Publié par Michel Garroté le 30 mai 2012

Michel Garroté – Gérer le temps, gérer notre journée, gérer notre agenda et gérer notre vie, tout cela tourne parfois au cauchemar. Je vais prendre une image extrême et caricaturale : une personne donnée, au volant de sa voiture, gère ses e-mails depuis son téléphone cellulaire, reçoit en même temps sur ce même téléphone cellulaire un SMS et, se faisant, cette même personne consulte, en plus, son GPS, surveille la route et tente d’éviter de brûler un feu rouge. L’image est certes extrême et caricaturale. Pourtant, la personne mise en scène dans cette image effectue quatre choses en même temps, ce qui nous est toutes et tous arrivé une fois ou l’autre : gérer à la fois un e-mail, un SMS, un GPS et un feu rouge. Pour résumer, on peut dire que les nouvelles technologies nous font certes gagner du temps, mais que par la même occasion, elles augmentent la pression sur notre gestion du temps.

A ce propos, cette prière de Moïse est assez éclairante : « Enseigne-nous à bien compter nos jours et nous obtiendrons la sagesse ». Autrement dit, nous vivons ici-bas un temps limité, nous sommes mortels. Mais pour transcender cela, l’anthropologie judéo-chrétienne nous apprend à vivre l’instant présent, ici et maintenant. L’anthropologie judéo-chrétienne nous apprend à vivre l’instant présent tout en nous révélant qu’au-delà de la mort, nous entrons dans la vie éternelle et dans la résurrection. Mais en attendant cette vie éternelle, nous ne pouvons que vivre l’instant présent, ici et maintenant. L’anthropologie ancestrale, vaudoue, fétichiste, maraboute proposait le culte des ancêtres et le « dialogue » avec eux. L’anthropologie ancestrale était donc orientée, non pas vers l’instant présent, mais vers le passé. Et l’anthropologie hindouiste propose le futur, un futur terrestre, au travers de la réincarnation. L’anthropologie hindouiste est donc orientée, non pas vers l’instant présent, mais vers le futur.

En fait, l’anthropologie judéo-chrétienne allie le temps qui passe (du grec ‘chronos’) au temps en sa qualité d’événement précis, à une heure précise et en un lieu précis (du grec ‘kairos’). Nous pouvons agir ici et maintenant dans le kairos, mais nous ne pouvons pas, ici et maintenant, agir sur l’ensemble du temps, le chronos, ce qui serait anachronique (ana : à côté du ; chronos : temps). En outre, l’anthropologie judéo-chrétienne, avec les deux temps d’ici-bas, le ‘chronos’ et le ‘kairos’, nous relie à la vie après la vie, à la vie éternelle. J’ai écrit plus haut que les nouvelles technologies nous font certes gagner du temps, mais que par la même occasion, elles augmentent la pression sur notre gestion du temps. En fait, les nouvelles technologies exercent une pression constante sur notre vie intérieure. Et notre vie intérieure, c’est aussi notre liberté intérieure. Or, si le téléphone cellulaire influe sur notre liberté extérieure, il ne doit pas pour autant influer automatiquement sur notre liberté intérieure, garante de notre vie intérieure. Et c’est là que doit impérativement intervenir notre libre arbitre, notre plein consentement.

Car si vraiment nous sommes libres, alors nous sommes aussi responsables. C’est trop facile de dire « je suis libre mais irresponsable ». Rien ne nous interdit d’éteindre notre téléphone cellulaire et rien ne nous oblige à constamment nous servir de notre GPS. Pour les croyants, le moyen le plus simple d’exercer ce libre arbitre et ce plein consentement se résume à « prier sans cesse ». Car prier en silence n’a jamais empêché quiconque de conduire son véhicule. J’ignore ce qui peut remplacer la prière chez les non croyants, chez les athées et chez les agnostiques. Du reste, il ne m’appartient pas de leur faire la leçon. Peut-être qu’en lieu et place de la prière, les non croyants, les athées et les agnostiques ont-ils recours à une forme de méditation enracinée dans l’instant présent. Mais en tous les cas, pour les croyants, les non croyants, les athées et les agnostiques, le recours au libre arbitre et au plein consentement demeurent un choix libre et responsable. Personne ne peut dire qu’il était obligé de brûler un feu rouge, son téléphone cellulaire à la main, et d’écraser – de ce fait – un enfant.

Michel Garroté

Reproduction autorisée avec mention de ce blog

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