Publié par Abbé Alain René Arbez le 2 juin 2012

Le candidat Hollande avait annoncé des décisions dans l’air du temps : mariage homo et adoption d’enfants, manipulation de cellules, extension de l’euthanasie, etc. qui, une fois entérinées sous forme de lois, risquent fort d’avoir des conséquences majeures sur les valeurs éthiques.

Bouleversements en vue, non seulement dans l’hexagone, mais également dans l’espace idéologique européen, déjà en mutation sous bien des aspects (influence de nouveaux comportements, pénétration de cultures allogènes, etc). Le tout, rappelons-le, dans un contexte général de crise économique et de brouillage des repères et des modèles au sein des sociétés.

Est-ce un hasard si, autour du festival de Cannes, on a pu assister récemment à une promotion tous azimuts du film « Amour » de Haneke, réalisateur autrichien porté aux nues et auréolé de gloire médiatique avec Palme d’Or ?

Les commentateurs s’accordent à louer le talent indéniable de Jean Louis Trintignant et d’Emmanuelle Riva dans les rôles qui leur ont été dévolus : incarner l’intimité quotidienne d’un vieux couple, plutôt comblé par l’existence, et qui s’aime. Mais cette pluie de compliments ne doit pas évacuer le dilemme imposé par le scénario.

L’inattendu du film réside essentiellement dans la crise de Madame qui, foudroyée par un AVC, se retrouve, comme tant de personnes dans le même cas, réduite à une vie au ralenti. C’est alors que Monsieur redouble d’efforts de présence et de tendresse ; et Haneke n’épargne aucun détail pour faire vibrer la corde émotive au maximum. Tout ce luxe de gros plans, pour en arriver à la conclusion programmée : je t’aime, donc je te tue. Car Monsieur, dans un dernier « geste d’amour », étouffe son épouse avec un coussin.

Cette version « humaine » de l’euthanasie incline vers l’idée que la vieillesse est une déchéance et que la maladie subite autorise les proches à abréger des jours insupportables surtout pour l’entourage.

Voici donc une nouvelle prime à la culture de mort, qui se banalise dans tous les domaines. Vérifiez bien que ceux qui vous « aiment » ne s’autoriseront pas dans un ultime sursaut d’affection à vous débrancher ou à vous piquer, si par malheur votre état général se trouvait subitement mis à mal et devenait à leurs yeux inacceptable !

On peut dire que les deux traditions juive et chrétienne offrent une approche spirituelle assez semblable de l’euthanasie. L’idée force issue de l’anthropologie biblique est que la vie doit être respectée et préservée par les médecins et par les proches d’un malade. La tradition juive dit que détruire une vie, c’est détruire le monde entier, maintenir une vie c’est à l’inverse sauver le monde entier. Pour aller au secours d’une vie en danger, il est même autorisé de transgresser les règles du shabbat. En outre, la torah ne fait pas de différence qualitative entre le souffle d’un enfant qui commence à vivre et celui d’un vieillard qui termine son chemin terrestre.

Mais cette attitude de respect ne signifie pas acharnement, et si quelque chose empêche l’expiration naturelle, on peut en écarter l’obstacle. Pour les chrétiens, dans le même esprit, le respect de la vie et de la dignité s’impose, et on distingue de la même manière entre une euthanasie passive, attitude acceptée, et une euthanasie active, (comme dans le film de Haneke) comportement porteur de mort rejeté par l’Eglise.

Il est clair que la banalisation de l’euthanasie se développe avec des arguments souvent de type émotionnel et subjectif, qui, bien présentés ont prise sur le public, souvent au nom d’une compassion. Nul ne conteste que certaines situations sont complexes et que la relation affective peut prendre le pas sur d’autres considérations éthiques et religieuses, pourtant indispensables face au caractère inviolable de l’existence humaine.

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© Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info

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