Publié par Guy Millière le 4 juin 2012

Je l’ai déjà écrit : je n’ai rien humainement contre François Hollande.

Je pense que c’est un homme faible qui choisit pour compagnes des femmes fortes, comme, souvent, les hommes faibles.

Je pense que c’est un homme qui délègue et qui laisse aisément d’autres décider.

Je pense aussi qu’il a quelques convictions : il admire François Mitterrand, qui a précipité la France sur le chemin du naufrage et qui mentait dès qu’il remuait les lèvres et même, parfois, quand il ne les remuait pas. Il est socialiste, et il serait dangereux de croire qu’il ne l’est pas.

Il ne gouverne pas encore, et Ayrault et son gouvernement sont là pour la période qui mène aux législatives. Il n’a encore pris que fort peu de décisions, mais les décisions qu’il a prises sont très significatives. D’autres décisions suivront.

Donc. Des postes de fonctionnaires supplémentaires seront créés dès l’automne prochain, ce qui va accroître le poids d’une fonction publique déjà pléthorique.

Donc. Des aides supplémentaires vont être allouées pour la rentré scolaire. Ce qui constitue un surcroît de dépenses dans un contexte où les déficits publics sont déjà immenses.

Donc. Aucune mesure de diminution du poids de l’Etat n’est envisagée ou évoquée. La baisse des salaires des ministres et du Président sont des gestes minimalistes sans portée financière.

Donc. François Hollande parle toujours de croissance à relancer, et semble croire que la croissance peut venir de décisions gouvernementales et est quelque chose qui se décrète.

Il imagine même qu’apparemment, alourdir les impôts des entreprises, ce qui sera décidé dès l’été prochain, est une mesure qui va contribuer à favoriser les investissements. Ce qui est une vision singulière des choses.

Il imagine aussi qu’augmenter le SMIC va créer des emplois, que coupler un jeune employé et un employé plus vieux en versant de l’argent tiré des impôts à l’entreprise où travaillera le couple et que rétablir la retraite à soixante ans va susciter du dynamisme. Ce qui est tout simplement ridicule, économiquement parlant.

Donc. François Hollande a pris la tête d’une fronde anti Merkel et anti allemande, s’est placé en chef de file des pays d’Europe au bord de la banqueroute, et entend tenter d’obtenir une mutualisation des dettes faisant que l’Allemagne paie les dépenses vaines et les échecs de gestion des autres.

Donc. François Hollande va échouer dans sa tentative, et se voir traité par les dirigeants allemands et ceux du Nord de l’Europe comme un crétin arrogant qui n’a pas les moyens de son arrogance. C’est, en sous jacence, le message délivré voici peu par la Commission européenne, consciente que le navire sur lequel elle est juchée est en train de couler, et que Hollande risque d’accélérer le naufrage.

Donc, François Hollande va favoriser les familles gay, avec deux papas, deux mamans, trois tantes et, en option, les pédales de la bicyclette écologique et, pour faire bonne mesure, va favoriser aussi l’euthanasie. Il a même trouvé le remède à la prolifération des zones de non droit : demander aux policiers des remplir des formulaires à remettre à chaque contrôle d’identité. Si les délinquants ne tremblent pas face à cette idée, c’est qu’ils ne trembleront jamais.

Donc. François Hollande s’entend bien avec Barack Obama, ce qui n’est pas étonnant, puisque Barack Obama fait ce qu’il peut pour être socialiste aux Etats-Unis, où c’est bien plus difficile qu’en France. Barack Obama se sent plus proche des pays au bord de la banqueroute et comprend qu’Hollande se fasse leur chef de file. Il a conduit lui-même les Etats-Unis au bord de la banqueroute. Il comprend qu’Hollande veuille que l’Allemagne paie les dépenses vaines et les échecs de gestion des autres : lui, il fait payer ses propres dépenses vaines et ses erreurs de gestion par la Chine, qui s’assure ainsi une emprise sur les Etats-Unis.

Donc. François Hollande partage les visions de politique étrangère de Barack Obama. Ce qui n’est pas étonnant non plus. Il voit la suite des opérations en Afghanistan comme une défaite occidental, comme Barack Obama, et entend coopérer au retour au pouvoir des talibans, comme Barack Obama. Il veut, comme Barack Obama, une solution diplomatique à la nucléarisation de l’Iran et sait, comme Barack Obama, que la solution diplomatique n’existe pas. Il approuve que la Russie soit l’intermédiaire majeur des négociations avec l’Iran, comme l’a décidé Barack Obama. Il est prêt à une intervention militaire en Syrie, comme Barack Obama, à condition que celle-ci soit décidée par l’Onu, et, comme la Chine et la Russie bloqueront toute décision, il n’y aura donc aucune intervention. Ce qui est la politique de Barack Obama.

Donc. François Hollande fait comme s’il tenait tête à Vladimir Poutine, et Vladimir Poutine passe son chemin, en sachant bien que les décisions importantes se prennent à Washington et à Berlin, et que dès lors que Washington et Berlin ne décideront rien, Hollande se contente de prendre une pose aussi consistant qu’un morceau de carton abandonné sous la pluie.

François Hollande fait semblant de croire qu’il dirige un pays qui a encore de l’importance. Il le dit et le répète. Il est des Français qui croient François Hollande lorsqu’il fait semblant de croire.

François Hollande se présente comme un Président normal. Il prend le train, comme Paul Deschanel en son temps. Il incarne une forme de provincialisme effacé qui semble correspondre à ce que nombre de Français souhaitent.

C’est un Président qui incarne un déclin français dans une Europe qui s’efface et sombre.

C’est un Président qui parle comme on parlait il y a trente ans, voire plus tôt encore, et qui a le charme désuet et sclérotique d’un disque 78 tours.

C’est un Président pour un peuple qui regarde l’avenir dans un rétroviseur pour ne pas voir le mur contre lequel il va se fracasser.

C’est un Président éteint qui correspond à un pays qui s’éteint.

C’est l’incarnation d’un épuisement, d’un renoncement à être.

Décevra-t-il ? Je n’en suis pas même certain.

Y aura-t-il un après Hollande ? J’aimerais m’en persuader.

La France vieillit. Elle perd son capital humain. Rebâtir impliquerait une vigueur que je ne vois pas autour de moi.

J’espère me tromper, bien sûr. J’espère de toutes les forces me tromper.

La France aujourd’hui ne s’est pas relevée des années Mitterrand. Elle vient de porter au pouvoir un disciple de Mitterrand. Il y a là une forme de constance crépusculaire.

Et dès lors que l’Europe est elle-même sur la voie du crépuscule…

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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