Publié par Abbé Alain René Arbez le 23 mai 2012

Lors d’un symposium catholique-juif à Buenos-Aires en 2004, une déclaration officielle de l’Eglise catholique-romaine marquait une étape nouvelle et significative dans la lutte globale contre l’antisémitisme.

Pratiquement occultée par les médias occidentaux, il s’agit cependant ici d’une clarification importante dans les relations controversées entre Eglise catholique et Peuple juif, surtout en tenant compte du contexte international et de l’hostilité orchestrée contre Israël depuis des années.

Les interlocuteurs en présence étaient d’une part la Commission pontificale pour les Relations avec le Judaïsme, avec le Cardinal Walter Kasper délégué du Pape, et d’autre part le Comité juif international pour le Dialogue interreligieux, sous la Présidence du Congrès Juif Mondial.

Cinquante trois personnalités catholiques et juives provenant de 26 pays ont donc travaillé ensemble sur des dossiers d’actualité, avec le souci de définir des objectifs communs et en exprimant une position claire.

Il en est ressorti une déclaration finale rejetant explicitement toute forme directe ou indirecte d’antisémitisme, y compris – et cela n’est pas anodin au regard de certains slogans médiatisés – l’antisionisme, qui est de plus en plus prétexte à banaliser la haine envers les Juifs en diabolisant Israël.

Cela n’interdit pas toute critique objective du gouvernement israélien et de sa politique, comme il en est pour d’autres états. Mais ce qui est visé ici, c’est la mise en cause systématique de la légitimité reconnue à l’Etat hébreu par l’ONU en 1948, ainsi que la présentation unilatérale des événements du conflit palestino-israélien, propre à certains médias et milieux idéologiques, laïques ou chrétiens.

Pour les organisateurs de ce Forum, dénoncer l’antisionisme comme une variante de l’antisémitisme a véritablement été un moment historique: « L’Eglise catholique reconnaît dans l’antisionisme une agression non seulement contre les Juifs, mais contre le Peuple juif en tant que tel ».

Mais le symposium de Buenos-Aires ne s’est pas limité à des débats conclus par une déclaration faisant figure de scoop. Le Père Patrick Desbois, secrétaire du Comité épiscopal français précise : « Nous sommes passés d’un dialogue à une véritable coopération sociale, basée sur l’héritage commun du Mont Sinaï ».

Il est vrai qu’un centre social de secours aux déshérités de Buenos Aires fonctionne déjà, géré conjointement par Caritas et une Organisation caritative juive. D’autres expériences du même type existent également dans les Territoires sous Autorité palestinienne, en Israël, et au Kosovo. D’autres projets sont en cours pour que Juifs et Chrétiens se mettent ensemble au service des plus pauvres.

A une prise de position dénonçant l’antisémitisme et l’antisionisme s’est donc ajouté un engagement commun très concret contre les fléaux de la pauvreté et de la discrimination sociale.

Autre volet de la déclaration : le terrorisme. Au Proche-Orient, des organisations s’étaient spécialisées dans l’attaque de civils, envoyant des kamikazes se faire exploser au nom d’une cause. Le colloque de Buenos Aires l’a rappelé : « Le terrorisme est un péché contre l’Homme et contre Dieu ». Il est clair que le terrorisme est déjà injustifiable par lui-même, mais celui qui s’exerce prétendument au nom d’un dieu est encore plus répugnant.

Globalement, on peut dire que cette déclaration catholique, selon laquelle l’antisionisme équivaut à l’antisémitisme, n’est pas sans évoquer la prise de position de l’ONU en 1991 : l’Assemblée abrogeait alors solennellement un texte onusien de 1975 assimilant (par diverses contorsions idéologiques) le sionisme au racisme.

Koffi Annan avait d’ailleurs qualifié cet étrange texte antisioniste de 1975 de « lamentable manifestation d’antisémitisme* ».

* « antisémitisme » : mot inventé dans les années 1870 par le publiciste allemand antijuif Wilhelm MARR ; « antisémitisme » ne signifie pas hostilité contre les Sémites en général, dont les Arabes font partie. Il s’agit bien ici de la haine envers les seuls Juifs, ciblés dans une acception « raciale » liée au contexte particulier de l’époque.

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© Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info

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