Publié par Michel Garroté le 13 juin 2012

Ilana Ferhadian et Guillaume Millochau de l’Ecole Supérieure de Journalisme, Paris (France) – L’opération de retrait des troupes françaises en Afghanistan débutera au mois de juillet et s’achèvera à la fin 2012, a déclaré samedi François Hollande, après la mort de quatre soldats dans l’est du pays. Le chef d’Etat s’est notamment exprimé sur le fait que tout devait être fait pour que les troupes “remplissent leurs obligations” avec “le niveau le plus élevé de sécurité et la plus grande vigilance pour la vie de nos soldats”. Afin de mieux comprendre le départ de ces troupes et les conséquences qui pourraient en découler, nous avons interrogé le rédacteur en chef du site de géopolitique Dreuz.info, Michel Garroté, diplômé ès sciences politiques de l’Université de Genève en Suisse.

Ilana Ferhadian et Guillaume Millochau de l’Ecole Supérieure de Journalisme – Qu’est-ce que sous-entend François Hollande lorsqu’il évoque le fait de retirer les troupes françaises d’Afghanistan deux ans avant le retrait prévu mais promet le maintien d’une présence française “axée sur la coopération civile et économique” ?

Michel Garroté – Le retrait des troupes combattantes françaises d’ici 2012 ne change rien, puisque ces troupes combattantes françaises d’Afghanistan sont recluses dans leurs casernes depuis l’été 2011 ; et puisque de toute façon, elles ne représentent que 3% des effectifs si l’on comptabilise les soldats américains.

Ilana Ferhadian et Guillaume Millochau – Pensez-vous qu’il y a une stratégie cachée derrière la volonté de Francois Hollande de retirer de manière anticipée les troupes françaises en Afghanistan ? Est-ce une manière de recentrer la politique étrangère de la France sur d’autres problèmes ?

MG – Hollande a déclaré, le vendredi 25 mai 2012, lors d’une visite en Afghanistan, sa volonté de retirer d’ici fin 2012 « les troupes combattantes françaises » stationnées dans le pays. Le retrait des quelques 3’000 soldats français en Afghanistan « sera ordonné et coordonné en bonne intelligence avec nos alliés », a précisé Hollande. En réalité, ce n’est pas le retrait des troupes combattantes françaises en lui-même qui pose problème, mais le rythme auquel ces troupes seront rapatriées. A cet égard, il faut bien comprendre un certain nombre de conditions. Pour un soldat français combattant, il y a trois soldats français chargés de la couverture et de la logistique. En clair, sur 3’000 soldats français en Afghanistan, 750 soldats sont des troupes combattantes et 2’250 soldats sont des éléments chargés de la couverture et de la logistique.

Ilana Ferhadian et Guillaume Millochau – Quelles seraient les conséquences au niveau diplomatique (notamment avec les Etats-Unis) et les conséquences concrètes sur le terrain de ce retrait anticipé ?

MG – Sur le retrait d’ici fin 2012 des troupes combattantes françaises stationnées en Afghanistan, j’aimerais vous faire ici quelques précisions. Hollande ne dit plus que 3’000 soldats français vont quitter l’Afghanistan d’ici la fin de l’année 2012. Hollande dit désormais que les troupes combattantes françaises, soit 750 soldats combattants, vont quitter l’Afghanistan et que sa volonté est qu’ils puissent le faire d’ici fin 2012. Hollande ajoute que ce retrait doit se faire de façon ordonnée et coordonnée en bonne intelligence avec les alliés de l’Otan. Concrètement, cela signifie qu’aucun soldat français ne devra être tué, pendant la très délicate opération, que constitue ce retrait. En effet, le retrait de 750 soldats combattants, de 2’250 soldats de couverture et logistique, ainsi que de tout le matériel, est une affaire longue, risquée et complexe. Hollande ne veut en aucun cas prendre le risque de voir des soldats français se faire tuer par les talibans lors de ce retrait qui est d’abord un repli.

Ilana Ferhadian et Guillaume Millochau – Comment se déroule concrètement ce retrait ? De quelle manière les troupes sont rapatriées en France ?

MG – Lorsque Hollande précise que ce retrait doit se faire de façon ordonnée et coordonnée en bonne intelligence avec les alliés de l’Otan, cela signifie, très concrètement, que pour des raisons de sécurité et de logistique, le retrait des troupes françaises ne peut qu’être progressif, soit échelonné sur 2012, 2013 et 2014.

Ilana Ferhadian et Guillaume Millochau – Craignez-vous une recrudescence de l’islam radical en Afghanistan, notamment avec l’hypothèse d’un soutien iranien ?

MG – Oui, absolument. Les extrémistes chiites et les extrémistes sunnites vont se disputer leur influence en Afghanistan. Le retrait prévu par Obama signifie que l’Occident veut de moins en moins avoir des troupes au sol en terre d’islam. Il faudra attendre une année ou deux, peut-être plus, avant d’en tirer des conséquences.

Ilana Ferhadian et Guillaume Millochau – Pour finir, pensez-vous que la politique internationale de François Hollande sera différente de celle qu’a mené Nicolas Sarkozy pendant 5 ans ?

MG – Difficile de répondre à ce stade. Voyons quelle sera la position de la France dans les semaines et les mois à venir sur la Syrie. Ce qui est certain, c’est que pour le peuple juif israélien et pour les chrétiens d’orient, un gouvernement français de gauche, ce n’est pas ce qu’il y a de meilleur.

Interview réalisée par Ilana Ferhadian et Guillaume Millochau, Ecole Supérieure de Journalisme.

Reproduction autorisée avec mention de ce blog

Source :

http://esj-web.com/blogs-2012/esj1-g3/72-politique-internationale/666-interview-de-michel-garrote-sur-le-retrait-des-troupes-francaises-d-afghanistan.html

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