Thomas Hollande, pourtant omniprésent au soir du triomphe paternel, a-t-il été privé de cérémonie élyséenne, tandis que Mlle Mazarine Pingeot y était conviée. Allez comprendre. Moi, président de la République, je préfère à l’avance prévenir que mes enfants seront de la fête.

Dans le même temps, président et ministres, ont annoncé avec ostentation réduire leur traitement. Et qu’importe, que leur nombre accru entraîne l’augmentation de la facture du contribuable. L’excès de modestie confine parfois à l’orgueil.

Pendant ce temps, le nouveau Premier ministre était présenté à l’unisson comme un personnage consensuel. Ce n’était pas l’impression qu’il nous avait donnée lorsque, en sa qualité de chef du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, il avait refusé de désavouer M. Letchimy, quand ce dernier avait comparé la sortie de Claude Guéant sur les civilisations au nazisme.

Quoiqu’il en soit, Jean-Marc Ayrault, friand d’histoire, a tenu, avec raison, à rappeler que sa ville de Nantes était le point de départ au XVIIIe siècle du commerce esclavagiste triangulaire : «il faut qu’une ville regarde son histoire» déclara-t-il en inaugurant le Mémorial pour l’abolition de l’esclavage.

Assurément. Sans donc oublier qu’au même siècle et en la même ville, mais encore plus tard, on célébrait des «mariages républicains» au cours desquelles des prêtres et des religieuses, notamment sur les ordres d’un Carrier dont des rues encore aujourd’hui portent le nom, étaient attachés nus face à face dans des barques avant d’être noyés dans la Loire. Il est plus facile de regarder bien sans œillères.

Cela n’a pas tardé. La nouvelle Garde des Sceaux, en fin connaisseur, a annoncé que les tribunaux correctionnels pour mineurs allaient être supprimés. Retour donc aux fondamentaux d’une ordonnance de 1945 à nouveau célébrée du sémillant Pierre Joxe à l’Ordre des avocats qui rate rarement le discours convenu.

Gilbert Cesbron peut exulter dedans la terre. Et tant pis si les mineurs d’aujourd’hui ont pris 10 kilos et autant de centimètres, qu’ils sont responsables de la moitié des crimes et délits commis, et que des enfants de 13 ans d’aujourd’hui se livrent à des «tournantes». Il parait que c’est cela l’humanisme. Le mariage de la carpe Taubira et du lapin Valls promet de beaux enfants.

A propos toujours de ma nouvelle ministre de la Justice et de mon bâtonnier, ce dernier, au demeurant charmante personne, a souhaité la bienvenue à la première en croyant devoir célébrer sa loi éponyme sur l’esclavage. Moi qui n’ai pas le même regard sur les lois mémorielles, en ce compris celle portant assez funestement le nom d’un ancien ministre communiste nommé Gayssot, je me garderai bien d’emportement extatique.

Il se peut, je le dis sans ironie, que j’aie tort. Mais je rappellerai quand même, pour tempérer celui des autres, que lorsqu’on demanda à Mme Taubira, ancienne responsable indépendantiste guyanaise, pour quelle raison dans sa loi proscrivant toute négation de la traite esclavagiste, seule la transatlantique occidentale était visée à l’exclusion du commerce arabique pourtant plus ancien , plus durable et encore plus cruel, elle répondit ingénument qu’il convenait de ne pas désespérer les jeunes des cités. Toujours cette histoire d’œillères.

 Dans ce climat d’euphorie générale, la libération le 18 mai, contre l’avis du parquet, de Jean-Marc Rouillan ancien leader d’Action Directe est passée relativement inaperçue. On rappellera que celui-ci, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, s’est toujours refusé à regretter ses crimes.

La veuve d’une de ses victimes, Mme Georges Besse, avait confié au Figaro : «Rouillan ne pourra jamais payer sa dette. Sa dette. C’est deux vies : mon mari, le général Audran et peut-être d’autres… Il faut assumer ses actes et les conséquences de ses actes. On n’est pas impunément révolutionnaire tueur.»

Je ferai également observer que lors de l’abolition de la peine de mort, l’un des arguments les plus forts des abolitionnistes, et qui m’avait personnellement convaincu, était de soutenir, qu’après suppression du supplice, la peine capitale devenait dès lors la réclusion à perpétuité et qu’elle devrait désormais, au nom de la dissuasion, être exécutée réellement. Mais il est vrai que je ne suis pas un humaniste. Pas plus, sans doute, que Mme Georges Besse.

Dans mon précédent bloc-notes je faisais observer avec un brin d’amertume qu’il me paraissait que la victimisation de la Grèce et des Grecs prenaient un tour excessif. Je rappelais que ce pays avait inventé non seulement la démocratie mais encore la démagogie.

Un excellent article de Renaud Girard (Le Figaro, 17 mai 2012) nous apprend que le modèle du politicien hellénique est sans doute M. Michalis Chrisodolis. Comme ministre du Pasok, il soutint à fond le gouvernement du technocrate Papademos, déterminé à prendre les mesures d’austérité qui seules peuvent sauver le pays cigale, politiquement et économiquement.

Mais, accusé dans un débat télévisé d’avoir signé le mémorandum désormais honni, il répondit tranquillement qu’il ne l’avait pas lu ! Renaud Girard de faire observer que contrairement à ce que prétend la presse grecque de gauche, le mémorandum n’a rien d’un oukaze imbécile décrétant des coupes budgétaires drastiques mais plutôt un texte nuancé qui propose des réformes de bon sens.

Au regard de ses premières déclarations, le nouveau Président français ne semble pas déterminé à tenir aux Grecs le franc langage qui s’impose.

Ainsi que le fait observer le placide Alain – Gérard Slama, la seule chance de la France – comme de son chef – serait que la résistance ferme de Mme Merkel – menacée par les démagogues de la relance par la dépense publique – oblige la gauche à s’incliner devant les réalités de la concurrence internationale dès le début du quinquennat, là où Mitterrand avait attendu deux ans. On n’en prend pas le chemin. M. Montebourg annonce que ce gouvernement connaîtra des échecs. J’ai foi en sa forte parole.

© Gilles William Goldnadel,

L’article original peut être consulté sur le Blognadel

Réflexion sur la question blanche, page 93, éditions Jean-Claude Gawsewitch (20 janvier 2011

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