Publié par Guy Millière le 9 juillet 2012

Je dois rentrer en France. Je le dois parce que mes parents sont âgés et n’ont jamais pris l’avion. Ce n’est pas à quatre vingt dix ans qu’ils vont commencer. Et je sais que c’est étrange, mais j’ai un sens du devoir vis-à-vis de mes parents. Je dois être très réactionnaire. Je vais tenter de me soigner en regardant les grands chaînes françaises. Pendant que j’étais aux Etats-Unis, je regardais Fox News. En France, j’ai aussi accès à Fox News, mais je vais plutôt regarder TF1, France 2, France 3, cela m’aidera à me réadapter.

Et après tout, je devrais être content. Je vais même tenter de me persuader que je dois être content.

Je vais retrouver un pays où on coule du béton sur la chaussée pour créer des embouteillages : n’est-ce pas merveilleux, les embouteillages ? Je vais réentendre dire que la destruction des voies de circulation, c’est bon pour l’environnement, et je n’ai sans doute rien compris. A New York, à Miami, à Los Angeles, on ne détruit pas les vois de circulation, et c’est sans aucun doute très mauvais pour l’environnement. La preuve : l’air est plus pur dans les grandes villes américaines qu’à Paris.

Je vais retrouver un pays où on parle encore de réchauffement climatique et où on se garde bien d’expliquer que les donnés disponibles montrent qu’il n’y a jamais eu de réchauffement dû aux activités humaines et que le réchauffement dû aux éruptions solaires a cessé depuis près de deux décennies. Cela me reposera l’esprit. S’il fallait s’encombrer les neurones avec des données scientifiques, où serait le plaisir de l’été ? Les intempéries présentes coïncidant peu avec un discours « réchauffiste », je gage qu’on va parler de « changement climatique », avant de revenir, si le mois d’août est plus chaud, à une autre élucubration. C’est cela qui est bien en France : on n’est jamais à court d’élucubrations.

Je vais retrouver un pays où on n’a pas l’idée saugrenue et absurde de mettre les criminels en prison très longtemps, ce qui permet la prolifération du crime et des récidives. Si les criminels ne pouvaient commettre de crimes et récidiver, où serait la joie d’être criminel ? Cinq cent trente sept crimes et agressions diverses ont été commis en juin, ce qui est un record, et traduit une nette croissance depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Qui osera dire après cela que la France ne peut pas battre des records et que la croissance en France est en panne sur tous les plans ? On pourrait proposer un nouveau proverbe bien français, à ajouter aux proverbes anciens : heureux comme un criminel en France.

Je vais retrouver un pays où il n’y a quasiment aucune agression antisémite et aucune difficulté créée par l’islam radical : quasiment à chaque fois que des Juifs sont agressés en France, on souligne très vite que ce n’est pas une agression antisémite, et c’est très rassurant. Quasiment à chaque fois qu’un acte islamiste est commis, on n’en parle pas comme d’un acte islamiste, ce qui est tout aussi rassurant. Quand un criminel est musulman, la grande presse l’appelle Vladimir, et le tour est joué. Nul, en dehors de moi (mais j’ai mauvais esprit, même si j’essaie de me soigner) et de mon ami Gilles William Goldnadel ne parle d’antisémitisme musulman : que demander de mieux ? Les journalistes et les dirigeants politiques français ont une solution magique qui peut s’appliquer à tous les maux imaginables : un mal vous fait face ? Dites que ce mal n’existe pas. N’est-ce pas merveilleux ? Ne voit-on pas là une expression du génie français ?

Je vais retrouver un pays où il existe des socialistes qui osent encore être socialistes, ce qui est de plus en plus rare de nos jours, et tout à fait digne d’éloges. La France a un Président socialiste, un gouvernement intégralement socialiste, un parlement socialiste, des journalistes socialistes à quatre vingt dix pour cent (les dix pour cent manquants seront bientôt à la retraite), un corps enseignant socialiste à hauteur de quatre vingt dix pour cent aussi, et une opposition dite de « droite » qui est elle aussi socialiste, à de rares exceptions près. Il y a peu de pays sur terre dont on pourrait dire cela. Et malgré tout ce socialisme, il n’y a officiellement que dix pour cent de chômeurs en France. Il existe encore des entreprises en France. Il y a seulement, officiellement toujours, dix millions de pauvres. N’est-ce pas extraordinaire ?

Comme si tout cela ne pouvait suffire à mon bonheur, j’ai eu écho de ce que le gouvernement prépare : des augmentations massives d’impôts et de taxes, la légalisation du mariage homosexuel et de l’adoption d’enfants par les gays de diverses obédiences, le droit de vote des étrangers aux élections locales en attendant mieux, l’accentuation de la dépendance énergétique du pays.

Si avec cela, des entreprises ne disparaissent pas ou ne délocalisent pas leurs sièges sociaux, des gens riches ne partent pas, ce ne sera pas faute pour les socialistes français d’avoir essayé.

Si la famille survit, ce ne sera pas faute pour les socialistes français d’avoir tout fait pour la détruire.

Si l’idée de contrat entre un pays et celui qui en prend la nationalité n’est pas broyée, ce ne sera pas faute pour les socialistes français d’avoir tout fait pour la broyer.

Si l’avenir n’a pas les couleurs du chaos, de la faillite et de la décadence généralisée, c’est que le socialisme n’est plus le socialisme.

Mais que serait la joie d’être dans un pays socialiste si des entreprises ne devaient pas disparaître, des sièges sociaux délocaliser, des gens riches s’en aller, la famille se trouver détruite, la nationalité et le contrat social se trouver broyés ?

Que serait l’avenir d’un pays socialiste s’il n’avait pas les couleurs du chaos, de la faillite et de la décadence généralisée ?

Ajouterai-je pour souligner la complétude de mon bonheur que je sais d’avance que je n‘entendrai plus guère d’économistes parler qui ne soient socialistes, et donc atteints d’un crétinisme confondant, et qu’il en ira de même pour les commentateurs parlant de géopolitique ?

Oui, décidément, quel plaisir de rentrer en France.

Sachant qu’il ne faut jamais abuser des bonnes choses, je sens néanmoins que je vais repartir bientôt.

Et, ayant décidément mauvais esprit, je crains de retrouver très vite des dispositions m’inclinant à poser un regard critique sur ce qui m’entoure.

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© Guy Millière pour www.Dreuz.info

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